L'histoire par le trou de la serrure de 1946 à 1959

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   lelievinois@gmail.com

Je recherche une photo ancienne des rues de l'Abregain et Papin.

1946.10.08   Les étoiles filantes 


Ce soir là, nous avions soupé chez tante Marie rue de l’Abregain.

Elle nous avait fait un pâté d’un de ses lapins qu’elle élevait dans sa cour.

Après le repas, les adultes avaient joué à la manille en tapant du poing sur la table comme à leur habitude.

Avec mon cousin, nous avions lu le dictionnaire.

La page que je préférais était celle avec les images de scaphandriers. Je la vois encore.

Puis, la « belle des belles » terminée et ses derniers éclats de voix, il fallut se décider à rentrer.

Après la lumière crue du « monte et baisse » de la lampe de la cuisine qui dessinait son rond de lumière sur les cartes éparpillées, le coron sembla encore plus sombre, à

peine éclairé de misérables ampoules.

Mon père se mit à marcher contre les maisons en évitant les marches qui annonçaient chaque porte. 

Ma mère lui donnait le bras et avançait prudemment sur le bord du trottoir de briques . Je lui donnais la main, pas très rassuré....

10 heures, l’heure de l’extinction des feux arriva et nous plongea dans le noir sous les frondaisons déjà clairsemés des acacias.

Passé le coin de la rue de la Convention et le pont à côté de la rue Papin, nous longions maintenant le long mur de la fosse Saint Amé.

Une ou deux chauves souris passèrent sans bruit au dessus de nos têtes.

Arrivés devant le café de « Marie grande Gueule », commença alors un spectacle unique, grandiose…inquiétant.

Le ciel se mit à crépiter et des points lumineux apparurent au dessus de nos têtes, de plus en plus nombreux, de plus en plus lumineux.

Des étoiles filantes tombaient dans tous les sens, sans arrêt.

Nous nous arrêtâmes un instant.

Mon père semblait se demander ce qu’il allait faire.

N'allait-on pas revivre les jours terribles de la guerre ?... Etait-ce bien des étoiles ?...

Nous continuâmes à avancer , éclairés d'une pluie bruissante…

Jusqu’au café de « l’Habitude » le spectacle continua.

Arrivés au bout de notre jardin, tout s’arrêta…

La nuit noire était retombée, calme et paisible. Mille vœux n’auraient pas suffi.

Combien de personnes ont vu cette pluie, cette avalanche d’étoiles filantes ?


Le FIGARO du 7 octobre 2011 donne ce commentaire qui confirme mon récit...

L'Europe est idéalement placée pour observer ce qui pourrait être le plus beau spectacle de météores depuis dix ans.

"Si la météo est clémente, il y aura un très beau spectacle ce samedi soir dans le ciel de France et du reste de l'Europe, avec une pluie d'étoiles filantes exceptionnelle, qui devrait atteindre 600 météores par heure. Un phénomène dix fois plus intense que les célèbres perséides visibles l'été lors des Nuits des étoiles. Ce spectacle céleste sera provoqué par le passage de la Terre dans un nuage de poussière laissée dans l'espace par le passage de la comète 21P/Giacobini-Zinner. Cette pluie d'étoiles filantes qui culmine d'habitude entre le 8 et le 10 octobre, porte le nom de «draconides», car les traînées lumineuses laissées par l'entrée dans l'atmosphère des poussières semblent provenir de la constellation du Dragon, visible dans l'hémisphère Nord. Le phénomène a aussi été appelé «giacobinides» dans le passé, en mémoire de Michel Giacobini, le Français qui a découvert en 1900 la comète qui porte son nom. Jérémie Vaubaillon, spécialiste des météores à l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides à Paris, a prévu deux pics d'activité ce samedi soir, le premier vers 19 heures (heure française) et le second vers 22 heures. Le premier pic sera plus difficile à observer car proche du coucher du soleil, mais le deuxième sera plus favorable, malgré une Lune déjà levée et assez brillante. Jusqu'à 800 météores par heure Pour cette comète Giacobini-Zinner, qui repasse près de la Terre tous les six ans et demi, un tel pic de 600 étoiles filantes par heure ne devrait pas se reproduire avant quarante ans. Certaines prévisions sont même plus optimistes et annoncent jusqu'à 800 météores par heure. En temps normal, les draconides ne font pas parler d'elles car leur intensité est très réduite, environ 20 étoiles filantes par heure dans des conditions idéales (nuit très noire, sans Lune), la Terre passant en général à côté de la trajectoire de la comète. Cette fréquence n'est pas très éloignée d'une nuit quelconque, pendant laquelle il tombe en moyenne «par hasard» 5 étoiles filantes par heure. Mais certaines draconides furent malgré cela exceptionnelles. En 1933 et en 1946, les astronomes enregistrèrent des pics à plus de 10 000 étoiles filantes par heure, soit presque 3 éclats par seconde ! Un observateur irlandais rapporta en 1933 qu'il avait l'impression «qu'il se mettait à neiger». A posteriori, les spécialistes de la mécanique terrestre ont déterminé que ces deux pics historiques avaient été provoqués par le passage de notre planète dans le nuage de poussière laissé par la comète en 1900. Pas besoin de télescope L'optimisme des chercheurs pour ce pic du 8 octobre 2011 vient du fait que la Terre va une nouvelle fois repasser dans ce nuage émis en 1900 et qui se révéla si dense par le passé. Cela devrait provoquer le deuxième pic de samedi vers 22 heures. Les étoiles filantes des draconides ont la particularité d'être assez lentes dans le ciel, et d'être d'une couleur plutôt jaune. Pour observer dans les meilleures conditions, aucune lunette ni télescope n'est nécessaire, il suffit de lever les yeux et de faire preuve d'un peu de patience pour «voir les étoiles tomber». Dans l'idéal, il faut toutefois disposer d'un ciel dégagé, préférablement vers le nord pour ne pas être perturbé par la luminosité de la lune croissante. Signe de l'intérêt des chercheurs pour cette pluie de météores, une équipe internationale menée par Jérémie Vaubaillon a monté une campagne d'observation avec un avion du CNRS bardé de caméras, qui volera au-dessus des nuages dans le ciel de la Norvège. Pour les amateurs qui voudraient se rapprocher d'un club d'astronomie à l'occasion de ces draconides, les sites Internet de la revue Ciel et Espace et de l'Association française d'astronomie recensent les sites ouverts"



1947 à nos jours Avoir du chien

Diane, Mignonne, Mira, Pollux, Câline, Argos, Héra, Cybelle, Veckye …

Ceux ne sont pas là les noms des prochain(e)s candidat(e)s à un jeu télévisé, non, ceux sont les chiens qui ont partagé ma vie.

Tous de la race des «  MUTTS » .

C’est une race maintenant universellement connue grâce au président  OBAMA qui l’a décrite comme en étant lui-même un représentant : c’est à dire un bâtard.
Chacun d’entre eux à l’évocation de son nom fait remonter à ma mémoire des moments d’émotion, de joie, de tristesse, parfois de colère vite étouffé par les souvenirs plus heureux.

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1947, Diane, la première, comme tous les chiens des corons, avait sa niche dans la cour et pour toute liberté une chaîne d’un mètre cinquante. C’était comme ça ! Son repas, composé des maigres restes de table était souvent des morceaux de pain dur arrosés de café au lait et saupoudrés des « poussières du sucrier ». Elle passait son temps grimpée sur le toit de sa niche, pouvant ainsi apercevoir les passants de la rue EDISON à travers les barreaux de bois de la clôture. Elle n’avait aucun rappel et si sa chaîne cassait , la rattraper ressemblait à une course poursuite dans les rues de la cité,suivie d'une mêlée de catch.

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1949, mon père rentra un jour avec la poche de son veston gonflé qui nous fit découvrir la nouvelle arrivée. Mignonne, mi ratier mi caniche, était une boule de longs poils blancs. Sa couleur lui valut de pouvoir vivre dans la maison. Presque tous les samedis elle avait droit à un bain suivi de longues heures de coiffure. Ma mère préparait Mignonne pour le retour de la mine de mon père vers 23 heures. Il aimait la voir propre, coiffée, exubérante. C’était son plaisir.

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1964, Mira était le croisement d’un boxer avec un de ses copains ! Grosse, costaude, elle inspirait le respect que ma mère veuve recherchait de par son handicap physique. Elle condamnait à une mort rapide tous les chats qui s’approchaient. Elle a son portrait peint accroché depuis 1967.

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1973, Pollux s’invita un soir dans ma classe à la sortie des élèves. Mes enfants de 3 et 4 ans le prirent dans les bras et il arriva à conquérir celle qui allait s’en occuper jusqu’à la fin de ses jours. C’était le parfait exemple du bâtard : fugueur, bagarreur, excité. Disparaissant un dimanche, il réapparaissait le dimanche suivant couvert de puces, de tiques, de plaies et de bosses. Âgé de 10 ans, il avait mis à mal ses reins et le vétérinaire n’eut que le seul recourt de le « piquer ». Jamais plus je ne referai cela. Le regard de votre chien en train de mourir vous suit pour toujours...

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1983, la suivante, Câline, arriva quelques jours plus tard."Folie » ,pour mon épouse car nous n'avions pas réussi à nous mettre d'accord sur son nom.

Elle était une« Épagneule » de par un ami de passage. Elle avait un faible pour mes poussins. Nous ne la garderons que quatre ans. 

Renversée par une voiture, elle était devenue épileptique. Elle disparaîtra dans une prairie du Massif Central où nous pique niquions.

Entrant vraisemblablement dans un terrier elle y fera une crise qui la tuera. Nos vacances prirent fin après cet épisode.

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1987, Argos avait été choisi par toute la famille : une première. Setter anglais de confession…L’hypocrite né ! Huit fois il sera conduit chez le vétérinaire pour avoir un certificat de bonne santé et couvrir l’assurance des « mordus » .

Un jour, il m’arrachera la tempe pour défendre mon épouse qui m'attaquait ! Jeu de mains, jeu de vilains ! Sa photo est accrochée dans la cuisine.

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1998, Héra, une beauceronne revue et corrigée, de ses quarante kilos elle remplira notre vie pendant onze ans.

Les collègues de ma femme insistaient pour qu’elle m’appela  le midi  pour entendre Héra répondre au téléphone.
Elle n’aboyait pas, ne grognait pas, mais émettait de longues phrases avec une mélodie et des intonations qu’elle ne faisait qu’à cette occasion.
Pendant deux à trois minutes elle racontait sa vie à l’écouteur !!!
Son instinct, son expérience, son engagement allait jusqu’à savoir ( deviner ?) l’heure du retour  de travail de mon épouse…

Y compris les jours de réunions où les horaires étaient décalés de plusieurs heures ??? Elle savait le jour où nous recevions en comptant les assiettes. Elle se mettait debout à la fenêtre et attendait l’arrivée des convives. Seul problème, sa voiture était un objet sacré que personne ne pouvait toucher ou approcher sans connaître sa voix…et ses dents. Elle a sa tombe à côté de celle d’Argos dans le fond du jardin. Toutes les deux sont fleuries sans soucis du qu'en-dira-t-on !

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2009-2013, nous fêterons les quatre ans de Cybelle.
Si vous avez vu « Bienvenue chez les chtis », vous avez vu où nous avons découvert notre «  petite gaillette ». 

Une rue de terre, de cailloux et de flaques bordée de deux corons. En sortant de la voiture, nous avions repéré aussi vite la maison des propriétaires à l’odeur de pipi de chiens.

Ce couple se faisait un peu d’argent en vendant des petites boules de poils sous des races dont il ignorait à quoi elles pouvaient ressembler adultes.
J’ai donc acheté ma petite Cybelle avec le titre de «  Beauceron » , sans une seule tache marron… 
Mes 90 € ont dû servir à terminer la semaine. Ma bonne action n’est pas restée vaine, puisque que je sais maintenant combien pèse l’amour : 22,4 kg.
Jamais plus de trois mètres entre nous deux, jamais une sortie en voiture sans cet anti-vol exceptionnel, jamais plus d’une heure sans un câlin. 

Tout le monde sait où nous habitons : « -C’est la maison au chien noir… »

Cybelle, la « mutt », la bâtarde, va sauver de la noyade un petit chien…

je ne sais trop comment, ni à quel instinct elle a réagi en venant me chercher en aboyant pour que j'aille au secours du petit intrépide. Le tout sera filmé par une caméra vidéo de surveillance.

http://www.youtube.com/watch?v=WExN3rXEvfc

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2013, Et voici qu'est arrivée Weckye ( 10 ans ), la chienne orpheline de sa patronne morte d'un cancer à 41 ans !

Vous la connaissez : elle a tourné, dans sa jeunesse, la pub pour « Royal Canin ».
Sa propriétaire était responsable du marketing pour la marque...
Malgré tous nos efforts pour la mettre au régime, elle a toujours 15 kg de trop.


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1948 Georges GOHELLE cité Saint Amé


Du haut de mes cinq ans, revenant de l’école, mon attention fut attirée par le « mirador » installé devant la rue Edison.

Plus étrange, les rails posés sur  la rue Montgolfier…
Tout le carrefour de « L'Habitude » semblait en émoi.
J’assistais au tournage du « POINT DU JOUR ».


Je n’ai aucun souvenir de Georges GOHELLE, alias Michel PICOLI, ou de Jean DESAILLY «  Larzac ». Mais il me semblait que quelque chose d’important, d’inhabituel se passait. Les projecteurs allumés en plein jour me rappelaient que ma mère me disait : « n’oublie pas d 'éteindre la lumière ! » Puis nous eûmes droit à une ducasse gratuite avec le « casse-gueule » qui me faisait froid dans le dos…

Mais pour le mot : « action… »

Je préfère ce jour de la même année , où jouant dans le fond de mon jardin, près de la rue Montgolfier, j’entendis un grondement sourd se rapprochant, s’amplifiant… Je tournais mon regard vers ce bruit et un pan de mur de la fosse Saint Amé s’écroula : de la poussière une chenillette en sortit . La grève de 1948 battait son plein. J’appris plus tard, que l’ « élingue » que mon père avait dans l’escalier de la cave et qu’il mettait dans ses chaussettes pour aller au travail pouvait être une arme redoutable.(Il était réquisitionné...) Ce bout de câble de 50 cm relié au poignet par une corde et le boulon soudé à l’autre bout pouvait rivaliser avec n’importe quelle matraque.

Fichier:matraque.jpg

J’espère qu’elle n’a jamais servi. Tantôt blanc, tantôt noir…


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1948 Une singulière opération


Ma tante Julia se faisait remarquer par sa gentillesse, son calme, sa sérénité. Après la guerre 14, elle avait travaillé comme bonne à tout faire dans une « grande famille » de Tourcoing.

Elle y donnait parfois un coup de main à la cuisinière quand « Madame » recevait le Cardinal de Lille.
De ce travail , elle avait gardé un savoir-faire et une intelligence qu’elle mettait à profit pour arrondir ses fins de mois dans la banlieue  parisienne. 

Elle habitait une maison à Châtou face à des champs de salades à perdre de vue .Ma tante travaillait avec son mari aux établissements « Pathé » et faisait quelques ménages ou réceptions comme cuisinière chez les notables du coin.

Elle connaissait ainsi un chirurgien du Vésinet. Celui-ci avait accepté de s’occuper de moi bénévolement pour service rendu. C’est ainsi qu’un jour il arriva chez ma tante, me fit sentir une fleur de sa boutonnière,... et je me réveillai avec un bon mal de nez.

Dans la cuisine, au creux des bras de ma tante, il m’avait opéré des végétations tout simplement. 
J’avais ainsi évité toute possibilité d’attraper une maladie nosocomiale…


Pour faire passer ma douleur, ma mère m’offrit un baigneur en celluloïd qui devait censer remplacer le petit frère que je désirais , et attendais en vain! Avec sa tenue tricotée jaune et bleue, il trône toujours sur la garde robe de la chambre. Quand les bras lui tombent, excusable à 65 ans, je change les élastiques…



1949...La « RESISTANCE » dépose les armes...


La lapine et ses petits étaient régulièrement mis à mal par les belettes. Il fallut donc rechercher par où ces petites bêtes pouvaient entrer.Sachant que si la tête passait le reste suivait dans un trou plus petit qu'un œuf de pigeon.

Mon père me demanda un jeudi de sortir tout ce qu'il y avait dans la cabane des lapins. Celle-ci, comme dans toutes les maisons de la rue du Colonel Renard, se trouvait dans le fond de la cour au dessus de la remise où dormaient les poules. Monté sur une chaise, je commençai par enlever la gamelle d'eau puis celle qui servait chaque matin à leur donner des quignons de pain saupoudrés de « LAPINEX » , la poudre qui devait leur donner vigueur et santé... s'ils ne tombaient pas sur un brin de mouron rouge au milieu des liserons !!!

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Puis, avec un râteau je tirai toute la litière hors de la cabane. Le plus gros étant fait, avec l'aide de ma mère qui me poussa au derrière, je grimpai dans l'antre de l'horreur. Chaque jour, je frappais à la porte avant de l’ouvrir pour faire sauver les souris, et là, j'allais à leur rencontre.

Il fallait enlever la paille sur la gauche au dessus des WC « extérieurs » qui donnaient dans la cour. Je fermais les yeux et je frappais avec le râteau sur la paille. Je ne saurai jamais si une souris s'est échappée...La paille fût descendue et les toiles d'araignées enlevées.La cabane était propre. Il ne restait qu'une planche de coffrage qui "brandouillait" sur le mur mitoyen avec les WC des voisins. Ma mère me dit : « tire un peu sur la planche, elle ne tient pas... » Elle ne tient pas.Vite dit. Du haut de mes six ans, la chose se présentait différemment. A gauche, à droite...Je cherchai un trou pour passer mes doigts en priant qu'il n'y eut pas de souris ! Puis, les clous rouillés qui maintenaient la planche avec beaucoup de bienveillance , lâchèrent ...le fusil !

Fichier:fusil.jpg


Cette planche vermoulue cachait une arme. Je jetai un regard à ma mère qui me regardait la bouche ouverte, abasourdie de cette découverte. .Elle ne savait quoi dire. La peur nous étreignait. Puis, après quelques conseils : « tiens le par le manche », « ne touche pas la ferraille » Je lui tendis la chose assez lourde pour mon âge, et elle le réceptionna avec précaution . La discussion qui en suivit au retour de mon père du travail m'échappa. Mon grand-père fut désigné pour rapporter ce fusil à la gendarmerie de Liévin. Qui a dit que j'étais trop jeune pour faire de la résistance ?



1949 jeudi 26 mai ASCENSION


Ma maman faisait partie des mères chrétiennes.

A ce titre, elle avait préparé la procession de l’Ascension avec les autres voisines.

Nous partirions de l’église Saint Amé pour rejoindre l’église Saint Martin. .

Le soleil radieux avait bien voulu être de la partie.

Les mineurs avaient fourni une délégation en tenue, et chaque année de catéchisme son contingent en costume de communion pour les plus âgés.

Le Père B. ,curé de la paroisse sous un dais tenu par des gueules noires, portait le Saint sacrement. 

Quant à moi, je marchais seul devant cet équipage « déguisé » en ange…

Les ailes que l’on m’avait fixées dans le dos penchaient tantôt à droite tantôt à gauche au gré des pavés qui rythmaient ma démarche mal assurée avec les petits souliers vernis qui me meurtrissaient les pieds.

Les cantiques redoublaient et les spectateurs des deux côtés de la route nous faisaient une haie d’honneur. Franchement j’avais hâte d’être arrivé et je jetais des regards inquiets pour retrouver ma mère qui suivait en chantant .

Mon père , lui, se faufilait sur le trottoir derrière la foule.


C’est avec le plus grand soulagement que je découvris les baraquements qui donneraient place à la salle Chanzy.

Ouf, l’ange allait redevenir un humain !


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1949.10.01 Jour de rentrée scolaire

Ce samedi apportait son soleil automnal à la rentrée scolaire. Ma mère m’avait confié à la voisine pour me conduire à l’école avec ses enfants…Elle viendrait nous rechercher à onze heures trente. Elles avaient organisé un tour de rôle. Arrivés au bout de la rue Papin, nous avions longé le mur de la fosse, et plus particulièrement «  le triage ». Puis nous contournions par un chemin de terre le jardin du Maître Porion pour déboucher dans la rue de l’Abregain. Cent mètres plus loin, sur notre droite, nous débouchions sur la place Saint Amée. L’école maternelle au coin des rues Jules Guesde et Montgolfier n’avait ouvert que la porte du grand portail pour accueillir tout ce petit monde. La cour était bruyante des jours de rentrée. Puis les portes des classes s’ouvrirent et les mamans conduisirent leur(s) rejeton(s) dans les salles qui les attendaient. Ma voisine me traînait par la main.

Et, il fut convenu que je n’étais inscrit nul part. On me conduisit à l’école primaire des garçons…ou là, on m’avait attendu ! Je fis donc mon entrée en classe de CP avec une bonne heure de retard.

C’était ma première fausse rentrée.

Fichier:Ecole.jpg

1957 septembre.

Ma deuxième fausse rentrée.

J’avais obtenu mon BEPC en juin et je voulais être ingénieur chimiste.

Je m’étais donc inscrit au lycée (Henri DARRAS ) en classe de chimie qui devait ouvrir dans les jours qui suivaient la rentrée. Sans la classe ouverte ce jour là, le directeur du collège Descartes avait accepté de nous garder quelques jours dans ses locaux.( Nous étions quatre)

Les jours, les semaines, les mois passèrent. Monsieur D. le directeur du collège nous appella à son bureau et nous informa, que pour ne pas perdre entièrement notre année il nous avait inscrits à l’examen du BE ( brevet d’enseignement).

Le brevet d’enseignement en poche, je retournai en 1969 pour une troisième fois au collège Descartes dans l’attente de l’ouverture de la classe de chimie...

Le décès de mon père mettra fin à cette attente. Je commencerai à travailler comme garçon de course à la BNCI, banque lensoise.

J’attends toujours ma convocation (2014) pour faire la rentrée au lycée H. DARRAS …( mes 4 timbres sur les enveloppes fournies sont-ils encore bons ? )

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À suivre