1949 ...La résistance dépose les armes...

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La lapine et ses petits étaient régulièrement mis à mal par les belettes. Il fallut donc rechercher par où ces petites bêtes pouvaient entrer.Sachant que si la tête passait le reste suivait dans un trou plus petit qu'un œuf de pigeon.  
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La lapine et ses petits étaient régulièrement mis à mal par les belettes.
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Mon père me demanda un jeudi de sortir tout ce qu'il y avait dans la cabane des lapins. Celle-ci, comme dans toutes les maisons de la rue du Colonel Renard, se trouvait dans le fond de la cour au dessus de la remise où dormaient les poules. Monté sur une chaise, je commençai par enlever la gamelle d'eau puis celle qui servait chaque matin à leur donner des quignons de pain saupoudrés de « LAPINEX » , la poudre qui devait leur donner vigueur et santé...  
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Il fallut donc rechercher par où ces petites bêtes pouvaient entrer.Sachant que si la tête passait le reste suivait dans un trou plus petit qu'un œuf de pigeon.
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Mon père me demanda un jeudi de sortir tout ce qu'il y avait dans la cabane des lapins. Celle-ci, comme dans toutes les maisons de la rue du Colonel Renard,  
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se trouvait dans le fond de la cour au dessus de la remise où dormaient les poules. Monté sur une chaise, je commençai par enlever la gamelle d'eau puis  
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celle qui servait chaque matin à leur donner des quignons de pain saupoudrés de « LAPINEX » , la poudre qui devait leur donner vigueur et santé...  
s'ils ne tombaient pas sur un brin de mouron rouge au milieu des liserons !!!  
s'ils ne tombaient pas sur un brin de mouron rouge au milieu des liserons !!!  
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  Puis, avec un râteau je tirai toute la litière hors de la cabane. Le plus gros étant fait, avec l'aide de ma mère qui me poussa au derrière, je grimpai dans l'antre de l'horreur. Chaque jour, je frappais à la porte avant de l’ouvrir pour faire sauver les souris, et là, j'allais à leur rencontre.  
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  Puis, avec un râteau je tirai toute la litière hors de la cabane. Le plus gros étant fait, avec l'aide de ma mère qui me poussa au derrière, je grimpai dans  
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l'antre de l'horreur. Chaque jour, je frappais à la porte avant de l’ouvrir pour faire sauver les souris, et là, j'allais à leur rencontre.  
Il fallait enlever la paille sur la gauche au dessus des WC « extérieurs » qui donnaient dans la cour.  
Il fallait enlever la paille sur la gauche au dessus des WC « extérieurs » qui donnaient dans la cour.  
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La paille fut descendue et les toiles d'araignées enlevées.La cabane était propre.  
La paille fut descendue et les toiles d'araignées enlevées.La cabane était propre.  
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Il ne restait qu'une planche de coffrage qui "brandouillait" sur le mur mitoyen avec les WC des voisins. Ma mère me dit : « tire un peu sur la planche, elle ne tient
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Il ne restait qu'une planche de coffrage qui "brandouillait" sur le mur mitoyen avec les WC des voisins. Ma mère me dit :
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pas... »  
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« - Tire un peu sur la planche, elle ne tient pas... »  
Elle ne tient pas. Vite dit. Du haut de mes six ans, la chose se présentait différemment.  
Elle ne tient pas. Vite dit. Du haut de mes six ans, la chose se présentait différemment.  
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Puis, les clous rouillés qui maintenaient la planche avec beaucoup de bienveillance , lâchèrent ...le fusil !  
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Puis, les clous rouillés qui maintenaient la planche avec beaucoup de bienveillance , lâchèrent ...le fusil !  
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  Cette planche vermoulue cachait une arme. Je jetai un regard à ma mère qui me regardait la bouche ouverte, abasourdie de cette découverte.  
  Cette planche vermoulue cachait une arme. Je jetai un regard à ma mère qui me regardait la bouche ouverte, abasourdie de cette découverte.  
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Elle ne savait quoi dire. La peur nous étreignait. Puis, après quelques conseils : « tiens le par le manche », « ne touche pas la ferraille »  
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Elle ne savait quoi dire. La peur nous étreignait. Puis, après quelques conseils :  
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«- Tiens le par le manche... ne touche pas la ferraille » .
Je lui tendis l'objet assez lourde pour mon âge, et elle le réceptionna avec précaution .  
Je lui tendis l'objet assez lourde pour mon âge, et elle le réceptionna avec précaution .  
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La discussion qui en suivit au retour de mon père du travail m'échappa. Mon grand-père fut désigné pour rapporter ce fusil à la gendarmerie de Liévin.
La discussion qui en suivit au retour de mon père du travail m'échappa. Mon grand-père fut désigné pour rapporter ce fusil à la gendarmerie de Liévin.
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23avril 2020 je reçois un mail avec une photo jointe et l'on me demande si je reconnais la personne ?
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'''23 avril 2020 je reçois un mail avec une photo jointe et l'on me demande si je reconnais la personne ?
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C'était la carte de résistant  de mon père avec sa photo !!!
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'''C'était la photo de mon père résistant''' !!!
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Le fusil pourrait maintenant s'expliquer !!!'''
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Le fusil pourrait maintenant s'expliquer !!!
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Je n'en avais jamais entendu parlé...
                     [[fichier:1944.09.01_FFI.jpg]]
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Version du 24 mai 2020 à 09:55

La lapine et ses petits étaient régulièrement mis à mal par les belettes.

Il fallut donc rechercher par où ces petites bêtes pouvaient entrer.Sachant que si la tête passait le reste suivait dans un trou plus petit qu'un œuf de pigeon. 

Mon père me demanda un jeudi de sortir tout ce qu'il y avait dans la cabane des lapins. Celle-ci, comme dans toutes les maisons de la rue du Colonel Renard,

se trouvait dans le fond de la cour au dessus de la remise où dormaient les poules. Monté sur une chaise, je commençai par enlever la gamelle d'eau puis

celle qui servait chaque matin à leur donner des quignons de pain saupoudrés de « LAPINEX » , la poudre qui devait leur donner vigueur et santé...

s'ils ne tombaient pas sur un brin de mouron rouge au milieu des liserons !!!


                                      Fichier:lapine.jpg


Puis, avec un râteau je tirai toute la litière hors de la cabane. Le plus gros étant fait, avec l'aide de ma mère qui me poussa au derrière, je grimpai dans 

l'antre de l'horreur. Chaque jour, je frappais à la porte avant de l’ouvrir pour faire sauver les souris, et là, j'allais à leur rencontre.

Il fallait enlever la paille sur la gauche au dessus des WC « extérieurs » qui donnaient dans la cour.

Je fermais les yeux et je frappais avec le râteau sur la paille. Je ne saurai jamais si une souris s'est échappée...

La paille fut descendue et les toiles d'araignées enlevées.La cabane était propre.

Il ne restait qu'une planche de coffrage qui "brandouillait" sur le mur mitoyen avec les WC des voisins. Ma mère me dit :

« - Tire un peu sur la planche, elle ne tient pas... »

Elle ne tient pas. Vite dit. Du haut de mes six ans, la chose se présentait différemment.

A gauche, à droite...Je cherchais un trou pour passer mes doigts en priant qu'il n'y eut pas de souris !


Puis, les clous rouillés qui maintenaient la planche avec beaucoup de bienveillance , lâchèrent ...le fusil !


                                      Fichier:fusil.jpg


Cette planche vermoulue cachait une arme. Je jetai un regard à ma mère qui me regardait la bouche ouverte, abasourdie de cette découverte. 

Elle ne savait quoi dire. La peur nous étreignait. Puis, après quelques conseils :

«- Tiens le par le manche... ne touche pas la ferraille » .

Je lui tendis l'objet assez lourde pour mon âge, et elle le réceptionna avec précaution .

La discussion qui en suivit au retour de mon père du travail m'échappa. Mon grand-père fut désigné pour rapporter ce fusil à la gendarmerie de Liévin.


Qui a dit que j'étais trop jeune pour faire de la résistance ?


23 avril 2020 je reçois un mail avec une photo jointe et l'on me demande si je reconnais la personne ?

C'était la carte de résistant de mon père avec sa photo !!!

Le fusil pourrait maintenant s'expliquer !!!

Je n'en avais jamais entendu parlé...


                    fichier:1944.09.01_FFI.jpg
À suivre