L'histoire par le trou de la serrure : quand le bâtiment va...

De Wikicitoyenlievin.

                                   Épisode n° 6      Savez-vous planter... une prise de terre ? 



Durant des semaines je montais l'électricité.

Tous mes raccords reproduisaient des documents officiels que j'accumulais car j'étais novice dans ce travail.

Puis arriva la déclaration de fin d’installation pour obtenir l'autorisation du CONSUEL qui permet la pose d'un véritable compteur .

L'expert se pointa un matin, un dossier sous le bras, son testeur à la main.


                                               Fichier:testeur.jpg


« -Vous avez des luminaires à l'extérieur de la porte d'entrée, vous les avez mises à la terre ?

-Oui, bien sûr! »

Mon spécialiste branche son testeur dans une prise du couloir et pose son embout sur le pied d'une applique.

Rien ! Il gratte un peu avec son canif et recommence l'opération. Rien !

« -Vous avez une prise de terre au moins ?

-J'en ai même deux.

-C'est interdit !!!

-Je sais, mais elles sont à plus de 25 m l'une de l'autre, c'est autorisé...

-Montrez les moi ! »

Et voilà mon incrédule qui teste la première prise de terre. RIEN !!!???

Réflexion, interrogations, méditation, concentration, réparation :bricolage.

Son fils était cassé à la sortie de son testeur...

Son autorité morale mise à mal, il se vengera en sortant toutes les prises et interrupteurs de leurs boîtiers,

tirant bien sur les fils pour les redresser et me donner davantage de travail pour les remettre en place.


                                                Fichier:prise.jpg


« -Il faudra mettre un chatertone de couleur à chaque fil et refaire votre demande. »

Deux semaines plus tard, ce travail effectué, je redéposai mon dossier.

L'autorisation viendra sans nouvelle venue de mon spécialiste...



  Episode n° 7   Recyclage



J'avais voulu des poutres apparentes dans ma salle de séjour et un escalier de meunier pour accéder à l'étage et à la mezzanine.

Le tout au meilleur prix.

Les jours où la météo ne permettait pas le travail sur le chantier de ma maison, je rejoignais l'atelier éducatif des houillères rue Martin

pour y apprendre un peu de menuiserie.


                                       Fichier:Menuiserie.jpg


Durant la confection d'une petite table de télévision, je reçus les conseils d'un moniteur versatile

et de quelques amateurs heureux de faire partager leur passion.

C'est en se parlant à cette occasion qu'une opportunité d'achat de poutres se fit jour.

Les chemins de fer des houillères vendaient leurs traverses à quatre centimes le kilo ! (moins de 1 centime d'euro!)

Celles qui tenaient les aiguillages étaient parfaites avec leur quatre mètres vingt. Elles iront dans la salle à manger.

Mon épouse passera des heures la ponceuse en main pour arracher la pellicule noirâtre qui les recouvrait.


                                           Fichier:Poutres.jpg   Ma "Mahut" au travail


Un mercredi matin, jour de marché, dans un café du centre ville, je fis la connaissance d'un jeune marchand de chaussures.

Il venait d'hériter d'une fermette sur les collines de l'Artois. Dans la prairie à l'arrière des bâtiments deux billes de bois attendaient depuis des décennies.

Elles rejoindront le garage de ma maman. Dieu qu'un plateau d'orme de 6 mètres de long et de 80 cm de large peut être lourd.

Le travail de ce bois me vaudra bien des réflexions dans l'atelier.

« Cherchez pas qui rabote encore de l'orme !? »

Cette essence a la fâcheuse habitude de sentir... le « pipi de chat ».

Quant à ma deuxième bille de charme, elle rendra encore plus agressif notre moniteur.

Rabotant une planche pour faire un présentoir à vieilles casseroles de cuivre,


                                                    Fichier:Planche.jpg    toujours fidèle au poste


un bruit strident fit se retourner toutes les têtes, il était trop tard. La machine venait de se mettre au repos pour deux jours !!!

Ma planche cachait un éclat d'obus de la première guerre et avait explosé les lames de la raboteuse.



      Episode n° 8    Le truc de Mamie


1977 Le Directeur Général des télécommunications, M. THERY, propose au gouvernement un grand plan de développement : « le téléphone pour tous. »

Auparavant il fallait s'armer de patience et attendre des mois voire des années pour obtenir le précieux appareil.

Ce plan ramène les délais à moins de 6 mois. Je pose donc une demande et voit arriver les deux installateurs 4 mois plus tard.

J'avais prévu une gaine enterrée du pylone au domicile sur environ 45 mètres.

Pendant que le premier perce un mur du couloir pour mettre une prise, le second déroule une bobine de fil sur la rue et accroche une extrémité à mon « tire-fil ».

Mes deux techniciens entreprennent maintenant de tirer le câble.

Celui-ci avance de 4 ou 5 mètres puis résiste...

Mon costaud dans le couloir y met toutes ses forces et...casse mon tire-fil qu'il sort intégralement.

Je le regarde bouche ouverte.

Avec un naturel à vous ouvrir une boîte de thon, d'un sourire il me dit :

« - Vous repassez un tire-fil plus fort et vous nous rappelez !... »

Sous terre, 45 mètres, 2 coudes à angle droit ,qui peut passer un fil ?

Je m'assois, abasourdi par le travail que j'entrevois.

C'est à cette instant que ma mère, qui buvait une tasse de café dans la salle de séjour, me dit d'un air finaud : « c'est pas difficile !!! »


                           Fichier:Bouchon.jpg


Je l'aurais avalée tout cru.

Elle insiste et dit à mon épouse :

« -Donnez moi une bobine de fil.

-Comment tu vas faire passer le fil dans la gaine... ( Les mots qui me viennent à la bouche ne peuvent pas être entendus par les enfants.)

-Découpe un bout de bouchon et fixe le au fil... Après tu le fais descendre dans la gaine et tu le pousses avec un jet d'eau...

l'eau va entraîner le bouchon qui tirera le fil et tu vas le récupérer à l'autre extrémité. Après tu tires un autre fil plus costaud... jusqu'à un fil de fer !!! »

CQFD

15 minutes plus tard, un nouveau tire-fil était utilisable

Je me demande si j'ai hérité de ce savoir faire...

À suivre