L'histoire par le trou de la serrure de 2000 à nos jours

De Wikicitoyenlievin.

                           Fichier:Ma_tête.jpg     Vous pouvez me joindre au mail suivant :     lelievinois@gmail.com



                                     2006 Jeudi 10 août : Traversée en solitaire


Cela devait être un voyage ordinaire.

Mon épouse et moi devions aller à Chicago pour le mariage de notre fille.

Hélas, le décès de ma maman la veille de notre départ change tous nos plans.

Afin de ne nous partager les cérémonies, nous convenons qu’elle partirait seule et que je remonterais dans le pas de Calais pour les obsèques.

Jeudi trois août, quatre heures du matin, nous partons pour l’aéroport de Marseille Marignane, puis, seul, je file vers Liévin .

Quatre août : les obsèques. ..

Samedi, je rejoins ma maison en Provence. J’ai pu obtenir un nouveau billet pour le jeudi dix août.

Pour ce voyage, une escale est prévue à Amsterdam. Mon épouse m’avait indiqué le trajet dans cet aéroport car le temps pour ce changement d’avion était relativement court.

Me voilà au-dessus de l’Atlantique à côté de la porte de sortie. Si cette place est bonne pour pouvoir allonger ses jambes elle est glaciale car la porte est mal isolée.

Aéroport de Chicago, la sortie de l’avion et la ruée habituelle des passagers avec un seul bagage à main et qui sont attendus.

Mes cours d'anglais « méthode assimil » avec son tourne-disque à aiguille du collège Descartes ne m'avaient pas laissé un accent du grand ouest américain.

Je suivais donc pour observer les autres passagers et les imiter.


                                                    Fichier:tourne-disque.jpg


Me voilà dernier de la file à la douane.

Aie, une policière apercevant mon passeport européen me conduit à un poste absolument libre.

L’officiel me tamponne mes papiers sans un mot, sans rien me demander comme à son habitude ( combien de jours le voyage ? chez qui ? Combien avez-vous d’argent ?…).

Bizarre !

Je me retrouve devant le tapis tournant qui m’apporte ma valise. Je suis seul dans ce hall avec quelques policiers qui discutent…


                                                     Fichier:O_HARE.jpg
  

Tout le monde est bloqué au contrôle précédent…

Bizarre !

Les douaniers jettent un regard rapide à ma valise fermée et me font signe de passer…

Bizarre !

Je n’ai jamais été aussi vite à faire les démarches aéroportuaires… Et toujours seul !

Bizarre !

Avec mon caddy je pousse la porte à battants de la sortie et voilà une volée de flashs des appareils photos et des caméras de télévision ( même la CNN) qui m’aveugle.

J’entends crier des personnes que je ne peux pas voir sous les lumières et que d’ailleurs je ne comprends pas !

Certaines sont montées sur des escabeaux pour mieux réussir leurs photos…

J’aperçois alors ma fille qui leur crie de la laisser passer et que je suis « insensible » à toutes leurs questions…

Que je suis « french » et ne parle que le « french ».

Les flashs cessent et je peux enfin lui demander , car je ne suis pas l’acteur à la mode, que se passe-t-il ?

Ma femme et ma fille qui avaient préparé une pile de livres sous le bras pour une longue attente prévue, m’annoncent que tous les vols d’avions dans le monde sont

suspendus après des menaces d’attentats.

Mon avion avait été très surveillé et le seul dans les airs durant toute la journée.

Les journalistes voulaient savoir si nous avions été mis au courant de la situation durant le voyage ?

Je peux dire que NON, et que cela valait peut-être mieux. Je n’ose imaginer ce vol autrement…

Ce n'était pas du cinéma quand on a vu le 11 septembre comme je l'ai vu en direct.

Ma télé était branchée sur BLOOMBERG, la chaîne boursière, qui faisait l'ouverture de New York.

Derrière la présentatrice, un panorama sur les 2 tours.


                                             Fichier:présentatrice.jpg


Une tour explose, la présentatrice continue durant une dizaine de secondes, puis se retourne effarée, et la chaîne interrompt son émission...

C'était le 11 septembre 2001...


                                               Fichier:tours.jpg

Quant à ma photo, elle n’est passée nulle part !



                                       2011.11.01 La TOUSSAINT et la "Grande Guerre" 



Nos retours dans le « nord » passent obligatoirement par une visite à nos cimetières de Liévin sud et d ' Hersin- Coupigny.

Le nettoyage de nos tombes nous semble essentiel. Ce n’est qu’un juste moment de souvenir à nos proches.

Mais, il faut bien le dire, mon épouse ne peut aller en vacances ou en voyage sans visiter le cimetière du coin.

Elle pourra vous dire que les allemands mettent des petites bougies allumées… Que les italiens ont remplacé les bougies par des petites ampoules, qu’en Turquie l’on peut

voir des tombes parsemées au milieu des champs et qu’aux USA les voitures sont les bienvenues …

Je n’ai donc pu échapper à la visite du petit cimetière de Saint Gervais dans le Gard.

En attente d’ un rendez-vous, la visite de ce petit coin de recueillement m’a semblé par ce matin d’automne provençal « un pur moment de réflexion » !

Le calme, la sérénité des lieux, la reprise en main de la nature n’étaient que des étincelles de retour sur soi.

L’odeur du buis mouillé et du romarin ne pouvait échapper à notre odorat. Mais un détail me ramena à la réalité.

Le monument aux morts de la grande guerre « n’avait que deux noms », deux de trop !


                                                          Fichier:Monument.jpgSaint Gervais GARD


Mon esprit en un instant me ramena en 1917, le Chemin des Dames, Verdun, la boucherie, l’héroïsme de nos soldats… La mort de Richard CASTELAIN, le premier mari de ma grand-

mère.

Mes tantes Marie et Julia qui avaient fait le voyage de Verdun pour se recueillir sur la tombe de leur père étaient tombées des nues lorsqu’elles découvrirent qu’ "on

l’avait oublié" sur le mur du souvenir dans la mairie de Liévin.

Après , démarches, certificat de décès, attestations et paperasserie , son nom fut rajouté à la liste.

Ne vous demandez plus pourquoi CASTELAIN Richard se trouve maintenant le dernier de liste , tout en bas , à droite en bas des escaliers de la mairie.

Peu importe l’ordre alphabétique, il ne faisait pas bon y être en ces jours là.

Avons-nous encore conscience de ce que NOUS LEUR DEVONS ?




                                                       2012 De nos jours




Le tracteur avance régulièrement soulevant avec sa herse un nuage de poussière que le mistral balaie sur des centaines de mètres. Fin...

Cela pourrait le début ou la fin de l'histoire vraie que je vais vous conter.

1992, je viens d'acheter un terrain pour y bâtir une maison pour ma retraite, au soleil, au chant des cigales et au ciel bleu toute l'année (où presque...).

Ce jour- là, j'aperçois, derrière une petite parcelle de vignes, un paysan sur son tracteur sortant parfois d'un nuage de poussière pour y replonger aussitôt.

1995, une mutation me rapproche et je revois ce même tracteur, cette même poussière.

1996, je rentre dans la maison que j'ai fait construire et je fais connaissance de mon voisin, le propriétaire de la vigne.

Lors de nos discussions, il prend un plaisir évident à m'initier aux cultures locales : la vigne et les « pieds mères ».

Il viendra lui-même me planter deux pieds de raisin muscat qui ravivent nos papilles début septembre.

Je saluais régulièrement mes deux voisins. Celui du sud , le bavard, et ses muscats, et celui du nord et son tracteur poussiéreux.

Ils habitent l'un et l'autre à cent cinquante mètres de chez moi.

Un matin où je discutais avec le « sudiste », mon voisin nordiste arriva sur son tracteur dans le petit chemin.

Leurs regards ne se croisèrent pas et mon « bonjour » restera sans réponse... et le restera jusqu'à ce jour.

Ils devaient avoir un problème que je ne pouvais pas comprendre, j'étais « l'étranger ».Les années passèrent avec le manège habituel.

Voulant nous insérer dans notre village, avec mon épouse, nous nous impliquâmes dans un jumelage qui venait de prendre forme avec un village italien.

Dans l'autobus qui nous emmenait pour la première fois en Italie, je fis connaissance de villageois contents de nous faire participer à leur savoir sur notre bourg.

« -Ah, vous habitez à la sortie du village. Vous avez deux voisins... »

Naïvement je fis cette réflexion qui allait déclencher un éclat de rire général.


                                         Fichier:voisin.jpg  même les jours sans mistral...


« -Je ne sais pas ce qui se passe, mais j'en ai un qui herse sans cesse son champ, et qui ne sème jamais rien... »

-Eh, peuchère, chaque jour de mistral il emmerde son voisin.

-C'est le mistral qui le rend fou ?

-Eh, non, mais ça emmerde Jean Paul, car sa femme ne peut pas pendre son linge dans son jardin avec la poussière !

-Mais, il fait ça depuis combien de temps ?

-Oh, depuis les années 51, 52... »

Et voilà la réponse. Depuis 1951, chaque jour de mistral, mon voisin du nord herse son champ de trois hectares pour faire de la poussière !

Quelle peut être la cause d'une telle rancune ? Eh bien, en 1950, leurs parents ont procédé à des échanges de terre à l'occasion des remembrements, et mon voisin du nord a

prétendu être perdant de trois cents mètres carrés.

En 2006, quatre sociétés de géomètres viendront la même semaine se livrer à des mesures en tous genres. En 2009, le tribunal de Carpentras donnait raison à mon voisin du

sud après trente ans de procédures.

Le tracteur avance régulièrement soulevant avec sa herse un nuage de poussière que le mistral balaie sur des centaines de mètres. Fin...




                                          2012.11.13  Balade à Menin 




Midi, nous voilà à MENIN à la frontière belge devant le restaurant « La Palma » où nous avons déjà déjeuné des dizaines de fois.

Surprise, l'officine est devenue un débit de tabac !!! Nous regardons les vitrines à gauche, puis nous décidons d'aller dans l’échoppe de chaussures qui se trouve à

l'arrière.

Pourquoi pas ? Et nous entamons le tour vers la droite de la boutique.


                                              Fichier:palma.jpg


Au coin , je m'écarte pour laisser une place à ma femme à côté de moi, et lui jette un regard pour voir...où plutôt pour ne rien voir.

Mes yeux se baissent et Mamie est à plat ventre...et Mamie s'enfonce, s'enfonce, s'enfonce.

Elle se débat, se débat, j'essaie de l'aider, je ne sais par quel bout la prendre, Mamie est en train de « couler dans une coulée de béton ».

Les genoux, puis les poches  de son jean disparaissent dans la masse collante. Son sac à main commence à disparaître.

Mamie lutte pour se sortir de l'emprise mais chaque mouvement l'enfonce davantage. J'essaie de la tirer par un bras, son imper glisse et s'enfonce lui aussi.

Puis après une minute de gesticulation dans tous les sens, Mamie parvient à mettre un genou sur le bord de cet enfer.

La masse gluante ne lâche pas si aisément sa proie. Impossible de sortir le deuxième pied...trop lourd. Elle tire, je tire, elle retire, je retire...

Enfin, le deuxième pied sort de la gadoue. Elle se relève, hagarde, la bouche ouverte, à bout de souffle.

Je la regarde...sans un mot, le cerveau niveau zéro. Mamie secoue une jambe, un demi seau de béton s'étale à ses pieds.

Le deuxième pied, et voilà un seau tout frais. 

« -Mais, j'peux plus aller à Menin ! ...»

Je pars furieux à « La Palma » pour les avertir que les travaux ne sont pas signalés et que Mamie n'est plus présentable !

La langue française semble inconnue, et les commentaires en « néerlandais », langue officielle de ces chers cousins vont bon train.

Après quelques dizaines de secondes , le patron se décide à faire une sortie.

« -Vous pouviez pas passer à côté ? »

Mamie, le regard toujours hagard n'a pas encore repris ses esprits. Le patron décide de mettre un cône pour signaler les travaux.

Je refais le tour du bâtiment pour trouver le responsable de l'entreprise. Personne ne comprend la langue de Molière. 

Enfin,5mn plus tard, le businessman de l'endroit propose à maman de se nettoyer dans ses WC, puis, de lui payer un nouveau pantalon dans l’échoppe de l'autre côté de la

rue.

La caissière de GEMO,(en France),aidée de sa vendeuse, me laisseront choisir un pantalon que Mamie enfilera dans les WC de « La Palma »puis de l'échanger par la suite.

Maman fera donc sa toilette avec du papier hygiénique, sans aucune aide du marchand de cigarettes.(serviette, gant de toilette et savon semblent inconnus dans ce beau

pays...)

Puis les jambes de pantalon retroussées, pour ne pas le salir, les pieds dans des chaussures « bétonnées », nous traverserons la rue pour l'échange.

Mamie ajoutera une paire de mi-bas et une paire de chaussures à 27 € ...

De retour à La Palma...catastrophe !

« - Je paie le pantalon mais pas les chaussettes et les chaussures... »   Palabre, incompréhension.

Nous décidons de faire intervenir la police. 10 mn, 20 mn d'attente. 

Je photographie les lieux. Un ouvrier s'approche et me demande en français de ne pas photographier.


                                   Fichier:béton.jpg   ouvrier devenu francophone et signalisation "activée"           


«  Mais, vous parler le français maintenant !!! »   La police arrive enfin et un long dialogue en langue autochtone commence entre les deux représentants de la loi , le patron et "l' ouvrier devenu francophone" !   Nos explications semblent tout à fait superflues et non avenues.

« -Monsieur, je ne comprends pas ce que vous dites, ne pouvez-vous pas parler français ?

-Mais, nous sommes en Flandres ici Madame! »

Re-palabre, puis le « chef policier » nous demande alors: "Si nous acceptons le montant de votre facture  de chez GEMO est-ce que vous ne porterez pas plainte par la suite?"

Re-re-palabre, enfin, la facture de 47€50 est réglée aux centimes...   Les travaux sont maintenant bien signalés, et les français peuvent maintenant y acheter leurs cigarettes.

Il y a sûrement des commerçants plus sympas en Belgique «  une fois, fieux ».



La lecture de ce récit par les gestionnaires de "l'échoppe" belge provoquera la réponse que je transcris dans son intégralité...


[[Fichier:Fichier:Lapalma.jpg]]


'Cher Monsieur,

Cher Madame,

Je viens de lire votre histoire et je voulais encore vous dire quelque chose sur notre malheureuse rencontre.

J'avoue que le signalement n'était pas parfait et que cet très embêtant ce qui s’est passé!

Les ouvriers n'avaient pas encore eu le temps de mettre les signalements en place vue que le béton venait d'être coulé.

Comme responsable j'ai essayé de vous aider en constatant les dégâts sur vos vêtements parce que comme vous dites la dame avait besoin d'aide.

Mais veuillez m'excuser car on n'avait pas les moyens pour que madame puisse se laver comme il faut.

Une des étudiantes a quand même volontairement aidé madame à nettoyer ses vêtements dans les toilettes.

J'ai tout de suite proposé de chercher un nouveau pantalon à Gemo pour aider la dame.

Mais au moment où on a proposé d'appeler la police je devais laisser le dernier mot aux ouvriers.

Vous étiez a côté de moi quand j'ai appelé leur patron pour expliquer la situation, et avec son accord j'ai payé la facture entière du Gemo car autrement il devait payer la

franchise de son assurance.

Les policiers l’ont également conseillé car sinon il devaient établir un PV.

De nouveau cher monsieur et madame mes excuses pour notre mauvaise rencontre. On est aussi navré que ça se soit passé de la sorte.

J'espère que vous pouvez comprendre aussi notre position comme on a essayé d’être l’intermédiaire entre vous et les ouvriers.   Sincèrement '




                                                    2014 BONNE SANTE



Chaque année, début novembre, je reçois de la municipalité une invitation pour la « réception des aînés »(des vieux, en somme).

Mon épouse, à chaque fois, me dit la même chose :«  Tu devrais y aller, tu ferais des connaissances, ça te sortirait... »

Et je lui rétorque immanquablement la même réponse:

« Quand la municipalité m'invitera pour faire parti du comité de sélection de la miss du village : OK »

Je n'aime pas les vieux !

Vous discutez avec des « jeunes », ils vous parlent de leurs études, de leurs envies, de leur futur travail, de leurs voyages, de leurs copains ou copines, de leurs

chanteurs ...

Vous discutez avec « un vieux », il vous parle de son diabète, de son cholestérol de son hypertension, de ses rhumatismes... j'en passe et des meilleurs.

Et à chaque fois je lui dis : « Si je raconte ma vie...on y passe la nuit ! »

Car, je pourrais être un cas d'école. oh ! sans gloire, avec beaucoup de souffrance.

Je me fais un malin plaisir à faire le vieux et à savourer par avance le récit de mes maladies...

Accrochez-vous !

Tout jeune « bébé » ma mère me tient dans ses bras dans le jardin de ma grand mère, rue « Jules Guesde » quand les anglais bombardent la gare de LENS le 16 juin 1944.

Elle voyait les bombes tomber au dessus de sa tête pour finir sur la gare.

Pris de panique, elle m'écrasait dans ses bras, et je ne dus mon salut qu'à la présence d'esprit de ma grand mère qui lui mit une paire de gifles et m'arracha de

l'étreinte.

Puis, à dix huit mois, je me suis mis à tousser pour ma coqueluche.

A quatre ans, on découvre que j'ai une décalcification des os.

On me donne comme traitement des séances de rayons ultraviolets.

Mon père demande alors à travailler au poste du matin, pour pouvoir me conduire deux fois par semaine au centre médical route de Béthune à Lens.

Il venait me chercher l'après midi à l'école, et nous partions tous les deux sur son vélo. Il avait posé sur le cadre une petite selle et deux repose-pieds sur la fourche

avant.

Je sens encore son souffle dans mon cou, quand il fallait grimper, au retour, la côte pour arriver au carrefour « Plumecocq ».

Ces visites ,chaque fois plus longue ( de 5 mn à 45 mn),avaient toujours le même rituel : tout nu sur un lit de mousse, sur le ventre, sur le dos, une paire de lunettes de

plongée, et une minuterie qui n'avançait pas...

A partir de quinze minutes, les retours à la maison s'annoncèrent plus délicats.

Je brûlais, je pelais...et le talc n'avait qu'un effet « placebo ».

Mais, j'étais bronzé... plutôt rouge fraise!

A cinq ans, ma mère m'emmèna voir une cousine Valentine L., encore rue Jules Guesde, près de la barrière du seize.

Elle habitait un baraquement avec sa famille. Elle avait seize enfants , sans compter les fausses couches...

En arrivant, et après les nombreux baisers, ma mère dit à Valentine : «  Tu as un enfant derrière la cuisinière ! »

« -Oui, il a toujours froid et y veut plus sortir !!! »

Il mourra de tuberculose quelques mois plus tard...en me refilant sa maladie.

Un autre de ses enfants, lui aussi atteint, ira à Helfaut , et s'en sortira.

Ma grand mère décida que la famille s'occuperait seule de mes taches au poumon.

Régime, régime, Régime...

1949 ...viande midi et soir.

Chaque mercredi j'avais droit à un steak haché de cheval arrosé d'une louche de soupe au lard bouillante pour toute cuisson.

Mais, chaque jour, à midi, avant le repas, un jaune d’œuf battu dans un verre de vin Monbazillac devait me remonter.

Je repartais à l'école à demi ivre.

J'ai dû manquer très peu l'école...et contaminer quelques copains !

A six ans, le Docteur B du trois de Lens avait beau me gratter la plante des pieds avec une plume d'écolier, je ne ressentais rien : j'avais une méningite.

Régime, régime, régime...

cette fois, à base de poisson, bon pour le cerveau suivant la coutume.

Chez ma tante, les soles et les carrelets , chez ma grand mère le cabillaud, et à la maison les harengs et les maquereaux ...l'horreur !

Six mois durant, je ne mangeais que du poisson, je ne sentais que du poisson, je vivais avec du poisson.


Puis commença la série des bronchites, des congestions.

Chaque année, l'une et l'autre.

Je vous fais grâce des « enveloppements » et des cataplasmes qui rythmèrent ces hivers.


                                               Fichier:cataplasme.jpg


Tous ces « régimes » avaient fini par me détraquer le foie.

Un jour, mon père fut convoquer par mon instituteur pour lui signaler que j'avais vomi une dizaine de fois dans l'après midi. Que j'avais laissé la classe, les escaliers,

la salle de sport, la cour et les WC dans un triste état.


                                               Fichier:1953_photo_classe_.jpg


Comme d'habitude, on trouva la solution.

Ce problème, arriva aux oreilles de notre marchand de beurre ambulant ce qui amena celui-ci à proposer ses services.

Il était radiesthésiste et annonça venir la semaine suivante avec son pendule.


                                                    Fichier:pendule.jpg


Je me retrouvai donc debout entre ses jambes avec un « truc » à ficelle qui voyageait de droite à gauche devant mon estomac.

Le résultat ne se fit pas attendre : je relâchai une puissante et continue gerbe de vomi à plus de deux mètres.

Ma mère fondit en excuses, mais ce n'était que flatter le savoir-faire de notre guérisseur.

« - Voilà, c'est fait, j'ai « purgé sa bile !? »

Quelques grippes, comme de tout à chacun, et pour mes dix huit ans commença ma lucite polymorphe. Maladie incurable qui vous éloigne définitivement du soleil.

Un séjour au CHU de Lille calculera le temps que je mets pour le premier coup de soleil : 7 secondes ! Qui dit mieux ?

Imaginez qu'en ouvrant vos volets le matin, vous seriez déjà brûlé.

Maintenant commence le meilleur.

1962-1990 : huit pneumonies : Une tous les 3 ou 4 ans !

Sachant que la pneumonie est la première cause de décès aux USA, on peut s'inquiéter.

La dernière mérite qu'on s'y attarde.

Ce matin là, mes élèves venaient de prendre place, et la porte de communication entre les classes s'ouvrit pour laisser entrer ma collègue qui m'apportait la fiche qui

comptabilisait les demi-pensionnaires.

Fait inhabituel, car d'habitude c'était un élève de service qui s'en chargeait.

Ma collègue me regarda et me dit : « -ça va, vous avez l'air tout drôle. Vous avez encore fait la fête hier ? »

Et elle me mit la main sur le front... « Mais vous brûlez, vous êtes malade ? Il faut rentrer chez vous, on va s'occuper de vos élèves... »

« Oui, c'est vrai, je vois ma classe qui balance sans arrêt. »

Ce geste inhabituel de ma collègue m'avait peut-être sauvé la vie.

Je rangeai mon cartable, je signalai mon départ à la directrice et je rentrai.

Je téléphonai à mon médecin qui s'étonna de mon coup de fil. Il m'avait aperçu de loin le matin...j'avais sa fille en classe. « -J'arrive me dit-il »

9h15, il m’ausculte, me regarde et dit : « -Il va falloir faire des radios » . Puis se retournant, il aperçoit mon téléphone, le décroche et appelle le cabinet radiologique

rue Lamendin.

« -10h ? c'est parfait ! » Il m' avait obtenu un rendez-vous en moins de 30 mn.

10h15, mes radios terminées, le radiologue me prend dans son bureau pour me dire de voir un spécialiste.

Lui aussi, à son tour, décroche son téléphone et me prend un rendez-vous chez le docteur D à Lens.

« -Pour 11 h, un signe de tête, c'est bon, je vous l'envoie".

Je rentrai chez moi, et retrouvai mon épouse qui n'avait que 2 heures de cours ce jour là et qui s'étonna de me voir rentrer du radiologue.

J'étais comptant de la voir, car la conduite de ma voiture devenait de plus en plus délicate.

Elle me conduira donc pour 11h route de Béthune.

« - On va refaire les radios pour confirmation. »

11h 15 « -Bon, je vous attends au CHU de Lens à midi ».

J'avoue que tous ces événements successifs ne m'avaient pas vraiment alerté. Je vivais dans un brouillard qui s'épaississait.

12 h, Le docteur D. vint me chercher dans la salle d'attente et me conduisit dans un petit cabinet où je fus rejoint par un chirurgien tout de vert vêtu, le masque sous le

menton.

« -Ouvrez la bouche, tirez la langue. » Il me pulvérisa un produit et me dit de patienter quelques minutes durant l'anesthésie.

Le docteur D. me proposa alors de le suivre dans une salle et me fit asseoir les bras croisés sur une grande table de bois.

Il demanda à deux de ses collègues de le rejoindre par les communications intérieures. Ils étaient trois devant moi et une infirmière qui préparait l'intervention.

Il me bloqua la bouche grande ouverte avec une cale. Un petit tube commença alors à s'enfoncer dans ma gorge, puis... plus rien, l'anesthésie avait fait son effet.

Le tube s'enfonçait. D'un coup d’œil dans l’œilleton, le docteur D. guidait la descente.

C'est alors que l'infirmière adapta une bouteille de sérum physiologique. Elle tourna le robinet et ...rien, je ne ressentais rien.

Le liquide s'écoulait, devait me noyer, et je ne ressentais rien ! Savoir que l'on a 1 litre de liquide dans les poumons laisse une interrogation . Est-ce pareil quand on

se noie?

Puis le liquide fut aspiré avec tout un monde coloré et grouillant. Je retrouvais ma voix mais pas la parole.

Le docteur D. m'annonça alors : « Vous n'avez pas de cancer, vous avez une bonne pneumonie et on vient de vous « laver » , « nettoyer » votre poumon.

Il faudra vous faire vacciner …Votre médecin ne pouvait rien entendre, vous aviez un lobe de poumon bloqué...»

Cinquante ans, je testerai l'opération des hernies en micro chirurgie à l'hôpital de Bully les Mines. Rentré le lundi, j'en ressortis le vendredi avec 3 points de suture

et une feuille de plastique dans le ventre.

Vous comprenez mieux maintenant qu'entendre dire par la petite vieille du coin :

« Demandez à votre docteur les pilules Machin, elles sont meilleures que les Truc pour les varices » me laisse une envie de lui marcher sur les pieds pour l'entendre

crier !!!

Si vous me demandez des nouvelles de ma santé, je vous dirais : «  18 de tension, je m'inquiéterai quand elle fera zéro ! »


Allez...BONNE SANTE... BONNE ANNEE...

À suivre