1958 Des vacances inoubliables

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Les cours eurent raison de mes appréhensions et je sus faire quelques brasses au bout de trois ou quatre jours.
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La pêche occupait le reste de notre temps libre entre deux excursions.
La pêche occupait le reste de notre temps libre entre deux excursions.
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Elle venait d'avoir seize ans le 25 janvier 1940.
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Début mars, elle commencera à travailler comme "bonne à tout faire" dans le château de la famille Tiberghien à Tourcoing.  
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Version actuelle en date du 26 avril 2017 à 09:48

1958 Juillet Des vacances inoubliables

Sévrier, en Savoie, à quelques kilomètres d' Annecy, le camp de baraquements des « Sports et Loisirs » pour les mineurs débouchait directement sur le lac.

Chaque semaine, son autobus délivrait son chargement d'amateurs de plein air ...et de pêcheurs du dimanche.

Le bus ressemblait davantage à un transport de colonie de vacances que d'adultes de tous âges.

La première partie du voyage s'était passée dans les chants et les rires…Et que dire après la visite des caves de Beaune .

L'arrivée pour l'étape de la nuit dans un château fermé de toute part après l'invasion de guêpes n'avait pas pu refroidir la bonne humeur contagieuse.

Le lendemain midi, au camp, l'accueil était traditionnel avec la chanson de bienvenue pour les arrivants et le «  au revoir » pour les partants.

Puis la visite des installations, des sanitaires, des corvées à effectuer, et des consignes du bon savoir vivre ensemble nous faisaient patienter jusqu'à la mise à

table. ...

Nous avions l'appartement 13 dans un chalet en bord de prairie sans voisins vis à vis.

Un lit deux places et trois lits de camp pour les enfants nous offraient le couchage.

Il fallait traverser la voie ferrée pour accéder au lac.

Les deux trains qui passaient chaque jour annonçaient copieusement leur arrivée et ne posaient aucun problème.

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Une petite épicerie à côté de la propriété proposait les cartes postales, les timbres, les bonbons et surtout les cannes à pêche et son matériel pour un prix raisonnable.

Tous les touristes devenaient des pêcheurs en quelques minutes.

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Un nouvel ami de voyage proposa à mes parents de nous apprendre à nager.

L'eau était parfaitement limpide et propre mais affreusement froide !

Les cours eurent raison de mes appréhensions et je sus faire quelques brasses au bout de trois ou quatre jours.

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La pêche occupait le reste de notre temps libre entre deux excursions.

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Le vieil Annecy, le château de Montrottier, le pont de la Caille, Chamonix et sa Mer de Glace, le Palais des Nations de Genève eurent notre visite.

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Le temps était superbe et les températures inhabituelles pour les chtis.

Mais les quinze jours de farniente diminuaient.

Nous étions déjà à notre deuxième mercredi.

11h30, le temps idéal pour un petit bain.

Mon frère, ma cousine et moi mimes timidement nos orteils dans l'eau, puis les pieds et enfin tout notre corps avec un grand soupir et un frémissement de tout notre être.

Mon père posa les clefs de notre appartement sur un rocher du bord.

Puis il nous annonça qu'avec ma mère, ils feraient le tour par le petit pont à quelques dizaines de mètre et rentreraient par le portail d'entrée du parc.

Je les soupçonnais de vouloir aller boire un apéro au café en amoureux.

Quelques minutes plus tard, refroidis, grelottant nous sortions du lac et la serviette sur les épaules nous courions pour nous changer.

Réchauffés,séchés, nous nous approchâmes du réfectoire quand une sirène de pompier passa et s'arrêta quelques mètres après l'entrée attirant notre attention.

Des « amis » de vacances arrivèrent en courant et nous prirent dans leurs bras, nous écrasant et nous donnant des conseils que nous ne comprenions pas.

Le responsable du camp s'approcha et nous emmena dans son bureau à l'accueil.

Là, nous apprîmes la nouvelle : mes parents avaient été fauchés par une voiture sur le trottoir.

Mon père éjecté à huit mètre était conscient mais ma mère avait été écrasée sur un calvaire de pierre.

Ils étaient à l'hôpital et l'on attendait les informations.

Nous nous réfugiâmes dans notre chambre, nous regardant hébétés.

Nos vacances viraient au cauchemar.

On vint nous annoncer que mon père reviendrait dans l'après-midi.

Nous attendions ce moment avec impatience.

Il revint vers dix-sept heures couvert de blessures et de bleus.

Nous ignorions, et lui aussi, qu'il avait un traumatisme crânien.

Mais nous apprîmes alors la funeste nouvelle : ma mère avait eu une jambe coupée !

Notre retour en car fut d'un silence lourd.

Mon père était resté sur place pour des soins et tenir compagnie à ma mère.

Ma tante et mon oncle de Châtou, en banlieue parisienne, vinrent nous reprendre à Reims.

Nous regagnerons Liévin pour la rentrée des classes.

Ma mère rentrera à la maison pour la Toussaint.

Nous retournerons à Sévrier l'année suivante pour des visites de contrôles.

   fichier:Annecy 5.jpg  à gauche en 1959

A 39 ans, les blessures, la silicose, et son cœur fatigué eurent raison de la vie de mon père.

Il nous quittera le jour de mes seize ans , le jour où son accident passait au tribunal d'Annecy.

Ma mère restait veuve , handicapée, avec deux garçons de seize et sept ans.

Mais n'avait-elle pas déjà « vécu » des événements assez exceptionnels, digne d' un scénario de film !

Elle venait d'avoir seize ans le 25 janvier 1940.

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Début mars, elle commencera à travailler comme "bonne à tout faire" dans le château de la famille Tiberghien à Tourcoing.

   fichier:Annecy 6.jpg

Mes tantes y avaient passé quelques années de leur jeunesse.

Elles y avaient gardé de bons souvenirs et ma tante Marie aidant en cuisine , y avait appris à mitonner des plats délicieux.

Elle gardait par contre un souvenir qu'elle racontait à tout à chacun.

« MONSIEUR » était chasseur et rapportait en cuisine ses « coups de fusil ».

Les bécasses, elles, devaient rester accrocher par la tête à l'extérieur de la porte de l'office.

Il fallait attendre que le corps faisandé tombe par terre en se détachant de la tête pour les cuire.

L'odeur en cuisine était alors insupportable.

Cela dit, elle n'a jamais voulu les goûter.

Ma mère apprit le ménage « nikel », les lits au carré et le service à table.

Nous étions pendant la drôle de guerre...

Les Français avaient déclaré la guerre à l'Allemagne le 30 septembre 1939.

On l'avait presqu' oubliée.

Mais le 10 mai 1940, tout s'accélère.

Les Allemands envahissent la Belgique la Hollande et rentrent en France le 28 mai .

Exode, panique générale, tout le monde veut gagner le sud.

Ma mère est mise en congé et doit regagner sa famille.

A vélo, au milieu des files de voitures, de camions, de piétons, elle essaie de se frayer un chemin.

Passant devant l'hôpital de Vendeville, elle chute lourdement sur le sol, se cognant la tempe sur une bordure de trottoir.

Elle reste inconsciente et ne bouge plus.

 fichier:Annecy 7.jpghôpital de Vendeville

Du personnel de l'hôpital la porte dans leurs locaux.

Un médecin, débordé, la regarde, l'observe...et la fait porter à la morgue !!!

Les heures passent.

Les Allemands arrivent .

D'abord un motard, puis des camions, des canons passent de plus en plus rapprochés.

Une voiture pénètre dans le parc de l'hôpital et s'arrête devant l'entrée.

Un soldat ouvre la porte arrière : un médecin allemand en sort et en quelques secondes prend possession des lieux.

Il fait partir tous les malades et pénètre dans la morgue... pensant sans doute au futur.

Il aperçoit ma mère, s'en approche, demande depuis combien de temps elle est là, la touche...

«  -Mais, elle n'est pas froide, elle n'est pas morte...Conduisez-la en salle d'opération... »

Il va la trépaner et la renverra dans sa famille quelques jours plus tard !!!

Ma mère était en vie et sauvée par un docteur allemand...

À suivre