L'histoire par le trou de la serrure de 1960 à 1979

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'''                                    1967  Une expérience surnaturelle'''
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Juillet, nous partons en vacances dans la Loire.
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Ce fut la seule fois où  nous dormirons tous les quatre sous la tente : ma mère, mon frère, moi et mon chat.
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De par son handicap physique avec sa prothèse de jambe, la chef de famille avait droit à un lit pliable.
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Les trois autres occupaient la deuxième chambre avec les bagages. Ainsi organisés et équipés, nous avions décidé de faire un maximum de châteaux.
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La dedeuche avec sa galerie surchargée nous laissait le temps d'admirer les paysages.
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Orléans, beaugency, Blois, Chambord,  Chenonceau, Montsoreau, Chinon, Saumur, Sully sur Loire, tous plus beaux les uns que les autres.
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Cependant deux mérites une étoile supplémentaire : Talcy pour y avoir vu  séjourner Ronsard, Aggripa d'Aubigné ...qui ont pu s'inspirer du puits fleuri et le château de
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Ménars … Une pure merveille, hélas maintenant fermée au public.
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Nous avions passé quinze jours à Beaugency puis nous étions descendus à Montsoreau.
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Nos petits transistors n'avaient qu'un seul thème de réflexion : « De Gaulle avait-il eu raison ou tort de crier : Vive le Québec libre ? »
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La saison était belle, la pêche dans la Loire dépendait ...du pêcheur !
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Nous avions monté notre tente entre quatre gros platanes qui délimitaient notre emplacement.
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Aidés de leur fils un couple d'un certain âge  s'installa devant nous trois jours plus tard.
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Nous fîmes leur connaissance dans les minutes qui suivirent. Ils venaient de l'Île Bouchard à une trentaine de kilomètres.
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Leur fils maréchal ferrant à Turquant n'était qu'à cinq kilomètres.
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C'était pour eux leur façon de prendre des vacances : pas trop loin ni trop près !
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Un jour j'accompagnai Auguste, ce nouvel « ami » à rendre visite à son imposante  progéniture.
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Ce forgeron, taillé comme un haltérophile poids lourd, faisait voler son marteau ou plutôt sa masse  comme sortie d'une panoplie d'enfant. Le fer se tordait et prenait forme
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comme un spaghetti trop cuit.
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Arriva l'heure de désaltérer ce géant de baraque foraine.
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Il sortit trois verres et empoigna un litre de blanc de son voisin vigneron. Cela  nous fit chacun deux rations.
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La bouteille était vide et c'était la tournée d'Auguste. Le fils refit la même démonstration et envoya dans un coin ce récipient déjà vide qui retrouva bon nombre de ses
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congénères.
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Une sonnette au coin de la forge annonça l'arrivée du facteur et de la troisième bouteille partagée cette fois en quatre.
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Puis vint l'heure du retour. La dedeuche avait retenu le trajet. Je me souviens être sorti des toilettes du camping en fin d'après midi...
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Mon foie ne me permit pas une deuxième sortie avec Auguste.
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Marie, son épouse, poids lourd s'il en est, était une bavarde intarissable.
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https://www.youtube.com/watch?v=u0H2gVZzdqU
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Elle parlait de sa famille , de son village, de ses vacances précédentes.
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Elle réussit à persuader ma maman de passer quelques jours dans le camping de l'Ile Bouchard.
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Elle voulait apprendre à faire « la soupe au lard » comme dans le nord.
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C'est sur sa terrasse sous une vigne aux belles grappes dorées que nous  dégusterons ce plat d'hiver...
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Nous passions des journées tranquilles de repos entrecoupées de repas toujours pantagruéliques.
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Les cochonnailles accompagnaient tous les légumes du jardin d'Auguste .
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Parfois un visiteur sonnait et Marie s'isolait avec un quart d'heure.
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Elle nous laissa entendre qu'elle était guérisseuse et aussi parfois diseuse de bonne aventure...
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Un jour, elle me demanda de lui faire une course chez son fils qui avait reçu un courrier d'un notaire, et qu'elle devait donner son avis.
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Je partis donc un beau matin ensoleillé avec ses bancs de brume qui encensaient la Vienne.
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Puis arrivé sur la route de Chinon, mes mains se mirent à brûler et à vibrer sur mon volant.
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Mon pied sur l'accélérateur devint incontrôlable, à sautiller sans raison.
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Je me mis à transpirer et à avoir la gorge sèche .
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Mes yeux s'embuaient et troublaient ma vision.
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Je freinai comme je le pus et arrêtai ma 2cv sur le bas côté.
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Je sortis pour prendre un peu d'air frais et calmer mes membres qui voulaient se dérober.
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Quatre à cinq minutes plus tard, tout mon corps semblait être redevenu normal.
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Je me posais un tas de questions .
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Est-ce que je couvais une maladie ?
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Aucun excès les jours précédents (…) ne pouvaient me mettre dans cet état.
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La fin du voyage se fit normalement et sans nouvelles indispositions.
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De retour Chez Marie J. , celle-ci me dit avec un sourire « entendu » en regardant ma mère :
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« le voyage s'est bien passé ? Tu n'as pas eu de problème ? »
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Puis s'adressant à ma mère, elle ajouta : « Il ne dira rien, il est bien trop fier, mais il a eu chaud... »
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Marie J. côtoyait aussi la magie noire et ses interventions auprès des fermiers des environs étaient recherchées. La mare au diable n'est pas si loin !
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Marie J. se tua en tombant des marches de l'église le jour  où son petit fils faisait sa communion...
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                                                      '''1970 récits de guerre'''
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                                                    '''1914 La Guerre de ma grand-mère.'''
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Chaque fois que mes tantes Marie et Julia se retrouvaient chez ma grand-mère, immanquablement les souvenirs de 1914 étaient remués.
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Ce printemps là, elles habitaient rue Jules Guesde, près de la barrière du 16 à l'emplacement du local « PACTE...Pour Agir Contre Toute Exclusion », anciennement une petite
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supérette.
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A l'époque ma grand-mère y tenait un café avec son mari Richard Castelain qui travaillait également à la mine.
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A la déclaration de guerre son époux est mobilisé et elle se retrouve seule avec ses 2 filles de 9 et 7ans.
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-« Les Uhlans arrivent, réquisitionnent le café et nous envoient dans une maison de corons des mines rue d'Alsace près de « Félicienne »( une amie) mère de 2 enfants.
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Dans cette bicoque il n'y a plus de buses au poêle à charbon.
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Je retourne à mon café, et je vois un soldat allemand sortir avec les miennes sous le bras pour sa cuisine roulante.
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Je lui reprends et l'on commence à se battre quand un officier intervient.
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Le soldat explique à son supérieur que je l'ai agressé sans raison...
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C'est à ce moment que je rectifie ses dires car je comprenais et parlais l'allemand... à la maison mon père parlait le flamand, sa langue natale.
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Il partira le lendemain matin pour le front...
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Puis un jour, nous serons pilonnés par les français.
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''On restera 8 jours, « restaplées » sans secours dans notre cave car les maisons avaient été détruites.''
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Les allemands décideront ne nous évacuer.
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Nous d'un côté et Félicienne d'un autre.
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                                                      [[Fichier:Croix_rouge.jpg]]
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On partira en train à bestiaux  pour l'Allemagne, puis la « Croix Rouge Suisse », et on sera confié à la « Croix Rouge  Française » qui nous conduira dans les Pyrénées.
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On passera par Pau, Tarbes et on finira dans un petit village.
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Logées avec les bêtes dans l'étable, nous participerons aux travaux de la ferme.
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J'aurai la fièvre typhoïde et on échappera à la grippe espagnole.
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La mère de famille d'Alsace avec nous , et qui n'avait plus de lait le matin, nous racontait qu'une couleuvre la tétait la nuit pendant son sommeil...
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Et puis en 17 j'ai reçu « la lettre ».
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Le Maire du village me l'a apportée...J'étais veuve... « Richard était mort aux chemins des dames »...
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Et puis on est rentré.
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Il n'y avait plus rien. »
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Pourquoi la maison de ma grand-mère a-t-elle été choisie ?
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Sans doute parce que la voix ferrée à 10 mètres offraient des possibilités.
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Sa cave sera le point de départ d'un tunnel qui relira le Parc de Rollencourt en passant sous les maisons de la rue G Delbecque ( tunnel qui servait encore en 1970 à la
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supérette à entreposer ses légumes)
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Les récits de ma grand-mère n'ont d'authenticité que sa mémoire...
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              '''1973 mars  "La pénétrante de Liévin'''
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Nous rentrions cette nuit-là par la forêt de Vimy avec les lièvres qui sautillaient dans les halos des phares de la « dedeuche » qui perçaient  la brume.
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La récente journée de repos scolaire du mercredi nous permettrait de récupérer sans problème.
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La sonnerie du  réveil avait était mis sur « fermer ». (Maintenant, il faudrait la mettre sur « off »...)
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Rien ne pourrait nous réveiller dans notre chalet au fond du jardin de la rue Henri Martin.
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                                        [[Fichier:pénétrante1.jpg]]  avant les travaux... les WC au fond à gauche !
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Huit heures moins le quart, les enfants dorment, je peux me retourner dans le lit et essayer de retrouver « Morphée ».
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''Ma conscience « s'inconsciente »...''
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Je me sens bercer, secouer et franchement ballotter.
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Mon chalet tremble, bouge, craque dans un bruit qui gronde .
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Toute la famille réveillée est debout dans son lit.
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Vite tout le monde dehors dans ce tremblement de terre qui enfle.
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J'ouvre la porte de la maison : il n'y a plus de marches pour sortir mais un trou béant de 40 cm de profond.
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Sur la gauche un scrapper finit d'emporter mes WC et mon mur de clôture.
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Les travaux pour creuser la pénétrante de Liévin et l'implantation de « Rond Point » venaient de commencer.
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J'enfile un pantalon et court à la rencontre du chef de chantier.
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« - Vous m'avez démoli mes WC... comment « je fais » (...)  maintenant ? »
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Réunion de chantier... décision... la municipalité va déposer un permis de construire pour des nouvelles « chiottes »
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et... on commence les travaux cet après midi !!!
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Quelques jours plus tard, j'aurai des nouveaux sanitaires...Mais pourquoi ce manque de concertation et de préparation ?
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              [[Fichier:pénétrante3.jpg]]                                  [[Fichier:pénétrante4.jpg]]  après
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                                        '''  1973 La loco vagabonde
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Ce samedi, Nadine, la cousine de mon épouse, et son mari Frédo, nous avaient invités à souper.
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Jeunes mariés, ils avaient tenu à nous montrer la maison que la SNCF réservée à ses employés.
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Située au cœur de la cité des cheminots à Méricourt, elle offrait toutes les commodités pour débuter dans la vie de famille.
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Frédo l'avait aménagée avec goût et simplicité.
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Mais le cousin était surtout fier d'avoir réussi ses examens et d' être maintenant un conducteur de train.
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Il transportait du fret dans toute la région nord.
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Après le souper, avant le petit « dernier pour la route », il nous propose de nous faire visiter son service.
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Son beau père Paul fera parti de l'expédition. Quelques courtes minutes plus tard, nous entrons dans l'immense gare de triage et de maintenance du matériel.
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Malgré les 23h30, Frédo salut quelques cheminots qui s'affairent autour et au dessous de machines impressionnantes.
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Un « oui » résonne dans ce vaste hangar pour lui confirmer qu'une locomotive électrique parquée le long d'un quai est en état et prête au service.
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Nous grimpons dans ce monstre de ferraille pour découvrir qu'un moteur dans une cage grillagée occupe presque la totalité de l'espace
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et que les « couloirs » de service sur ses côtés sont plutôt exigus.
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Il nous montre la cabine de pilotage avec son dispositif de « l'homme mort » qui arrête la locomotive dès qu'on lâche un volant double
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et tout un tableau de bord énigmatique pour les profanes que nous sommes.
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Puis, il propose de câbler notre engin au réseau électrique.
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Nous regardons monter le pantographe qui se collera à la caténaire avec un claquement sec aussi inattendu que violent.
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Puis il nous invite à monter dans une locomotive diesel.
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A notre grande stupéfaction, il met le moteur en marche, passe sa tête par la portière, donne un ordre, et un immense portail s'ouvre devant nous.
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La loco bouge lentement et s'approche de l'extérieur d'un noir d'encre si ce n'est quelques lumières rouges qui jalonnent les voies.
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Nous voilà maintenant à nous regarder tous les trois.
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Frédo jubilait...Il nous emmenait...mais où ?
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Quelques centaines de mètres plus loin, il ouvre sa portière, saute sur le remblai et court devant les feux de la loco où nous le voyons manœuvrer un aiguillage.
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Il remonte dans la loco qui avançait au pas et qui reprend un peu de vitesse.
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Plusieurs fois, il se livrera à ce genre d'exercice au cœur d'une nuit noire au milieu d'une forêt que l'on devinait impalpable.
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Nous faisions un voyage imprévu dans une locomotive inconnue sur une voie ferrée perdue...
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Quelque dizaines de minutes plus tard, le hangar apparaîtra dans notre champ de vision et nous y entrerons lentement, sagement,
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pour nous arrêter pile à l'emplacement de notre départ.
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De retour au pavillon de la cité, les femmes nous demanderons ce que nous avons fait durant « tout ce temps » ?
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'''« - On est allé faire un tour un train !!! »'''
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Aucune n' a cru à cette réponse en cœur...
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                                          ''''''Le Père Noël du 24 décembre 1974''''''
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Bélisaire et Joséphine, l’oncle et la tante de mon épouse, nous avaient invité à faire réveillon chez eux rue Théophile Gautier.
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Leur maison sentait des odeurs de fête. Dans l’arrière cuisine sur une petite table, refroidissait une tarte, et sur la cuisinière les marmites  lâchaient toutes les senteurs d’un repas qui
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s’annonçait excellent.
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Joséphine était bonne cuisinière et s’évertuait à toujours nous surprendre par des recettes dont elle était fière.
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Elle  avait demandé à Bélisaire de nous préparer son apéritif préféré :
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un « alexandra », cocktail dont elle avait sa propre recette : cognac, crème de cacao et lait condensé…
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Bélisaire s’était exécuté et avait préparé les verres sur la table de la salle à manger.
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Seule Joséphine avait remarqué qu’il y avait un verre en trop.
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Pierre et Marie , nos enfants, racontaient l’émerveillement des décorations de Noël à la tante qui les écoutait avec un petit  sourire aux coins des lèvres.
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Des coups à la porte arrêtent les conversations, et l’oncle ouvre la porte :''' LE PERE NOEL !'''
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Des yeux se font plus brillants, et notre invité surprise entre dans la salle à manger.
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« - Etes-vous sages ? travaillez-vous bien à l’école ?… » Et toutes les questions de circonstances se suivent.
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Les cadeaux, la poupée, la voiture, les bonbons…Puis le moment des adieux.
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« -Père Noël prenez-vous l’apéro avec nous ? – Non, je ne peux pas, vous savez si je commence, je ne pourrai pas terminer ma distribution…
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Mais, après tout, puisque les petits sont gentils…je vais faire une exception… »
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Et voilà notre verre supplémentaire utilisé !
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Bélisaire avait dit à Edmond, son voisin, de venir faire le Père Noël quand il aurait vu notre 2CV devant la maison.
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Puis, notre invité surprise nous souhaita un bon réveillon et repartit chez les siens…
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                                      [[Fichier:catastrophe.jpg]]
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'''A 6h17, le vendredi 27 décembre 1974, Edmond KACZMAREK, notre Père Noël nous quittait avec 41 autres mineurs dans la catastrophe minière de Saint AME…
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Adieu Père Noël'''.
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                                            ''''''1976.04.10 Boubou''''''
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Boubou pourrait faire la soirée. Lorsque j'en parle, ma femme dit : « ne l'écoutez pas, il ne va pas en finir ! »
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C'est vrai que j'avais avec Boubou un sujet plein de rebondissements.
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L'histoire commença un samedi à Carvin. Ma femme quittant son travail et traversant le marché pour reprendre sa voiture  tomba sur un étal où était vendu un petit bouc de
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six semaines... Quelle idée lui passa par la tête ? Elle acheta le petit bouc …
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Rentrant à la maison avec ma mère sur les talons, elles arboraient toutes les deux un sourire de connivence. Elles me souhaitèrent une « bonne fête de St Albert » ( en
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retard de 8 jours) et m'offrirent un grand carton qui sans tarder lança un « Béééééé » supprimant ainsi toute surprise.
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                              [[Fichier:bouc.jpg]]
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Boubou venait de faire son entrée dans la famille.
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Il fallut vite lui construire un enclos dans le fond du garage et profitera de l'implantation de « Carrefour » pour brouter les berges de la voix pénétrante de Liévin.
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Les week end, il utilisera l'arrière de ma 2CV pour aller pâturer rue Dernoncourt (Fabre d’Églantine).
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Dans cette nouvelle maison que je construisais durant mes temps libres, il occupa la salle de bain pour y passer la nuit.
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Puis arriva l'automne et « l'appel de la nature ». 
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Du haut de la rue Théophile Gautier à deux cents mètres, son odeur dénonçait sans erreur où il habitait. Cela lui vaudra d'avoir la visite de gentilles petites chèvres. L'une d'elles est à mettre de côté.
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Imaginez la petite chèvre blanche de Monsieur SEGUIN.
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Mignonne, frêle, elle était la possession d'un jeune couple de la rue WILLEMAIN. Je ne sais pourquoi ces jeunes mariés avaient décidé de la présenter à Boubou le lendemain de leur mariage.
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'''Ce dimanche matin donc, le couple arriva avec le père de la mariée...Elle, en robe blanche de son mariage, l'époux en costume nœud papillon !!!'''
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Ils sortirent la chevrette du coffre et la présentèrent à Boubou. Sa tête se leva, il huma l'air et commença un frémissement de sa babine supérieure.
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Il avait senti la belle. Je le sortis de l'enclos, le laissa s'approcher et aussi vite sauta sur la pauvrette qui s’étala les quatre pattes en croix.
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Un deuxième essai donna le même résultat : la pauvrette ne supportait pas le poids de mon Roméo.
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Je suggérai que quelqu'un la maintint pendant que je « canalisais » le barbu. Le marié prit la chevrette entre ses deux jambes et la supporta sous le ventre.
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''Mon Boubou toujours aussi amoureux ressauta sur la belle qui resta debout mais donna un coup de patte...
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qui fit reculer '''le beau qui « ensemença » la jambe droite du superbe costume'''...STUPEUR du marié, mais rien n'était conclu.''
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Il fallut recommencer l'approche et en moins de trois secondes l'affaire fut dans le sac. La belle avait enfin été honorée dans les règles de l'art.
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Quatre assauts en deux minutes.
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Cela vaudra cette réflexion qui raisonne encore dans mes oreilles de la part du beau père à son gendre :
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''' « PRIN D'EL GRAINE MIN TCHO » (sous les joues rougissantes de la mariée).'''
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                                            ''''''1977 La soirée extraordinaire.''''''
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Nous avions coutume, avec mon épouse, de passer dire un petit bonsoir à la tante Elisabeth L.
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Elle avait tenu un café aux « Marionnettes » rue de Cracovie : « Le Rendez-Vous des Chasseurs » ( et quels chasseurs !)
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Mais elle tenait maintenant la guinguette de Vimy, rue Sadi Carnot.
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En cet fin d’après midi ,  nous constations qu’elle avait un problème.
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Depuis plusieurs années elle avait comme pensionnaire Martin K.. Il avait appris le matin le décès de sa sœur.
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Tante Elisabeth, occupée par des ouvriers qui faisaient de menus travaux, ne pouvait pas conduire Martin revoir sa sœur avant la mise en bière.
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Elle me demanda donc si je ne pouvais pas la remplacer.
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Et nous voilà parti, Martin et moi, pour la cité du Tonkin à Meurchin.
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                                                [[Fichier:Martin.jpg]]    Martin à gauche
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Ce service ne me plaisait pas beaucoup, n’ayant jamais vu de mort à ce jour…Mais…
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Une femme blonde en pull blanc et jeans, aussi moulant l’un que l’autre, nous ouvrit et accueillit.
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C’était une nièce de  Martin,  une fille de la morte. Après l’accolade sur le pas de la porte, nous entrâmes.
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Dans la salle de séjour, la morte était allongée sur le divan, en chemise de nuit , pantoufles aux pieds, un mouchoir sur le visage,  un chapelet entre les mains jointes…
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Martin se mit à genou, enleva le mouchoir et embrassa sa sœur avec tout l’enthousiasme de ceux qui ont vécu durement dans la cité des Garennes à Liévin et que la mort ne semble pas pouvoir séparer.
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Plusieurs minutes d’émotion et de larmes.
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Puis chacun s’assit autour de la table de la salle à manger et la nièce nous versa un verre qui viendrait compléter la vaisselle déjà sale.
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3 ou 4 litres de vin vides, et une dizaine de canettes tenaient compagnie à quelques petites assiettes qui avaient dû contenir des biscuits.
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Martin demanda les nouvelles de circonstances : comment, quand, a-t-elle souffert ?
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Puis vinrent les questions plus inattendues : depuis quand es-tu sortie de prison ?
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(Elle avait tué son mari d’un coup de couteau,  un soir où il la battait comme à son habitude….)
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Mère de huit enfants, elle avait « tout » pour ne pas le faire savoir : taille, allure, silhouette.
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Puis des coups à la porte annoncèrent de nouvelles visites. La morte ayant de nombreux enfants, petits enfants et arrières petits enfants, nous nous retrouvâmes bientôt une bonne vingtaine, voire trente.
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La bière et le vin  accueillaient à chaque fois les arrivants.
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Martin retrouvait ainsi, des frères, des sœurs, des neveux et des nièces perdus de vue.
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Il  arrosait d’un verre de rouge chaque souvenir.
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Les tout-petits  avaient pris place à côté de « mamie » sur le canapé. Ils  comptaient les perles du chapelet, lui faisaient des baisers, lui caressaient les mains.
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'''Elle n’était plus morte, elle dormait au milieu de sa famille.'''
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Puis la mémoire polonaise reprenant le dessus, Martin se risqua à fredonner faiblement une chanson de leur jeunesse.
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Ecouté avec émotion, il arracha des uns et des autres quelques mots de leur chanson.
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Puis, le murmure pris de l’assurance, et les chansons de leur folklore bercèrent « la Mamie endormie ».
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De la jeunesse on passa tout naturellement à l’adolescence, aux bals, aux chansons qui font l’âme polonaise.
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Martin, debout, retrouvant sa jeunesse, emmena sa nièce dans quelques pas de danse dans les accents des chants slaves.
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'''Seuls les petits enfants « s’occupaient » encore de leur Mamie.'''
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Les adultes, sautant d’une  d’anecdote à l’autre, d’un souvenir à un problème du lendemain, enfumaient tant la pièce que l’ambiance devenait londonienne par jour de brouillard.
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Il fallait maintenant se quitter et rentrer à Vimy…Puis, ayant déposé Martin qui avait déjà commencé sa nuit durant le retour, avec mon épouse et les enfants, nous rentrâmes à Liévin en passant par le monument canadien.
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Dans les phares de la 2 CV galopaient des dizaines de lapins…mais ''nul « képis » ouf !!!''
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Seul, le cinéaste espagnol Luis Bunel aurait pu imaginer et réaliser le film de cette soirée.
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Paix éternelle à Mamie…
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          '''''' Épisode n° 8      Le truc de Mamie'''
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1977 Le Directeur Général des télécommunications, M. THERY, propose au gouvernement un grand plan de développement : « le téléphone pour tous. »
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Auparavant il fallait s'armer de patience et attendre des mois voire des années pour obtenir le  précieux appareil.
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Ce plan ramène les délais à moins de 6 mois. Je pose donc une demande et vois arriver les deux installateurs 4 mois plus tard.
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                                  [[Fichier:Téléphone.jpg]]      Ne vous moquez pas !
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J'avais prévu une gaine enterrée du pylône sur la rue au domicile sur environ 45 mètres.
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Pendant que le premier perce un mur du couloir pour mettre une prise, le second déroule une bobine de fil sur la rue et accroche une extrémité à mon « tire-fil ».
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Mes deux techniciens entreprennent maintenant de tirer le câble.
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Celui-ci avance de 4 ou 5 mètres puis résiste...
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'''Mon costaud dans le couloir y met toutes ses forces et...casse mon tire-fil qu'il sort intégralement'''.
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Je le regarde bouche ouverte.
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Avec un naturel à vous ouvrir une boîte de thon, d'un sourire il me dit :
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« - Vous repassez un tire-fil plus fort et vous nous rappelez !... »
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''Sous terre, 45 mètres, 2 coudes à angle droit ,qui peut passer un fil ?''
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Je m'assois, abasourdi par le travail que j'entrevois.
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C'est à cette instant que ma mère, qui buvait une tasse de café dans la salle de séjour, me dit d'un air finaud : « c'est pas difficile !!! »
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Je l'aurais avalée tout cru.
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Elle insiste et dit à mon épouse :
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« -Donnez moi une bobine de fil.
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                                            [[Fichier:Bouchon.jpg]]
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Comment tu vas faire passer le fil dans la gaine... ( Les mots qui me viennent à la bouche ne peuvent pas être entendus par les enfants.)
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Découpe un bout de bouchon et fixe le au fil...
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Après tu le fais descendre dans la gaine et tu le pousses avec un jet d'eau...
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l'eau va entraîner le bouchon qui tirera le fil et tu vas le récupérer à l'autre extrémité.
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Après tu tires un autre fil plus costaud... jusqu'à un fil de fer !!!
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'''CQFD'''''
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15 minutes plus tard, un nouveau tire-fil était utilisable.
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Je me demande si j'ai hérité de ce savoir faire...
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Version actuelle en date du 1 avril 2015 à 17:55

                         Fichier:Ma_tête.jpg  Vous pouvez me joindre au mail suivant :         lelievinois@gmail.com
À suivre