1983 Ma dernière 2CV
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Version du 2 avril 2015 à 09:04
1983 Ma dernière 2 CV
C’était un de ces soirs d’automne où l’on est bien mieux au chaud que sur la route.
La pluie était tombée toute la journée avec des bourrasques de vent qui tourbillonnaient et vous mouillaient jusqu’aux os.
Je préparais le repas du soir en attendant ma femme qui devait rentrer de son travail à Carvin.
La nuit rendait encore plus précieux la chaleur d’un foyer.
Le téléphone sonna.
« -Police de Lens...Monsieur HENAUT ?
- oui…
-Votre épouse vient d’avoir un accident au 4 de Lens…
-Comment va-t-elle ?
– Je ne peux rien vous dire au téléphone …
-Où a eu lieu l’accident ?
-Dans la cité du 4 au croisement des rues Saint Théodore et Saint Amé…
- J’arrive … »
Durant les cinq minutes de trajet, mille questions me montaient à la tête.
Un attroupement d’une cinquantaine de personnes bloquait le carrefour.
Je m’approchai d’un policier qui prenait la déposition d’une dame qui avait vu l’accident en sortant de chez elle pour fermer ses volets.
Je découvris alors la scène.
Ma 2 CV était couchée sur le côté, coupée en deux, encastrée entre la première maison de la cité et un gros platane.
Les roues côté rue, toute la partie vitrée explosée : plus de pare brise, plus de fenêtres, plus de capote…la porte du coffre qui volait au vent !
Mon sang se glaça. Comment survivre avec de tels dégâts ?
Le policier m’indiqua que ma femme était dans l’ambulance. Je présentai le pire. Je m’approchai, ouvris la porte arrière…Personne !
Une dame me cria :
« -Elle est devant. »
Trois pas et, elle était là …discutant avec l’ambulancier…
« -Comment tu vas ? Comment es-tu sortie ?
- A quatre pattes par le coffre ?
- Qu’est-ce qui est arrivé ?
- Je sais pas , j’ai rien vu !!! »
Je retournai voir le policier qui finissait de prendre la déclaration quand une voiture arriva par la rue Saint Théodore.
L’agent de police se fraya un chemin parmi les personnes pour faire libérer le passage quand une dame l’attrapa par la manche et cria :
« C’est la voiture ! »
Le policier fit garer la grosse Peugeot .
« Monsieur Mohammed K. » ne se souvenait de rien…peut-être un petit choc…mais avec la pluie !
Le pare choc avant gauche et son aile, eux, se souvenaient du choc et de la couleur bleue de ma « dedeuche ».
Il rejoignit le fourgon pour sa déposition pendant que la dépanneuse extirpait ma 2 CV de sa position .
Le vent finissait de libérer de mon coffre éventré les dernières affiches électorales.
Elles auraient dû fleurir sur les murs de Liévin mais pour l'instant elles tapissaient tantôt àl’endroit, tantôt à l'envers tout le carrefour.
Ah quoi peut se perdre une élection ! ( Je plaisante…)
Quant à Monsieur Mohammed B., il pourra relire le roman de James M. CAIN : « Le facteur sonne toujours deux fois. »