L'histoire par le trou de la serrure de 1960 à 1979

De Wikicitoyenlievin.

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                                            ''''''1977 La soirée extraordinaire.''''''
 
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Nous avions coutume, avec mon épouse, de passer dire un petit bonsoir à la tante Elisabeth L.
 
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Elle avait tenu un café aux « Marionnettes » rue de Cracovie : « Le Rendez-Vous des Chasseurs » ( et quels chasseurs !)
 
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Mais elle tenait maintenant la guinguette de Vimy, rue Sadi Carnot.
 
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En cet fin d’après midi ,  nous constations qu’elle avait un problème.
 
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Depuis plusieurs années elle avait comme pensionnaire Martin K.. Il avait appris le matin le décès de sa sœur.
 
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Tante Elisabeth, occupée par des ouvriers qui faisaient de menus travaux, ne pouvait pas conduire Martin revoir sa sœur avant la mise en bière.
 
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Elle me demanda donc si je ne pouvais pas la remplacer.
 
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Et nous voilà parti, Martin et moi, pour la cité du Tonkin à Meurchin.
 
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                                                [[Fichier:Martin.jpg]]    Martin à gauche
 
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Ce service ne me plaisait pas beaucoup, n’ayant jamais vu de mort à ce jour…Mais…
 
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Une femme blonde en pull blanc et jeans, aussi moulant l’un que l’autre, nous ouvrit et accueillit.
 
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C’était une nièce de  Martin,  une fille de la morte. Après l’accolade sur le pas de la porte, nous entrâmes.
 
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Dans la salle de séjour, la morte était allongée sur le divan, en chemise de nuit , pantoufles aux pieds, un mouchoir sur le visage,  un chapelet entre les mains jointes…
 
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Martin se mit à genou, enleva le mouchoir et embrassa sa sœur avec tout l’enthousiasme de ceux qui ont vécu durement dans la cité des Garennes à Liévin et que la mort ne semble pas pouvoir séparer.
 
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Plusieurs minutes d’émotion et de larmes.
 
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Puis chacun s’assit autour de la table de la salle à manger et la nièce nous versa un verre qui viendrait compléter la vaisselle déjà sale.
 
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3 ou 4 litres de vin vides, et une dizaine de canettes tenaient compagnie à quelques petites assiettes qui avaient dû contenir des biscuits.
 
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Martin demanda les nouvelles de circonstances : comment, quand, a-t-elle souffert ?
 
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Puis vinrent les questions plus inattendues : depuis quand es-tu sortie de prison ?
 
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(Elle avait tué son mari d’un coup de couteau,  un soir où il la battait comme à son habitude….)
 
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Mère de huit enfants, elle avait « tout » pour ne pas le faire savoir : taille, allure, silhouette.
 
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Puis des coups à la porte annoncèrent de nouvelles visites. La morte ayant de nombreux enfants, petits enfants et arrières petits enfants, nous nous retrouvâmes bientôt une bonne vingtaine, voire trente.
 
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La bière et le vin  accueillaient à chaque fois les arrivants.
 
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Martin retrouvait ainsi, des frères, des sœurs, des neveux et des nièces perdus de vue.
 
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Il  arrosait d’un verre de rouge chaque souvenir.
 
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Les tout-petits  avaient pris place à côté de « mamie » sur le canapé. Ils  comptaient les perles du chapelet, lui faisaient des baisers, lui caressaient les mains.
 
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'''Elle n’était plus morte, elle dormait au milieu de sa famille.'''
 
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Puis la mémoire polonaise reprenant le dessus, Martin se risqua à fredonner faiblement une chanson de leur jeunesse.
 
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Ecouté avec émotion, il arracha des uns et des autres quelques mots de leur chanson.
 
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Puis, le murmure pris de l’assurance, et les chansons de leur folklore bercèrent « la Mamie endormie ».
 
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De la jeunesse on passa tout naturellement à l’adolescence, aux bals, aux chansons qui font l’âme polonaise.
 
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Martin, debout, retrouvant sa jeunesse, emmena sa nièce dans quelques pas de danse dans les accents des chants slaves.
 
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'''Seuls les petits enfants « s’occupaient » encore de leur Mamie.'''
 
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Les adultes, sautant d’une  d’anecdote à l’autre, d’un souvenir à un problème du lendemain, enfumaient tant la pièce que l’ambiance devenait londonienne par jour de brouillard.
 
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Il fallait maintenant se quitter et rentrer à Vimy…Puis, ayant déposé Martin qui avait déjà commencé sa nuit durant le retour, avec mon épouse et les enfants, nous rentrâmes à Liévin en passant par le monument canadien.
 
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Dans les phares de la 2 CV galopaient des dizaines de lapins…mais ''nul « képis » ouf !!!''
 
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Seul, le cinéaste espagnol Luis Bunel aurait pu imaginer et réaliser le film de cette soirée.
 
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Paix éternelle à Mamie…
 

Version du 1 avril 2015 à 17:39

                         Fichier:Ma_tête.jpg  Vous pouvez me joindre au mail suivant :         lelievinois@gmail.com 







          ' Épisode n° 8       Le truc de Mamie


1977 Le Directeur Général des télécommunications, M. THERY, propose au gouvernement un grand plan de développement : « le téléphone pour tous. »

Auparavant il fallait s'armer de patience et attendre des mois voire des années pour obtenir le précieux appareil.

Ce plan ramène les délais à moins de 6 mois. Je pose donc une demande et vois arriver les deux installateurs 4 mois plus tard.


                                  Fichier:Téléphone.jpg      Ne vous moquez pas !


J'avais prévu une gaine enterrée du pylône sur la rue au domicile sur environ 45 mètres.

Pendant que le premier perce un mur du couloir pour mettre une prise, le second déroule une bobine de fil sur la rue et accroche une extrémité à mon « tire-fil ».

Mes deux techniciens entreprennent maintenant de tirer le câble.

Celui-ci avance de 4 ou 5 mètres puis résiste...

Mon costaud dans le couloir y met toutes ses forces et...casse mon tire-fil qu'il sort intégralement.

Je le regarde bouche ouverte.

Avec un naturel à vous ouvrir une boîte de thon, d'un sourire il me dit :

« - Vous repassez un tire-fil plus fort et vous nous rappelez !... »

Sous terre, 45 mètres, 2 coudes à angle droit ,qui peut passer un fil ?

Je m'assois, abasourdi par le travail que j'entrevois.

C'est à cette instant que ma mère, qui buvait une tasse de café dans la salle de séjour, me dit d'un air finaud : « c'est pas difficile !!! »

Je l'aurais avalée tout cru.

Elle insiste et dit à mon épouse :

« -Donnez moi une bobine de fil.


                                            Fichier:Bouchon.jpg


Comment tu vas faire passer le fil dans la gaine... ( Les mots qui me viennent à la bouche ne peuvent pas être entendus par les enfants.)

Découpe un bout de bouchon et fixe le au fil...

Après tu le fais descendre dans la gaine et tu le pousses avec un jet d'eau...

l'eau va entraîner le bouchon qui tirera le fil et tu vas le récupérer à l'autre extrémité.

Après tu tires un autre fil plus costaud... jusqu'à un fil de fer !!!

CQFD

15 minutes plus tard, un nouveau tire-fil était utilisable.

Je me demande si j'ai hérité de ce savoir faire...

À suivre