1985.03.01 Soirée d'élections
De Wikicitoyenlievin.
(Page créée avec « '''1985.03.10 Soirée d élections''' La salle des fêtes de la mairie brillait de ces soirs d'élections où tous pouvaient enc… ») |
|||
(4 versions intermédiaires masquées) | |||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
- | + | ||
- | + | ||
- | + | ||
- | + | ||
La salle des fêtes de la mairie brillait de ces soirs d'élections où tous pouvaient encore y croire. | La salle des fêtes de la mairie brillait de ces soirs d'élections où tous pouvaient encore y croire. | ||
- | La grande porte laissée ouverte donnait un peu de fraîcheur. | + | La grande porte laissée ouverte donnait un peu de fraîcheur. |
- | Sous les lustres, | + | Sous les lustres, la fumée des cigarettes s'étalait dans un nuage mouvant au gré des courants d'air. |
Un brouhaha de circonstance faisait penser à l'entrée d'une ruche par un beau jour d'été. | Un brouhaha de circonstance faisait penser à l'entrée d'une ruche par un beau jour d'été. | ||
Ligne 21 : | Ligne 18 : | ||
19h15, l'heure du verdict approchait. | 19h15, l'heure du verdict approchait. | ||
- | Claude D. un ami des premiers jours, vint de dire à l'oreille : « le candidat du FN est à la porte avec sa femme » | + | Claude D. un ami des premiers jours, vint de dire à l'oreille : « le candidat du FN est à la porte avec sa femme »... |
- | + | Personne de le connaissait et ne l'avait vu. | |
Son tract de campagne indiquait seulement qu'il était « mineur ». | Son tract de campagne indiquait seulement qu'il était « mineur ». | ||
- | Reculant discrètement tout en discutant, je me rapprochais de la sortie | + | Reculant discrètement tout en discutant, je me rapprochais de la sortie. |
- | + | Le couple était là, appuyé contre la porte... Ils étaient seuls... | |
+ | La vue de cet homme déboussolé et de sa femme accrochée à son bras sera pour moi un sujet de réflexion. | ||
+ | |||
- | + | ''Jusqu'où peut-on aller en politique ? | |
- | + | '' | |
Cet homme, que je pense brave et dont j'ai oublié le nom, était-il conscient de son engagement ? | Cet homme, que je pense brave et dont j'ai oublié le nom, était-il conscient de son engagement ? | ||
Ligne 50 : | Ligne 49 : | ||
Lui dans son costume trop grand, elle avec un manteau de fourrure s'accrochait plus que jamais à son bras. | Lui dans son costume trop grand, elle avec un manteau de fourrure s'accrochait plus que jamais à son bras. | ||
- | Nos regards se croisèrent et me montrèrent la profondeur de leur angoisse, de leur peur... | + | Nos regards se croisèrent et me montrèrent la profondeur de leur angoisse, de leur peur... J'ai ressenti pour eux le vide qui les entourait ... |
- | + | ||
- | J'ai ressenti pour eux le vide qui les entourait ... | + | |
- | + | ||
+ | ''C'est aussi ça la politique.'' |
Version actuelle en date du 9 juillet 2020 à 13:29
La salle des fêtes de la mairie brillait de ces soirs d'élections où tous pouvaient encore y croire.
La grande porte laissée ouverte donnait un peu de fraîcheur.
Sous les lustres, la fumée des cigarettes s'étalait dans un nuage mouvant au gré des courants d'air.
Un brouhaha de circonstance faisait penser à l'entrée d'une ruche par un beau jour d'été.
Tous attendaient les résultats qui arrivaient émiettés de bureaux en bureaux.
Entouré de mes amis, la conversation était ponctuée de « si » !
Et si j'étais élu, et si j'étais battu, et s' il y avait un ballottage...et si...et si...
19h15, l'heure du verdict approchait.
Claude D. un ami des premiers jours, vint de dire à l'oreille : « le candidat du FN est à la porte avec sa femme »...
Personne de le connaissait et ne l'avait vu.
Son tract de campagne indiquait seulement qu'il était « mineur ».
Reculant discrètement tout en discutant, je me rapprochais de la sortie.
Le couple était là, appuyé contre la porte... Ils étaient seuls...
La vue de cet homme déboussolé et de sa femme accrochée à son bras sera pour moi un sujet de réflexion.
Jusqu'où peut-on aller en politique ?
Cet homme, que je pense brave et dont j'ai oublié le nom, était-il conscient de son engagement ?
Des applaudissement accueillirent l'arrivée du Maire avec des résultats conformes aux habitudes.
Quelques poignées de mains compassionnelles se voulurent amicales et chacun regagna la sortie.
mairie
Sur les marches du perron, quelques sympathisants me saluèrent pendant que mon regard se retournait une nouvelle fois vers ce couple qui descendait à grandes enjambées...
Lui dans son costume trop grand, elle avec un manteau de fourrure s'accrochait plus que jamais à son bras.
Nos regards se croisèrent et me montrèrent la profondeur de leur angoisse, de leur peur... J'ai ressenti pour eux le vide qui les entourait ...
C'est aussi ça la politique.