1992 Profession : cascadeur!
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1992 profession « cascadeur »
Comme toutes les écoles primaires et maternelles de Lens, nous avions un créneau horaire, hélas restreint, pour bénéficier de la piscine.
Ce quota horaire, vu la taille de notre établissement et le nombre de nos élèves , 1050 pour 36 classes, ne nous permettaient pas d'assumer à tous l'apprentissage de la
natation.
Une opportunité se présenta alors avec l'accord de la municipalité de Liévin de nous octroyer quelques heures de leurs bassins.
Heures creuses du lundi matin qui nous allaient à ravir : nous bénéficiions encore de la température plus élevée des « bébés nageurs » du dimanche.
Ce jour, de fin juin 1992 était celui des récompenses des efforts de l'année.
Pas de « plus vite », « plus fort », « plus souple », mais des passages au toboggan qui plonge dans le bain.
Me voilà désigné par mes collègues féminines, étant le seul homme , à organiser les passages en haut du toboggan.
Pas d'élèves qui se suivent de trop près, pas de départ à genoux...
Durant 1 heure je retiens, j'invite, j'accélère.
Je supervise la descende « aux frissons ».
Du sol, une de mes collègues m'indique par un signe à sa montre qu'il est venu le temps de mettre un terme à l'activité.
Les derniers montés finissent de se faufiler dans la glissière.
Plus personne, voilà mon tour arrivé...
Je me souviens alors que j'essayais depuis quelques temps des lentilles de contact.
Vont-elles rester à mes pupilles si j'ouvre les yeux ?
Je préfère abandonner l'idée d'emprunter le toboggan mais plutôt de descendre calmement par l'escalier de fer.
Mais le passage continu des enfants l'avait copieusement mouillé.
La première marche ...Puis...Le grand saut...
Imaginez quelques secondes de roulé-boulé avec les membres, la tête, les épaules, les genoux...tout le corps qui frotte sur les barreaux.
Je rebondis d'une marche sur un barreau...d'un barreau sur un coin de marche...
Je me retrouve 6 mètres plus bas, sur le dos, meurtri, blessé, insensible sur tout le corps.
Je regarde le plafond...
Un silence lourd m'accueille, personne ne bouge.
Moi non plus.
J'aperçois alors un cercle de personnes à une dizaine de mètres.
Pour la première et seule fois, 150 élèves regardent sans un mot , bouche bée.
Quelques longues secondes, puis, j'essaie de me soulever sur un coude.
Mes collègues qui étaient pétrifiées osent alors s'approcher.
Je suis vivant !
Mais je suis aussi bon pour un arrêt de travail.
Mon corps est couvert de bleus.
Il n'y aura pas de « deuxième prise »...