1966 Quel cinéma
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Version du 22 mai 2016 à 18:39
"1966 Quel cinéma"
Les années 1950 avaient vu apparaître les cinémas familiaux.
Les quêtes, la bonne volonté et le bénévolat permirent à la cité Saint Amé d'avoir le sien.
Il connut ses heures de gloire avec l'irremplaçable série des « DON CAMILLO »
Mon grand-père, communiste, n'appréciait pas trop cette « funeste » publicité.
Les « Jerry Lewis » prirent la relève.
Raymonde, ma tante par alliance y risquait à chaque représentation un infarctus.
Puis la télévision fit main basse sur ces salles désuètes.
Mais...
Fin d'hiver 1966, Mon ami Jean Marie L. vint un jour me demander de l'aider à rouvrir le cinéma fermé depuis plusieurs mois.
Avec l'aide d'amis notre salle obscure accueillera quelques rares inconditionnels
J'y apprends avec le projectionniste à choisir le moment idéal de changement de bobines après les avoir préparées avec un petit morceau de papier placé au bon endroit et
qui s'envolait donnant le signal du départ.
Le collage des films, la reconnaissance du format ( 4/3, cinémascope...), le positionnement des baguettes qui donnent cette lumière si puissante feront partie de mes
apprentissages.
Avec Gilberte D. qui tenait la buvette, nous essayions de faire les 3 séances du W.E.
Sous les 15 spectateurs nous remboursions les tickets.
« Sous le plus grand chapiteau du monde », ce film nous avait mis à rude épreuve avec ses 3 heures de projection.
Nous avions donc organisé un roulement dans la petite salle de projection.
Arriva donc mon tour de service.
La chaleur s'était invitée ce dimanche-là m'obligeant à laisser la porte de la cabine entrouverte.
Mais il fallait continuer à préparer les bobines pour la séance du soir.
Dans le bruit saccadé de la projection à l'autre bout de la petite salle, sur la table de travail, d'un geste régulier, ma main droite rembobinait la pellicule tandis que
ma main gauche, sans appuyer maintenait la cohésion de l'ensemble.
Seul petit problème, ce léger frottement engendrait des décharges plus ou moins fortes de courant statique...
Ce qui devait arriver arriva : une décharge me fit lâcher la bobine qui quitta son présentoir, roula jusqu'à la porte entrouverte, dégringola les escaliers pour continuer
sa trajectoire dans le couloir et courir dans la prairie derrière le FAMILIA. Le tout se torsada et forma des boules indémêlables.
J'y passais toute ma soirée à couper, découper, redécouper, coller, recoller...sans trop savoir ce que ce film donnerait à la prochaine vision !
Je prie encore les spectateurs de l’époque de me pardonner.
Un dimanche, tristement pluvieux, nous avions organisé un rassemblement de tous les syndicats et des associations de la cité .
Voir « les mères chrétiennes» à côté de la CGT, « La croix bleue » jouxtant les boulistes…sont des souvenirs inoubliables.
Sachant que la prairie et ses herbes folles à l’arrière du cinéma devait accueillir les stands, nous avions demandé au fermier rue Montgolfier de nous prêter ses veaux
pour faire office de tondeuse.
La tâche fût rude pour monter ces sauvageonnes dans le camion tôlé. Certains en rient encore .
Mais nous avions oublié un détail qui aura son importance : si la prairie n’avait plus d’herbe, elle était maintenant un champ de « bouses »
La société des accordéonistes liévinois essaiera de réchauffer l’atmosphère sous les bourrasques.
Quelques dimanches plus tard, notre cinéma ferma pour toujours.
« C’ETAIT LA DERNIERE SEANCE »
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