1962 août vacances

De Wikicitoyenlievin.

1962 août : les voyages forment la jeunesse

Mon ami et collègue de travail Jean V. avait fait la vidange et le graissage de sa 4CV, la vraie avec le moteur à l’arrière.

De mon côté j'avais acheté une tente canadienne deux places.

Il ne restait plus à mon grand-père qu'à arracher, dans son jardin, un sac de pommes de terre qui ferait contre poids à l'avant de la voiture.

Nous avions prévu de faire le tour de la France durant un mois.

Mercredi 1 er août, nous voilà partis, direction Reims et sa cathédrale.

Chaque jour, nous fîmes du camping sauvage…ou presque.

Nous nous arrangions pour dénicher la ferme isolée avec une prairie pour nous accueillir.

Quelques mots gentils, les présentations, et l’accord était toujours donné.

Jamais plus de 200 ou 220 km dans la journée, et des pleins d’essence dans les stations « SHELL ».

Je ne fais pas de publicité, mais, cette année- là, ces garages offraient des cartes de leurs régions avec au verso moult détails touristiques.

Le premier vendredi soir, nous récupérâmes un ami, Pierre D. militaire en Lorraine qui s’était vu décerné le grade de sous-lieutenant après ses classes.

Notre équipage ainsi formé, nous visitâmes le Haut-Koenigsbourg, la petite France à Strasbourg et les vignobles alsaciens.

Nous le laissâmes rejoindre son unité à la gare de Mulhouse.


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Notre sortie de Suisse prendra des allures de feuilletons télévisés, « MONK » en particulier.

Mon ami Jean V. avait passé sa jeunesse dans un pensionnat et était « particulièrement » méticuleux !

Imaginez donc notre 4 CV arrêtée à un minuscule poste frontière où le seul douanier de service n’avait rien eu à se mettre sous la dent.

« - Bonjour, qu’avez-vous à déclarer ?

- Rien !

- Sortez de la voiture ! »

Notre suisse plonge à l’arrière du véhicule et sort une valise posée sur le siège arrière : celle de Jean…

Le voilà qu’il sort tous les vêtements en les secouant pour faire tomber ce qui aurait pu s’y cacher puis les jette sur une table de béton.

Le mont commence à s’épandre par terre quand arrive un laconique :

«  Vous pouvez passer. »

Le pauvre, il ne connaissait pas l’ami Jean.

Il n’était pas question de remettre tout son linge dans cet état.

Il commence donc à défroisser, à plier, déplier, replier, ranger, ressortir, réorganiser sa valise comme elle était au départ sous le regard interloqué du douanier,

son képi sur le haut de la tête.

Après 20 bonnes minutes nous prîmes congé de notre fonctionnaire.

Les Alpes, la côte d’azur, le Roussillon, L’Espagne avec Figueras nous virent passer.

L’Andorre m’apporta une technique originale de faire la lessive.

Nos chaussettes avec nos chaussures étaient inexorablement confinées entre les 2 toiles de tente.

Mais ce soir-là, nous mîmes nos chaussettes dans un petit torrent sous un galet.

Toute une nuit, elles pollueront gentiment ce charment filet d’eau. Le lendemain matin, elles étaient propres.

Le poste frontière andorran, redouté de tous, était notre deuxième approche du sujet…

La queue s’allongeait avec les voitures frontalières.

Notre 62 sur notre plaque nous ouvrit une voie spéciale.

« -Bonjour, qu’avez-vous à déclarer ?

-Rien !

- PAPIERS …

Que s’est-il passé dans mon cerveau à cet instant?

Le voilà que je lui tends notre rouleau de papier toilette qui séjournait dans la porte passager et qui se déroulait au fil des étapes.

L’humour « douanier » ne fût pas surfait…

« -DESCENDEZ  !!! »

Notre douanier rondouillard plonge à l’avant, fouillette la boîte à gants, sous les sièges, se relève…

Et perd son képi : la 4 CV n’étant pas réputé pour sa hauteur de porte.

Deuxième essai, il replonge à l’arrière et repart vers les VALISES !!!

Soulève le couvercle de la première, la mienne, passe une main et décide de faire le tour et d’aller côté chauffeur.

Et hop, encore un képi entre les deux sièges.

Ce n’était pas son jour de chance.

Je murmure suffisamment fort (…) à mon ami …

« - Le képi commence à marquer, il n’y a plus de cheveux derrière… »

C’en était trop pour notre homme.

« -FILEZ !!! »

La côte basque, le Massif Central, la Loire.


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En Juillet j’avais fait la connaissance de Marie J. à l’Ile Bouchard.

Nous décidâmes d’aller la saluer.

Grand bien nous en prit.

Ce soir-là, elle recevait des amis et en particulier un garde-chasse.

Ce qui nous valut d’avoir du sanglier au menu en plein mois d’août ! ?


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La Bretagne, la Normandie, le pont de Tancarville, la Picardie, STOP.


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Nous étions rentrés, la tête bourrée de souvenirs.

Nous n’avions plus de pommes de terre.

À suivre