1947 les choux rouges

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Comme tous les mineurs de la cité Saint Amé, mon père cultivait les légumes pour l'hiver.

Les choux rouges avaient une place particulière, car chaque famille avait son mode de cuisson.

Avec lardons, sans, avec saindoux, sans, avec des pommes de terre, sans, et ainsi pour tous les accommodements.

Le chou rouge de nos amis Raymonde et Alfred W. de la rue Edison était particulièrement apprécié. Pas trop gras, mais tout juste, râpé fin mais pas trop : un pur délice.


                             Fichier:1947_Raymonde_W.jpg   Raymonde  moi  Christian et ma mère



A la fin de l'automne, nous tournions : un samedi soir chez eux et le samedi suivant chez nous.

Au menu, pas de réflexion ésotérique, du chou rouge pour tous.

Mais, car il y a un mais, cela n'était pas toujours aussi rigoureux que vous pouvez le penser.

Après le repas, l’œil vif des hommes guettaient leur proie.




                            Fichier:1947_Alfred_W.jpg   Alfred  Christian  et mon père...en retrait mon grand père




Et, à la fin d'une phrase, sans raison, mon père et Alfred se jetaient sur ma mère ou Raymonde pour...lui mettre de la moutarde ...dans le nez !!! 

C'était une partie de catch , car ces dames ne se laissaient pas faire et bagarraient dur avec les hommes pour leur emplir leurs oreilles du même épice...

Sur, sous la table, dans un coin de la cuisine la moutarde volait.

Les verres d'eau tombaient dru.

La pièce ressemblait bientôt à un champ de bataille.

Christian, du haut de ses 2 ans, criait et pleurait de voir sa mère ainsi mouillée, trempée, « moutardée ».

Puis le pot de moutarde vidé, la soirée redevenait plus sereine avec un bon café fraîchement torréfié.

« Jeu de mains, jeux de vilains »... Jamais aucune des 4 personnes n'auraient voulu échapper à une soirée « chou rouge ».

À suivre