1950 La mauvaise bonne idée !
De Wikicitoyenlievin.
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Le bruit avait couru qu’une nouvelle fosse allait être différente des autres par son absence de chevalements visibles : le 19 de Loos en Gohelle.
Elle aurait un terril à ses côtés.
Déjà les entreprises de bâtiments avaient trouvé une décharge sauvage pour leurs déchets...
Mon grand-père avait vu les amoncellements de briques, tuiles, bois ou tôles rouillées. Il avait donc décidé de construire des nouveaux pigeonniers avec ces rejets bons
marchés.
Il remit en état un vieux char à banc réduit à sa plus simple expression : deux roues, deux brancards et une plate forme. Il pourrait ainsi faire plusieurs brouettes de
briques en un seul voyage…
Nous voilà donc partis... le passage à niveau du 16 de Lens, puis la rue de La Liberté.
Chaque fois que j’empruntais ce chemin , je ne pouvais me demander , avec curiosité, ce que la maison de « l’original » allait nous faire découvrir !
Située face à la rue Saint Pierre, elle se remarquait avec ses murs doublés de vitres pour faire un chauffage gratuit .( Un écolo avant l’heure.)
J'y voyais des gerbes d’étincelles dans la lumière aveuglante de l’arc électrique.
Notre inventeur inventait.
N’avait-il pas fait une machine à laver en tôles galvanisées pour ma grand-mère ?
Ancêtre de nos machines actuelles , elle était carrée avec une roue à ailettes sur un plan inclinée dans le fond de la cuve.
Elle n'avait rien à voir avec les machines en bois de l’époque.
Cette maison passée, nous continuâmes vers le « retour-d’air » du haut de la rue, et derrière, nous découvrîmes la décharge.
J'escaladais les monts à la recherche de trésors. Mon grand-père d’un coup sec de sa massette décollait des briques .
Puis d’un autre coup précis de sa truelle, il faisait sauter le mortier pour faire apparaître une brique « décrottée ».
Après un travail acharné, le char à banc fut chargé.
Mon grand-père semblable à un cheval tirait de toutes ses forces . Moi, je faisais semblant de pousser…
Nous nous retrouvâmes en haut de la rue de La Liberté.
Commença alors la descente beaucoup moins pénible. Mais mon aïeul avait oublié son poids ( 50 kg ) pour freiner le chargement.
« L’attelage » prenant de la vitesse, il essaya désespérément de ralentir un mettant la roue dans le caniveau…
Arc-bouté sur ses talons, il tenta de freiner. Mais, il accélérait, trottinait, courait, ne courait plus…porté par les brancards du char à banc…
Et catastrophe ! Toutes les briques volèrent dans tous les coins, le chariot sur le dos et mon grand père les quatre fers en l’air.
Oh, miracle, aucun de nous deux ne fût blessé.
Penauds, nous rentrâmes avec deux rangs de briques, et il refit les autres voyages avec sa bonne vieille brouette.