1952 9 juin... faire "briquet" avec s'in père

De Wikicitoyenlievin.

16h30 un samedi de juin 1952… La cloche de l’école du 3 de Lens vient de sonner et toutes les classes sortent. Il n’y a pas d’étude le samedi.

Des groupes se répartissent le terre-plein devant le portail et les parties de billes peuvent commencer.

Les « paquets » explosés rapportent des poches de billes aux gagnants. 10 mn, 1 quart d’heure plus tard, résistent un ou deux groupes…

Puis c’est le départ triomphal des derniers gagnants. La place se vide…et j’attendais ce moment.


                                         Fichier:fosse Saint Amé.jpg   fosse Saint Amé


Je m’approche de la petite porte en fer à droite de l’entrée de la fosse Saint Amé. Je la pousse et pénètre dans la cour étrangement vide et silencieuse.

A droite la grande salle où sont payées les « quinzaines », à gauche la grosse meule et le poste de garde.

Sa porte est ouverte et seul un garde des mines relit des notes. D’un coup de tête, il me fait signe d’approcher.

Je lui explique me mon père est lampiste et qu’il a oublié son repas que je lui apporte. D’un autre cou de tête, sans un mot, il me fait signe que je peux y aller.

Je traverse alors la grande cour si animée à mes autres visites, et pour cause, les jours de paie.

Entre le chevalet en fer et celui en béton, l’entrée de la fosse. Une lourde porte en fer que je peine à ouvrir.

Des portes ouvertes des lavabos s’échappent encore des relents d’humidité. Le calme, l’ombre, des bruits profonds qui viennent d’on ne sait où.

Mon père est là derrière son mur grillagé. Il m’ouvre la porte et me voilà au milieu de centaines de lampes de mineurs.

Les lampes électriques à barrette, et beaucoup moins nombreuses, l’étagère des lampes à benzine.


                                               Fichier:lampisterie.jpg


Mon père me montre comment ouvrir une de ces lampes en l’approchant d’un puissant électroaimant dissimulé sous le guichet.

Il devient alors possible d’en faire tourner la tête et de l’ouvrir. Il était occupé à cette tâche à mon arrivée afin faire le plein de liquide, ou de remettre une pierre à

briquet pour l’allumage.

Tout à coup, la lourde porte d’entrée émet un bruit et un pas se fait entendre.

Mon père me pousse dans un placard et referme la porte. Je l’entends parler à son interlocuteur, mais le dialogue et étouffé et incompréhensible pour mes oreilles de gamins

de 9 ans.

Puis le silence revient, et mon père me libère : c’était le chef-porion qui avait besoin d’un renseignement.

Nous nous installons alors tout les deux auprès d’un lourd établi et sur son conseil je commence à astiquer une lampe qui brillait déjà avant mon travail, mais va savoir !

Je faisais briller les cuivres de la lampe de l’ingénieur…

Puis mon père ouvrit sa musette sortit son casse croûte : tartines au saindoux et « boutelot » de café allongé à l’eau…

Ce n’était pas vraiment du pain d’alouette car il n’était pas descendu au fond, mais c’était un régal qu’il m’arrive encore de perpétuer les soirs de fringale.

L’ingénieur n’a jamais su qu’un enfant de 9 ans avait fait briller sa lampe et fait briquet avec s’in père dans la fosse Saint d’Amé du 3 de lens.

Que de souvenirs…

À suivre