L'histoire par le trou de la serrure
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J’avais obtenu mon BEPC en juin et je voulais être ingénieur chimiste. Je m’étais donc inscrit au lycée (Henri DARRAS ) en classe de chimie qui devait ouvrir dans les jours qui suivaient la rentrée. Sans la classe ouverte ce jour, le directeur du collège Descartes avait accepté de nous garder quelques jours dans ses locaux.( Nous étions quatre) | J’avais obtenu mon BEPC en juin et je voulais être ingénieur chimiste. Je m’étais donc inscrit au lycée (Henri DARRAS ) en classe de chimie qui devait ouvrir dans les jours qui suivaient la rentrée. Sans la classe ouverte ce jour, le directeur du collège Descartes avait accepté de nous garder quelques jours dans ses locaux.( Nous étions quatre) | ||
- | Les jours, les semaines, les mois passent. Monsieur B. le directeur du collège nous appelle à son bureau et nous informe, que pour ne pas perdre entièrement notre année il nous a | + | Les jours, les semaines, les mois passent. Monsieur B. le directeur du collège nous appelle à son bureau et nous informe, que pour ne pas perdre entièrement notre année il nous a inscrit à l’examen du BE ( brevet d’enseignement). |
Le brevet d’enseignement en poche, je retourne pour une troisième fois au collège Descartes dans l’attente de l’ouverture de la classe de chimie. | Le brevet d’enseignement en poche, je retourne pour une troisième fois au collège Descartes dans l’attente de l’ouverture de la classe de chimie. | ||
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http://www.youtube.com/watch?v=WExN3rXEvfc | http://www.youtube.com/watch?v=WExN3rXEvfc | ||
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Pour faire passer ma douleur, ma mère m’offrit un baigneur qui devait censer être mon petit frère ! Avec sa tenue tricotée jaune et bleue, il trône toujours sur la garde robe de la chambre. | Pour faire passer ma douleur, ma mère m’offrit un baigneur qui devait censer être mon petit frère ! Avec sa tenue tricotée jaune et bleue, il trône toujours sur la garde robe de la chambre. | ||
Quand les bras lui tombent, je lui change les élastiques… | Quand les bras lui tombent, je lui change les élastiques… | ||
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Diane, Mignonne, Mira, Pollux, Câline, Argos, Héra, Cybelle… | Diane, Mignonne, Mira, Pollux, Câline, Argos, Héra, Cybelle… | ||
- | Ceux ne sont pas là les noms des prochain(e)s candidat(e)s à un jeu télévisé, non, ceux sont les chiens qui ont partagé ma vie. Tous de la race des « MUTTS » . C’est une race maintenant universellement connue grâce au président OBAMA qui l’a décrite comme en étant lui-même un représentant : c’est à dire un bâtard. Chacun d’entre eux à l’évocation de son nom fait remonter à ma mémoire des moments d’émotion, de joie, de tristesse, parfois de colère vite étouffé par les souvenirs plus heureux.1947, Diane, la première, comme tous les chiens des corons, avait sa niche dans la cour et pour toute liberté une chaîne d’un mètre cinquante. C’était comme ça ! Son repas, composé des maigres restes de table était souvent des morceaux de pain dur arrosés de café au lait et saupoudrés des poussières du sucrier. Elle passait son temps grimpée sur le toit de sa niche, pouvant ainsi apercevoir les passants à travers les barreaux de bois de la clôture. Elle n’avait aucun rappel et si sa chaîne cassait , la rattraper ressemblait à une mêlée de catch après une course poursuite dans les rues de la cité. 1949, mon père rentra un jour avec la poche de son veston gonflé qui nous fit découvrir la nouvelle arrivée. Mignonne, mi ratier mi caniche, était une boule de longs poils blancs. Sa couleur lui value de pouvoir vivre dans la maison. Presque tous les samedis elle avait droit à un bain suivi de longues heures de coiffure. Ma mère préparait Mignonne pour le retour de la mine de mon père vers 23 heures. Il aimait la voir propre, coiffée, exubérante. C’était son plaisir. Mira viendra après quelques années sans chien. Elle était le croisement d’un boxer avec X. Grosse, costaud, elle inspirait le respect que ma mère veuve recherchait aussi de par son handicap physique. Elle condamnait à une mort rapide tous les chats qui s’approchaient. | + | |
- | Elle a son portrait peint accroché dans mon pool house. Pollux s’invita un soir dans ma classe à la sortie des élèves. Mes enfants de 3 et 4 ans le prirent dans leurs bras et il arriva à conquérir celle qui allait s’en occuper jusqu’à la fin de ses jours. C’était le parfait exemple du bâtard : fugueur, bagarreur, excité. Disparaissant un dimanche, il réapparaissait le dimanche suivant couvert de puces, de tiques, de plaies et de bosses. Agé de 10 ans, il avait mis à mal ses reins et le vétérinaire n’eut que le seul recourt de le « piquer ». Jamais plus je ne referai cela. Le regard de votre chien en train de mourir vous suit pour toujours. La suivante, Câline, arriva quelques jours plus tard. « Epagneule » de par un ami de sa maman chienne, elle avait un faible pour mes poussins. Nous ne la garderons que quatre ans. Renversée par une voiture, elle était devenu épileptique. Elle disparaîtra dans une prairie où nous pique niquions , entrant vraisemblablement dans un terrier et y faisant une crise qui la tuera. Nos vacances prirent fin après cet épisode. Argos avait été choisi par toute la famille : une première. Setter anglais de confession…l’hypocrite né ! Huit fois il sera conduit chez le vétérinaire pour avoir un certificat pour l’assurance des « mordus » . Un jour, il m’arrachera la tempe pour défendre mon épouse. Sa photo est accrochée dans la cuisine. Héra, une beauceronne revue et corrigée, de ses quarante kilos elle remplira notre vie pendant onze ans. Les collègues de ma femme insistait pour qu’elle m’appelle le midi pour entendre Héra répondre au téléphone. Elle n’aboyait pas, ne grognait pas, mais émettait de longues phrases avec une mélodie et des intonations qu’elle ne faisait qu’à cette occasion. Pendant deux à trois minutes elle racontait sa vie à l’écouteur !!! Son instinct, son expérience, son engagement allait jusqu’à savoir ( deviner ?) l’heure du retour mon épouse de son travail…y compris les jours de réunions où les horaires étaient décalés de plusieurs heures ??? Elle savait le jour où nous recevions en comptant les assiettes. Elle se mettait debout à la fenêtre et attendait l’arrivée des convives. | + | Ceux ne sont pas là les noms des prochain(e)s candidat(e)s à un jeu télévisé, non, ceux sont les chiens qui ont partagé ma vie. Tous de la race des « MUTTS » . |
- | Seul problème, sa voiture était un objet sacré que personne ne pouvait toucher ou approcher sans connaître sa voix…et ses dents. Elle a sa tombe à côté de celle d’Argos dans le fond du jardin. Toutes les deux sont fleuries sans soucis du candira-t-on ! Dans un mois, nous fêterons les deux ans de Cybelle. Si vous avez vu « Bienvenue chez les chtis », vous avez vu où nous avons découvert notre « petite gaillette ». Une rue de terre, de cailloux et de flaques bordée de deux corons. En sortant de la voiture, nous avions repéré aussi vite la maison des propriétaires à l’odeur de pipi de chiens. Ce couple se faisait un peu d’argent en vendant des petits chiens sous des races dont il ignorait à quoi ils pouvaient ressembler. J’ai donc acheté ma petite Cybelle avec le titre de « Beauceron » , sans un seule tache marron… Mes 90 € ont dû servir à terminer la semaine. Ma bonne action n’est pas resté vaine, puisque je dis que je sais maintenant combien pèse l’amour : | + | |
+ | C’est une race maintenant universellement connue grâce au président OBAMA qui l’a décrite comme en étant lui-même un représentant : c’est à dire un bâtard. | ||
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+ | Chacun d’entre eux à l’évocation de son nom fait remonter à ma mémoire des moments d’émotion, de joie, de tristesse, parfois de colère vite étouffé par les souvenirs plus heureux. | ||
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+ | 1947, Diane, la première, comme tous les chiens des corons, avait sa niche dans la cour et pour toute liberté une chaîne d’un mètre cinquante. C’était comme ça ! Son repas, composé des maigres restes de table était souvent des morceaux de pain dur arrosés de café au lait et saupoudrés des poussières du sucrier. Elle passait son temps grimpée sur le toit de sa niche, pouvant ainsi apercevoir les passants à travers les barreaux de bois de la clôture. Elle n’avait aucun rappel et si sa chaîne cassait , la rattraper ressemblait à une mêlée de catch après une course poursuite dans les rues de la cité. | ||
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+ | 1949, mon père rentra un jour avec la poche de son veston gonflé qui nous fit découvrir la nouvelle arrivée. Mignonne, mi ratier mi caniche, était une boule de longs poils blancs. Sa couleur lui value de pouvoir vivre dans la maison. Presque tous les samedis elle avait droit à un bain suivi de longues heures de coiffure. Ma mère préparait Mignonne pour le retour de la mine de mon père vers 23 heures. Il aimait la voir propre, coiffée, exubérante. C’était son plaisir. Mira viendra après quelques années sans chien. Elle était le croisement d’un boxer avec X. Grosse, costaud, elle inspirait le respect que ma mère veuve recherchait aussi de par son handicap physique. Elle condamnait à une mort rapide tous les chats qui s’approchaient. | ||
+ | Elle a son portrait peint accroché dans mon pool house. | ||
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+ | 1973, Pollux s’invita un soir dans ma classe à la sortie des élèves. Mes enfants de 3 et 4 ans le prirent dans leurs bras et il arriva à conquérir celle qui allait s’en occuper jusqu’à la fin de ses jours. C’était le parfait exemple du bâtard : fugueur, bagarreur, excité. Disparaissant un dimanche, il réapparaissait le dimanche suivant couvert de puces, de tiques, de plaies et de bosses. Agé de 10 ans, il avait mis à mal ses reins et le vétérinaire n’eut que le seul recourt de le « piquer ». Jamais plus je ne referai cela. Le regard de votre chien en train de mourir vous suit pour toujours. | ||
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+ | 1983, La suivante, Câline, arriva quelques jours plus tard. « Epagneule » de par un ami de sa maman chienne, elle avait un faible pour mes poussins. Nous ne la garderons que quatre ans. Renversée par une voiture, elle était devenu épileptique. Elle disparaîtra dans une prairie où nous pique niquions , entrant vraisemblablement dans un terrier et y faisant une crise qui la tuera. Nos vacances prirent fin après cet épisode. | ||
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+ | 1987, Argos avait été choisi par toute la famille : une première. Setter anglais de confession…l’hypocrite né ! Huit fois il sera conduit chez le vétérinaire pour avoir un certificat pour l’assurance des « mordus » . Un jour, il m’arrachera la tempe pour défendre mon épouse. Sa photo est accrochée dans la cuisine. | ||
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+ | 1998, Héra, une beauceronne revue et corrigée, de ses quarante kilos elle remplira notre vie pendant onze ans. Les collègues de ma femme insistait pour qu’elle m’appelle le midi pour entendre Héra répondre au téléphone. Elle n’aboyait pas, ne grognait pas, mais émettait de longues phrases avec une mélodie et des intonations qu’elle ne faisait qu’à cette occasion. Pendant deux à trois minutes elle racontait sa vie à l’écouteur !!! Son instinct, son expérience, son engagement allait jusqu’à savoir ( deviner ?) l’heure du retour mon épouse de son travail…y compris les jours de réunions où les horaires étaient décalés de plusieurs heures ??? Elle savait le jour où nous recevions en comptant les assiettes. Elle se mettait debout à la fenêtre et attendait l’arrivée des convives. | ||
+ | Seul problème, sa voiture était un objet sacré que personne ne pouvait toucher ou approcher sans connaître sa voix…et ses dents. Elle a sa tombe à côté de celle d’Argos dans le fond du jardin. Toutes les deux sont fleuries sans soucis du candira-t-on ! | ||
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+ | 2009,Dans un mois, nous fêterons les deux ans de Cybelle. Si vous avez vu « Bienvenue chez les chtis », vous avez vu où nous avons découvert notre « petite gaillette ». Une rue de terre, de cailloux et de flaques bordée de deux corons. En sortant de la voiture, nous avions repéré aussi vite la maison des propriétaires à l’odeur de pipi de chiens. Ce couple se faisait un peu d’argent en vendant des petits chiens sous des races dont il ignorait à quoi ils pouvaient ressembler. J’ai donc acheté ma petite Cybelle avec le titre de « Beauceron » , sans un seule tache marron… Mes 90 € ont dû servir à terminer la semaine. Ma bonne action n’est pas resté vaine, puisque je dis que je sais maintenant combien pèse l’amour : 24,4 kg. Jamais plus de trois mètres entre nous deux, jamais une sortie en voiture sans cet anti-vol exceptionnel, jamais plus d’une heure sans un câlin. Tout le monde sait où nous habitons : « -C’est la maison au chien noir… » | ||
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+ | 2012.12.18 Le Figaro page 7...Pauvre Président ZUMA ... | ||
+ | qui n'a sans doute jamais eu de chien, et qui voit le monde en " 2 couleurs": le blanc et le noir ... | ||
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+ | [[Fichier:2012.12.28 chien blanc ou noir.jpg ]] | ||
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Je n’ai jamais revu cette famille. | Je n’ai jamais revu cette famille. | ||
10 ans plus tard, rue Henri Martin, dans un petit chalet au fond du jardin, Madame G. deviendra locataire de ma mère jusqu’à sa mort et celle de son époux. | 10 ans plus tard, rue Henri Martin, dans un petit chalet au fond du jardin, Madame G. deviendra locataire de ma mère jusqu’à sa mort et celle de son époux. | ||
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L’ingénieur n’a jamais su qu’un enfant de 9 ans avait fait briller sa lampe et fait briquet avec s’in père dans la fosse Saint d’Amé du 3 de lens. | L’ingénieur n’a jamais su qu’un enfant de 9 ans avait fait briller sa lampe et fait briquet avec s’in père dans la fosse Saint d’Amé du 3 de lens. | ||
Que de souvenirs… | Que de souvenirs… | ||
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+ | Il faudra attendre le 2 février 1986 pour que je puisse descendre à la fosse 9 d'Oignies... | ||
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+ | [[Fichier:1986.02.06 Fosse 9 d'Oignies.jpg ]] | ||
Version actuelle en date du 9 septembre 2014 à 12:47
[[1949.10.01 Jour de rentrée scolaire]]
Ce samedi apportait son soleil automnal à la rentrée scolaire. Ma mère m’avait confié à la voisine pour me conduire à l’école avec ses enfants…Elle viendrait nous rechercher à onze heures trente. Elles avaient organisé un tour de rôle. Arrivés au bout de la rue Papin, nous avions longé le mur de la fosse, et plus particulièrement « le triage ».Puis nous contournions par un chemin de terre le jardin du Maître Porion pour déboucher dans la rue de l’Abregain. Cent mètres plus loin, sur notre droite, nous débouchions sur la place Saint Amée. L’école maternelle au coin des rues Jules Guesde et Montgolfier n’avait ouvert que la porte du grand portail pour accueillir tout ce petit monde. La cour était bruyante des jours de rentrée. Puis les portes des classes s’ouvrirent et les mamans conduisirent leur(s) rejeton(s) dans les salles qui les attendaient. Ma voisine me traînait par la main.
Et, il fut convenu que je n’étais inscrit nul part. On me conduisit à l’école primaire des garçons…ou là, on m’avait attendu ! Je fis donc mon entrée en classe avec une bonne heure de retard.
C’était ma première fausse rentrée.
1957 septembre.
Ma deuxième fausse rentrée.
J’avais obtenu mon BEPC en juin et je voulais être ingénieur chimiste. Je m’étais donc inscrit au lycée (Henri DARRAS ) en classe de chimie qui devait ouvrir dans les jours qui suivaient la rentrée. Sans la classe ouverte ce jour, le directeur du collège Descartes avait accepté de nous garder quelques jours dans ses locaux.( Nous étions quatre)
Les jours, les semaines, les mois passent. Monsieur B. le directeur du collège nous appelle à son bureau et nous informe, que pour ne pas perdre entièrement notre année il nous a inscrit à l’examen du BE ( brevet d’enseignement).
Le brevet d’enseignement en poche, je retourne pour une troisième fois au collège Descartes dans l’attente de l’ouverture de la classe de chimie.
Le décès de mon père mettra fin à cette attente en commençant à travailler comme garçon de course à la BNCI, banque lensoise.
J’attends toujours ma convocation pour faire la rentrée au lycée H. DARRAS …
1949 jeudi 26 mai ASCENSION
Ma maman faisait partie des mères chrétiennes. A ce titre, elle avait préparé la procession de l’Ascension avec les autres voisines. Nous partirions de l’église Saint Amé pour rejoindre l’église Saint Martin. . Le soleil radieux avait bien voulu être de la partie. Les mineurs avaient fourni une délégation en tenue, et chaque année de catéchisme son contingent en costume de communion pour les plus âgés. Le Père B. ,curé de la paroisse sous un dais tenu par des mineurs, portait le Saint sacrement. Quant à moi, je marchais seul devant cet équipage « déguisé » en ange…Les ailes que l’on m’avait fixées dans le dos penchaient tantôt à droite tantôt à gauche au gré des pavés qui rythmaient ma démarche mal assurée avec les petits souliers vernis qui me meurtrissaient les pieds. Les cantiques redoublaient et les spectateurs des deux côtés de la route nous faisaient une haie d’honneur. Franchement j’avais hâte d’être arrivé et je jetais des regards pour retrouver ma mère qui suivait en chantant . Mon père , lui, se faufilait sur le trottoir derrière la foule. C’est avec le plus grand soulagement que je découvris les baraquements qui donneraient place à la salle Chanzy. Ouf, l’ange allait redevenir un humain.
2006 Jeudi 10 août : En solitaire'
Cela devait être un voyage ordinaire.
Mon épouse et moi devions aller à Chicago voir notre fille.
Hélas, le décès de ma maman la veille de notre départ change tous nos plans.
Afin de ne pas perdre nos deux billets d’avion, nous convenons qu’elle partirait seule et que je remonterais dans le pas de Calais pour les obsèques.
Jeudi trois août, quatre heures du matin, nous partons pour l’aéroport de Marseille Marignane, puis je remonte pour Liévin .Quatre août : obsèques. Samedi, je rejoins ma maison en provence. J’ai pu obtenir un nouveau billet pour le jeudi dix août. Pour ce voyage, une escale est prévue à Amsterdam. Mon épouse m’avait indiqué le trajet dans cet aéroport car le temps pour ce changement d’avion était relativement court. Me voilà au dessus de l’atlantique à côté de la porte de sortie. Si cette place est bonne pour pouvoir allonger ses jambes elle est glaciale car la porte est mal isolée. Aéroport de Chicago, la sortie de l’avion et la ruée habituelle des passagers avec un seul bagage à main et qui sont attendus. Le contrôle des identités où ma méconnaissance de l’anglais me fait me retrouver dernier de la queue.
Une policière apercevant mon passeport européen me conduit à un poste libre où l’officiel me tamponne mes papiers sans un mot, sans rien me demander comme à son habitude ( combien de jours le voyage ? chez qui ? Combien ai-je d’argent ?…). Je me retrouve devant le tapis tournant qui m’apporte ma valise. Je suis seul dans ce hall avec quelques policiers qui discutent… Tout le monde est bloqué au contrôle précédent…
Les douaniers jettent un regard rapide à ma valise fermée et me font signe de passer…
Je n’ai jamais été aussi vite vers la sortie… toujours seul ! Avec mon caddy je pousse la porte de sortie et là une volée de flashs d’appareils photos, de caméras de télévision ( même la CNN) m’aveugle et j’entends crier des personnes que je ne peux pas voir et que d’ailleurs je ne comprends pas ! Certaines sont montées sur des escabeaux pour mieux réussir leurs photos… J’aperçois alors ma fille qui leur crie de la laisser passer et que je suis « insensible » à toutes leurs questions…que je suis « french » et que je ne parle seulement que le « french ».
Les flashs cessent et je peux enfin demander , car je ne suis pas l’acteur à la mode, que se passe-t-il ? Ma femme et ma fille qui avaient préparé une pile de livres sous le bras pour une longue attente prévue, m’annoncent que tous les vols d’avions dans le monde avaient été suspendus après des menaces d’attentats. Nous étions les seuls dans les airs, et les journalistes voulaient savoir si nous étions au courant de la situation ? Si on nous avait avertis ? Je peux dire que NON, et que cela valait peut être mieux. Je n’ose imaginer ce vol si nous avions été au courant…Ma photo n’est passée nul part !
[modifier] 1987 Samedi 15 août Bellewarde
Nous avions décidé de faire un pique nique au parc de Bellewaerde en Belgique. Pas le petit pique nique, non, LE PIQUE NIQUE… Avec nos amis Bibi, Annick et leur deux fils Franck et Frédéric , nous nous avions réparti les tâches : eux les entrées et nous le plat de résistance. Nous arrivâmes donc sur place sur les coups de midi. Toutes les places semblaient occupées, sauf un parasol au bord de la rivière avec quatre chaises. Que diable, la jeunesse s’assiéra dans l’herbe et sur les murets autour. Commença alors le malheur de nos voisins acharnés sur un sandwich coriace. Le premier bouchon de champagne attira tous les regards et les huit flûtes de verre se remplirent d’un breuvage vrai, sorti de la glacière aux vins. Quelques biscuits apéritifs, puis nous attaquâmes les entrées. Une petite terrine de pâté campagnard s’installa au milieu des asperges, des tomates et des radis. Les baguettes craquantes fraîchement achetées à Lens cassèrent avec le bruit qui annonce son goût. Une bouteille de rosé remplaça le champagne dans des verres à vin. Un dernier coup de croûton beurré pour assécher l’assiette et la grosse terrine en grès laissa apercevoir un pâté de lapin à la provençal en morceaux. Les haricots verts cueillis la veille furent les biens venus avec des nouvelles pommes de terre en salade. Le bouchon d’une bouteille de Saint Emilion avait secoué une nouvelle fois l’oreille des passants. Annick sortit alors un Paris Brest que lui avait confectionné sa voisine. Une deuxième bouteille de champagne arrosa ce gâteau crémeux à souhait. Enfin , la bouteille thermos nous offrit une tasse de café avec un petit verre de Calvados du meilleur crû. Nous étions à la fin du repas et quinze heures s ‘annonçaient à nos montres. Après un bref retour à nos voitures pour ranger nos quatre glacières et se faire tamponner le dos de la main au portail, nos pûmes attaquer le parc de jeux dans les meilleures dispositions. La descente de la rivière en radeaux ronds de caoutchouc nous secoua à ravir et en même temps que je recevais un paquet d’eau au visage , atterrit une montre sur mes genoux. Je la rangeais sans rien dire dans ma poche. A la fermeture du parc, nous nous retrouvâmes devant nos voitures, mouillés jusqu’aux os. « Merde, j’ai perdu ma montre !… » Bibi se désolait d ‘avoir ainsi égaré un cadeau de sa maman. « Tu paies un coup et tu la retrouveras… » « Tu sais je te paierais bien un coup sans ça, me dit-il. » Tout le monde reprit le chemin de Lens à petite vitesse jusqu’au chemin Manot , pour un Barbecue. Bibi prépara le pastis et la magie sortit de ma poche la montre « retrouvée ». Quand je vous dis que tout est bien qui finit bien !
http://www.laprovence.com/article/france/les-pigeons-voyageurs-cest-son-dada
1950 Quand les souvenirs flirtent avec le présent
Voilà le genre d’article qui vous tire 60 ans en arrière.
Dimanche matin, 7 heures, Radio Lille retransmettait la météo et les heures de lachers de pigeons.
« 6 heures 30, ALBERT météo , vent ouest à pluvieux 6 heures 45, ORLEANS météo, orageux à couvert… »
Et ainsi toutes les stations de lacher de pigeons étaient passées en revue. Mon grand père, l’oreille collait à sa TSF n’aurait pas supporté le moindre bruit. A la fin, il se relevait en disant : « Ils seront là à 11 heures un quart… » Alors commençait l’attente. Les plateaux de grains étaient remplis, les abreuvoirs dégorgeaient d’eau fraîche, les clavettes qui fermaient l’entrée du pigeonnier vérifiées… Il tournait en rond dans la cour , s’occupant de ses coqs, ramassait les œufs, fumait une dernière cigarette avant l’heure fatidique. Les premières vagues filaient au ras des toits dans un claquement d’ailes que rien ne peut faire oublier. « C’est « ALBERT », encore un quart d’heure. Puis le point noir qui grossissait et qui venait se poser sur le toit en moins de 3 secondes. Quelques roucoulements et le héros du jour qui plongeait dans son pigeonnier. Mon grand père franchissait les douze barreaux de l’échelle en trois enjambées puis dans l’univers du pigeon, il attrapait l’athlète d’une main sûre, lui enlevait la bague de couleur, la mettait dans la constateur et clic d’un coup sec, il pointait l’heure de l’arrivée. Depuis son arrivée sur le toit, 10 secondes s’étaient écoulées.. Alors, malheur au « m’as-tu vu » qui se posant sur le toit, voletait sur l’arbre du voisin, puis paradait sur la faîtière durant des minutes sans souci de son avenir qui était déjà tout tracé : le pigeon aux petits pois du lundi !
2011.07.11 Petit complément : le sauvetage de Cybelle
Toutes les petits récits sont issus de mes souvenirs. Mais il y en a de tout récent.
Ci-dessous, j’ai remis en scène tous mes chiens, et la petite dernière de la famille s’est montrée être « un amour ». Ce sera aux lecteurs de juger.
Cybelle, la « mutt », la bâtarde, va sauver de la noyade un petit chien…je ne sais trop comment, ni à quel instinct elle a réagi ! Elle va se précipiter pour voir , puis tout aussi vite, elle va venir me chercher pour aller au secours du petit chien. Le tout sera filmé par une caméra vidéo de surveillance.
http://www.youtube.com/watch?v=WExN3rXEvfc
1956 premières vacances
Chaque jour en revenant de la plage de Berck-plage, nous passions devant un café dans la rue principale avec une grande ardoise où figurait le nom du vainqueur de l’étape et celui du maillot jaune : « Roger WALKOWIAK », un inconnu ! Mes parents avaient succombé aux récits de Félicienne et de Roger D. Ces amis fréquentaient Berck depuis deux ans déjà et narraient avec un plaisir certain les pêches à la crevette au petit matin ou les seaux de coques ramassées dans la baie de l’Authie.
Nous avions récupéré pour quinze jours une grande pièce au dessus d’un garage à côté de l’hôtel REGINA, lieu de repos des mineurs chanceux (sic).
La température de l’eau oscillait entre dix huit et vingt degrés et ne me donnait pas vraiment envie de baignade prolongée. L’odeur continue de poisson me rappelait trop les six mois ou j’avais dû en manger après ma méningite. La pluie et le vent chargé de sable qui croquait sous la dent en permanence finissait de me rappeler « - tout sauf la mer ». Et pour couronner l’ensemble, cette phrase que je mis dans une rédaction de rentrée et qui me fut rappeler comme un leitmotiv : « J’ai trouvé un’ étoile ed’mer , d’un l’guleau un face d’un pichonnerie ! »
Mes parents ne parlant que le patois ne m’avaient fait écouter que ce dialecte.
Le français était la langue étrangère que l’on parlait et apprenait à l’école.
Chti, ti t’as compris. Après mon mariage, en couple, nous retournâmes à Berck et au Touquet tous les 1er novembre durant au moins dix ans…Pas rancunier.
1948 Une singulière opération
Ma tante Julia se faisait remarquer par sa gentillesse, son calme, sa sérénité.
Après la guerre 14, elle avait travaillé comme bonne à tout faire dans une « grande famille » de Tourcoing. Elle y donnait parfois un coup de main à la cuisinière quand « Madame » recevait le Cardinal de Lille. De ce travail , elle avait gardé un savoir-faire et une intelligence qu’elle mettait à profit pour arrondir ses fins de mois dans la banlieue parisienne. Elle habitait une maison à Châtou face à des champs de salades à perdre de vue .Ma tante travaillait avec son mari aux établissements « Pathé » et faisait quelques ménages ou réceptions comme cuisinière chez les notables du coin. Elle connaissait ainsi un chirurgien du Vésinet. Celui-ci avait accepté de s’occuper de moi bénévolement pour service rendu.
C’est ainsi qu’un jour il arriva chez ma tante, me fit sentir une fleur de sa boutonnière, et je me réveillais avec un bon mal de nez. Dans la cuisine, il m’avait opéré des végétations tout simplement.
J’avais ainsi évité toute possibilité d’attraper une maladie nosocomiale…
Pour faire passer ma douleur, ma mère m’offrit un baigneur qui devait censer être mon petit frère ! Avec sa tenue tricotée jaune et bleue, il trône toujours sur la garde robe de la chambre.
Quand les bras lui tombent, je lui change les élastiques…
'Avoir du "chien" " ETRE RACISTE"
Diane, Mignonne, Mira, Pollux, Câline, Argos, Héra, Cybelle…
Ceux ne sont pas là les noms des prochain(e)s candidat(e)s à un jeu télévisé, non, ceux sont les chiens qui ont partagé ma vie. Tous de la race des « MUTTS » .
C’est une race maintenant universellement connue grâce au président OBAMA qui l’a décrite comme en étant lui-même un représentant : c’est à dire un bâtard.
Chacun d’entre eux à l’évocation de son nom fait remonter à ma mémoire des moments d’émotion, de joie, de tristesse, parfois de colère vite étouffé par les souvenirs plus heureux.
1947, Diane, la première, comme tous les chiens des corons, avait sa niche dans la cour et pour toute liberté une chaîne d’un mètre cinquante. C’était comme ça ! Son repas, composé des maigres restes de table était souvent des morceaux de pain dur arrosés de café au lait et saupoudrés des poussières du sucrier. Elle passait son temps grimpée sur le toit de sa niche, pouvant ainsi apercevoir les passants à travers les barreaux de bois de la clôture. Elle n’avait aucun rappel et si sa chaîne cassait , la rattraper ressemblait à une mêlée de catch après une course poursuite dans les rues de la cité.
1949, mon père rentra un jour avec la poche de son veston gonflé qui nous fit découvrir la nouvelle arrivée. Mignonne, mi ratier mi caniche, était une boule de longs poils blancs. Sa couleur lui value de pouvoir vivre dans la maison. Presque tous les samedis elle avait droit à un bain suivi de longues heures de coiffure. Ma mère préparait Mignonne pour le retour de la mine de mon père vers 23 heures. Il aimait la voir propre, coiffée, exubérante. C’était son plaisir. Mira viendra après quelques années sans chien. Elle était le croisement d’un boxer avec X. Grosse, costaud, elle inspirait le respect que ma mère veuve recherchait aussi de par son handicap physique. Elle condamnait à une mort rapide tous les chats qui s’approchaient. Elle a son portrait peint accroché dans mon pool house.
1973, Pollux s’invita un soir dans ma classe à la sortie des élèves. Mes enfants de 3 et 4 ans le prirent dans leurs bras et il arriva à conquérir celle qui allait s’en occuper jusqu’à la fin de ses jours. C’était le parfait exemple du bâtard : fugueur, bagarreur, excité. Disparaissant un dimanche, il réapparaissait le dimanche suivant couvert de puces, de tiques, de plaies et de bosses. Agé de 10 ans, il avait mis à mal ses reins et le vétérinaire n’eut que le seul recourt de le « piquer ». Jamais plus je ne referai cela. Le regard de votre chien en train de mourir vous suit pour toujours.
1983, La suivante, Câline, arriva quelques jours plus tard. « Epagneule » de par un ami de sa maman chienne, elle avait un faible pour mes poussins. Nous ne la garderons que quatre ans. Renversée par une voiture, elle était devenu épileptique. Elle disparaîtra dans une prairie où nous pique niquions , entrant vraisemblablement dans un terrier et y faisant une crise qui la tuera. Nos vacances prirent fin après cet épisode.
1987, Argos avait été choisi par toute la famille : une première. Setter anglais de confession…l’hypocrite né ! Huit fois il sera conduit chez le vétérinaire pour avoir un certificat pour l’assurance des « mordus » . Un jour, il m’arrachera la tempe pour défendre mon épouse. Sa photo est accrochée dans la cuisine.
1998, Héra, une beauceronne revue et corrigée, de ses quarante kilos elle remplira notre vie pendant onze ans. Les collègues de ma femme insistait pour qu’elle m’appelle le midi pour entendre Héra répondre au téléphone. Elle n’aboyait pas, ne grognait pas, mais émettait de longues phrases avec une mélodie et des intonations qu’elle ne faisait qu’à cette occasion. Pendant deux à trois minutes elle racontait sa vie à l’écouteur !!! Son instinct, son expérience, son engagement allait jusqu’à savoir ( deviner ?) l’heure du retour mon épouse de son travail…y compris les jours de réunions où les horaires étaient décalés de plusieurs heures ??? Elle savait le jour où nous recevions en comptant les assiettes. Elle se mettait debout à la fenêtre et attendait l’arrivée des convives. Seul problème, sa voiture était un objet sacré que personne ne pouvait toucher ou approcher sans connaître sa voix…et ses dents. Elle a sa tombe à côté de celle d’Argos dans le fond du jardin. Toutes les deux sont fleuries sans soucis du candira-t-on !
2009,Dans un mois, nous fêterons les deux ans de Cybelle. Si vous avez vu « Bienvenue chez les chtis », vous avez vu où nous avons découvert notre « petite gaillette ». Une rue de terre, de cailloux et de flaques bordée de deux corons. En sortant de la voiture, nous avions repéré aussi vite la maison des propriétaires à l’odeur de pipi de chiens. Ce couple se faisait un peu d’argent en vendant des petits chiens sous des races dont il ignorait à quoi ils pouvaient ressembler. J’ai donc acheté ma petite Cybelle avec le titre de « Beauceron » , sans un seule tache marron… Mes 90 € ont dû servir à terminer la semaine. Ma bonne action n’est pas resté vaine, puisque je dis que je sais maintenant combien pèse l’amour : 24,4 kg. Jamais plus de trois mètres entre nous deux, jamais une sortie en voiture sans cet anti-vol exceptionnel, jamais plus d’une heure sans un câlin. Tout le monde sait où nous habitons : « -C’est la maison au chien noir… »
2012.12.18 Le Figaro page 7...Pauvre Président ZUMA ... qui n'a sans doute jamais eu de chien, et qui voit le monde en " 2 couleurs": le blanc et le noir ...
1953 « Piques trèfle carreau soleil »
C’est par ces mots que ma grand mère désignait le « grand R. D. » Chômeur de profession, il avait tout le temps libre à s’occuper de ses affaires. Ce copain ,ex membre de la famille, venait chercher mon grand père à la maison tous les dimanches à 13h30. Puis avec son side-car, ils écumaient tous les débits de boissons du département jusqu’à la frontière belge. Une ducasse, une course à vélos, un combat de coqs… rien ne leur échappé.
Mais qu’allaient-ils y faire ?
C’est là que le « grand Raymond » gagnait sa vie. Il organisait des paris clandestins avec une verve et un savoir faire indéniable. Arrivé au café complaisant, après une tournée générale, il installait son tapis vert sur une table et commençait son baratin. Mon grand père, complice, commençait à jouer l’argent que le « grand Raymond » lui avait confié. Puis, les parties engagées, son travail ( j’ose à peine le dire) consistait à surveiller les environs. En faction dehors, près de la porte, il attendait la venue de la marée-chaussée… Dès les hommes en bleu aperçus, il rentrait et le tapis vert se refermé. J’ai ainsi pu voir toute cette mise en scène au café « Noël » au carrefour de l’habitude rue Montgolfier un jour de ducasse. Mon grand père me donnant même de l’argent pour jouer « à sa place ». Les retours des dimanches étaient souvent accompagnés de «coqs ou de pigeons » laissés en gage de paiement. Vous avez dit « poker à la télé » !
1957 match de foot
Mon prof de sport, Monsieur M P, m’avait demandé de venir ce jeudi là pour participer à un match de foot contre une sélection…inconnue et qui le restera…comme mon match d’ailleurs. Le temps , gris et froid, conservait des plaques de gelées blanches qui tachaient la pelouse ( plutôt le champ labouré) du deuxième terrain du parc de Rollencourt . Nous étions une dizaine, frigorifiés, dans l’immense chalet de bois à nous habiller. Puis vint le temps des chaussures. Je n’avais jamais mis de chaussures de foot et je n’en possédais pas ! Mon prof, très participatif me confia une paire qu’il avait en stock. Antique, gelée, dur comme un bout de bois elle me résista un maximum à l’enfilement. Et là commença ma punition. Un crampon avait percé la semelle et s’invitait sous ma plante plantaire. Impossible de poser mon pied par terre et de marcher. Je cherchai de quoi renfoncer cette pointe ou de la tordre : un caillou, un bout de bois ou de fer…Je tournai une chaussure à la main autour du chalet dans l’espoir de trouver un remède à ce problème. Après moults efforts sans aucun résultat, je décidai de remettre mes baskets. Le dernier nœud fini, toute la troupe de footballeurs rentra dans le chalet, chassée par une averse de grêles qui blanchit tout le paysage. Le match fut arrêté et mes malheurs aussi. Ce fut ma seule exhibition sur un terrain de sport ! Je bénis le sport qui m’a gardé en forme…
1950 1er Mai
Pour un réveil en fanfare, ce fut un réveil en fanfare.
Sept heures n’avaient pas encore sonné qu’une musique nous tira du sommeil.
En cinq secondes toute la famille était à la fenêtre et aperçut, dans la benne d’un camion, assis sur des chaises, un accordéoniste, un joueur de clairon , un autre avec une batterie entre les jambes et un dernier avec son fusil de chasse. Tout ce petit monde nous jouait une aubade ponctuée d’un splendide coup de fusil. Vive ce premier mai !
Jamais ce carrefour entre la rue Edison et la rue du Colonel Renard n’avait connu un tel événement. Tous nos voisins étaient bien sûr à leurs fenêtres. Et tout le monde applaudit cet orchestre d’un jour. Réveillés, il ne nous restait qu’à nous lever et à entamer une conversation avec nos voisins à travers la route ou par dessus les jardins. La journée s’annonçait ensoleillée. Entre une petite tasse de « jus » chez l’un puis chez l’autre, il fut décidé d’aller faire un pique nique à Lorette. Neuf heures et demi, dix heures, les salades de pommes terre préparées, nous pouvions enfourcher nos vélos.
La rue Montgolfier, la rue Henri Martin, le croisement de la rue Florimond Lemaire, celui de la rue Georges Carpentier, puis le chemin de terre qui nous amenait au croisement de la route d’Arras en bas de la côte ardue qui montait au sanctuaire de notre Dame de Lorette.
La montée se fit à pied, les vélos chargés de sacs à la main. Nous n’étions pas les premiers et cherchâmes un coin ombragé. La nappe étalée par terre, nous pûmes nous rafraîchir d’un bon verre d’eau encore fraîche. Les hommes burent leur premier verre de « Roi de Cœur » , le vin distribué dans la coopérative des mines. Puis, le repas suivi d’une mini sieste et le match de foot avec tous les volontaires qui avaient envahi la prairie. Les tombes militaires étaient à une dizaine de mètres mais personne ne songeait à un quelconque outrage. L’après midi était avancée et le retour fut joyeux ponctué de plaisanteries sur le comportement des uns ou des autres. Une journée simple parmi ceux qui travaillaient dur le restant de l’année.
1946 Les étoiles filantes
Ce soir là, nous avions été souper chez tante Marie rue de l’Abregain.
Elle nous avait fait un pâté d’un de ses lapins qu’elle élevait dans sa cour.
Après le repas, les adultes avaient joué à la manille en tapant du poing sur la table comme à leur habitude. Avec mon cousin, nous avions lu le dictionnaire. La page que je préférais était celle avec les images de scaphandriers. Je la vois encore. Puis sur les coups de vingt deux heures trente nous nous séparâmes. Mon père marchait en donnant le bras à ma mère. Il avançait contre les maisons en évitant les marches, ma mère sur le bord du trottoir de briques et moi à côté . Je lui donnais la main. La rue était sombre à peine éclairée de misérables ampoules. Bientôt elles s’éteignirent : l’heure de l’extinction était arrivée. Nous étions maintenant dans le noir sous les frondaisons des acacias. Arrivés au coin de la rue de la Convention, il fallut redoubler d’attention car il n’y avait plus de trottoir. Le pont à côté de la rue Papin, puis le long mur de la fosse Saint Amé. Une ou deux chauves souris passèrent sans bruit au dessus de nos têtes. Arrivés devant le café de « Marie grande Gueule », commença alors un spectacle unique, grandiose…inquiétant. Le ciel se mit à crépiter et des points lumineux apparurent au dessus de nos têtes, de plus en plus nombreux, de plus en plus lumineux. Des étoiles filantes tombaient dans tous les sens, sans arrêt. Nous nous arrêtâmes un instant. Mon père semblait se demander ce qu’il allait faire. Puis nous continuâmes à avancer , éclairés par instant d’une étoile filante… Jusqu’au café de « l’Habitude » le spectacle continua. Arrivés au bout de notre jardin, tout s’arrêta…La nuit noire était retombée, calme et paisible. Mille vœux n’auraient pas suffit. Combien de personnes ont vu cette pluie, cette averse d’étoiles filantes ?
Quand j'ai écrit cette histoire je ne savais pas que la date de ce souvenir serait publiée dans la presse : 1946
L'Europe est idéalement placée pour observer ce qui pourrait être le plus beau spectacle de météores depuis dix ans.
"Si la météo est clémente, il y aura un très beau spectacle ce samedi soir dans le ciel de France et du reste de l'Europe, avec une pluie d'étoiles filantes exceptionnelle, qui devrait atteindre 600 météores par heure. Un phénomène dix fois plus intense que les célèbres perséides visibles l'été lors des Nuits des étoiles. Ce spectacle céleste sera provoqué par le passage de la Terre dans un nuage de poussière laissée dans l'espace par le passage de la comète 21P/Giacobini-Zinner.
Cette pluie d'étoiles filantes qui culmine d'habitude entre le 8 et le 10 octobre, porte le nom de «draconides», car les traînées lumineuses laissées par l'entrée dans l'atmosphère des poussières semblent provenir de la constellation du Dragon, visible dans l'hémisphère Nord. Le phénomène a aussi été appelé «giacobinides» dans le passé, en mémoire de Michel Giacobini, le Français qui a découvert en 1900 la comète qui porte son nom.
Jérémie Vaubaillon, spécialiste des météores à l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides à Paris, a prévu deux pics d'activité ce samedi soir, le premier vers 19 heures (heure française) et le second vers 22 heures. Le premier pic sera plus difficile à observer car proche du coucher du soleil, mais le deuxième sera plus favorable, malgré une Lune déjà levée et assez brillante.
Jusqu'à 800 météores par heure
Pour cette comète Giacobini-Zinner, qui repasse près de la Terre tous les six ans et demi, un tel pic de 600 étoiles filantes par heure ne devrait pas se reproduire avant quarante ans. Certaines prévisions sont même plus optimistes et annoncent jusqu'à 800 météores par heure. En temps normal, les draconides ne font pas parler d'elles car leur intensité est très réduite, environ 20 étoiles filantes par heure dans des conditions idéales (nuit très noire, sans Lune), la Terre passant en général à côté de la trajectoire de la comète. Cette fréquence n'est pas très éloignée d'une nuit quelconque, pendant laquelle il tombe en moyenne «par hasard» 5 étoiles filantes par heure. Mais certaines draconides furent malgré cela exceptionnelles. En 1933 et en 1946, les astronomes enregistrèrent des pics à plus de 10 000 étoiles filantes par heure, soit presque 3 éclats par seconde ! Un observateur irlandais rapporta en 1933 qu'il avait l'impression «qu'il se mettait à neiger». A posteriori, les spécialistes de la mécanique terrestre ont déterminé que ces deux pics historiques avaient été provoqués par le passage de notre planète dans le nuage de poussière laissé par la comète en 1900.
Pas besoin de télecope
L'optimisme des chercheurs pour ce pic du 8 octobre 2011 vient du fait que la Terre va une nouvelle fois repasser dans ce nuage émis en 1900 et qui se révéla si dense par le passé. Cela devrait provoquer le deuxième pic de samedi vers 22 heures. Les étoiles filantes des draconides ont la particularité d'être assez lentes dans le ciel, et d'être d'une couleur plutôt jaune.
Pour observer dans les meilleures conditions, aucune lunette ni télescope n'est nécessaire, il suffit de lever les yeux et de faire preuve d'un peu de patience pour «voir les étoiles tomber». Dans l'idéal, il faut toutefois disposer d'un ciel dégagé, préférablement vers le nord pour ne pas être perturbé par la luminosité de la lune croissante.
Signe de l'intérêt des chercheurs pour cette pluie de météores, une équipe internationale menée par Jérémie Vaubaillon a monté une campagne d'observation avec un avion du CNRS bardé de caméras, qui volera au-dessus des nuages dans le ciel de la Norvège.
Pour les amateurs qui voudraient se rapprocher d'un club d'astronomie à l'occasion de ces draconides, les sites Internet de la revue Ciel et Espace et de l'Association française d'astronomie recensent les sites ouverts"
1955 Découverte du bois de Riaumont
Elève en classe de sixième, je n’avais pas pu apporté un vieux livre à faire relier car nous n’en avions pas à la maison. Mon père et ma mère lisaient le journal « Nord Matin ». Mes professeurs Messieurs L et P. se partageaient donc la classe tous les samedis après midi. Une partie reliait des livres avec les quatre presses de la classe et je suivais la progression du travail de mes camarades en rentrant de sport en fin de journée. Les autres, nous quittions l’école Paul Bert avec M.P, notre professeur de sport, vers le jardin public , puis grimpions une petite décharge derrière le centre médical et arrivions sur la colline puis la lisière du bois de Riaumont. Dernières consignes : « -Je veux voir tout le monde au troisième coup de sifflet, compris ! » La vingtaine d’élèves se dispersait alors dans le bois, recherchant les trous d’eau pour y faire des rencontres, ou encore organisait un grand saccage de branches pour le plaisir …J’ai ainsi appris à connaître tous les coins du bois : ceux avec les amoureux, ceux avec des casemates, ceux qui donnaient sur la rue Thiers et ses petites boutiques… Pendant ce temps, notre professeur tapait le carton avec trois élèves dans une petite clairière au gazon rasé. Quand il faisait froid, nous avions droit à deux tours de la grande prairie sur le plateau puis à un court match de foot. Après, tout le monde se retrouvait à l’abri du vent dans la forêt. J’ai bien aimé ces cours de sport.
1948 Georges GOHELLE cité Saint Amé
Du haut de mes cinq ans, revenant de l’école, mon attention fut attirée par le « mirador » installé devant la rue Edison. Plus étrange, les rails posés sur la rue Montgolfier…
Tout le carrefour semblait en émoi. J’assistais au tournage du « POINT DU JOUR ».
Je n’ai aucun souvenir de Georges GOHELLE, alias Michel PICOLI, ou de Jean DESAILLY « Larzac ».Mais il me semblait que quelque chose d’important, d’inhabituel se passait.
Les projecteurs allumés en plein jour me rappelait que ma mère me disait : « n’oublie pas d 'éteindre la lumière ! » Puis nous eûmes droit à une ducasse avec le « casse-gueule » qui me faisait froid dans le dos…
Mais pour le mot : « action… »
Je préfère ce jour de la même année , ou jouant dans le fond de mon jardin, près de la rue Montgolfier, j’entendis un grondement sourd se rapprochant, s’amplifiant… Je tournais mon regard vers ce bruit et un pan de mur de la fosse Saint Amé s’écroula : une chenillette en sortit . La grève de 1948 battait son plein. J’y appris que l’ « élingue » que mon père avait dans l’escalier de la cave et qu’il mettait dans ses chaussettes pour aller au travail pouvait être une arme redoutable. Ce bout de câble de 50 cm relié par une corde pour le poignet et le boulon soudé à l’autre bout pouvait rivaliser avec n’importe quelle matraque. J’espère qu’elle n’a jamais servi. Tantôt blanc, tantôt noir…
1983 Ma dernière 2 CV
C’était un de ces soirs d’automne où l’on est bien mieux au chaud que sur la route.
La pluie était tombée toute la journée avec des bourrasques de vent qui tourbillonnaient et vous mouillaient jusqu’aux os. Je préparais le repas du soir en attendant ma femme qui devait rentrer de son travail à Carvin. La nuit était tombée et rendait encore plus précieux la chaleur d’un foyer. Le téléphone sonna. « -Monsieur HENAUT ?- oui…-Votre épouse vient d’avoir un accident au 4 de Lens…-Comment va-t-elle ? – Je ne peux rien vous dire au téléphone …
-Où a eu lieu l’accident ? – Dans la cité du 4 aux croisements des rues Saint Théodore et Saint Amé…- J’arrive … » Durant les cinq minutes de trajet, mille questions me montaient à la tête. J’arrivai. Un attroupement d’une cinquantaine de personnes bloquait le carrefour. Je m’approchai d’un policier qui prenait la déposition d’une dame qui avait vu l’accident en sortant de chez elle pour fermer ses volets. Je découvris alors la scène. Ma 2 CV était couchée sur le côté, coupée en deux, encastrée entre la première maison de la cité et un gros platane, les roues côté rue, toute la partie vitrée explosée : plus de pare brise, de fenêtres, plus de capote…la porte du coffre qui volait au vent ! Mon sang se glaça. Comment survivre avec de tels dégâts ? Le policier m’indiqua que ma femme était dans l’ambulance. Je présentai le pire. Je m’approchai, ouvris la porte arrière…Personne ! Une dame me cria « -Elle est devant. » Trois pas et, elle était là …discutant avec l’ambulancier… « Comment tu vas ? Comment es-tu sortie ?- A quatre pattes par le coffre ? -Qu’est-ce qui est arrivé ? – Je sais pas , j’ai rien vu !!! »Je retournai voir le policier qui finissait de prendre la déclaration quand une voiture arriva par la rue Saint Théodore. L’agent de police se fraya un chemin parmi les personnes pour faire libérer le passage quand une dame l’attrapa par la manche et cria : « C’est la voiture ! » Le policier fit garer la voiture . « Monsieur Mohammed K. » ne se souvenait de rien…peut-être un petit choc…mais avec la pluie ! Le pare choc avant gauche et son aile, eux, se souvenaient du choc et de la couleur bleue de ma « dedeuche ». Il rejoignit le fourgon pour sa déposition pendant que la dépanneuse extirpa ma 2 CV de sa position si inhabituelle pour elle. Pendant ce temps, le vent finissait de libérer de son coffre les dernières affiches électorales qui auraient dû fleurir sur les murs de Liévin et qui tapissaient maintenant tantôt à l’endroit, tantôt à l’envers, le carrefour, la pluie faisant à cette occasion office de colle. Ah quoi peut se perdre une élection ! ( Je plaisante…)
Monsieur Mohammed B. pourra relire le roman de James M. CAIN : « Le facteur sonne toujours deux fois. »
1950 : La mauvaise « bonne idée ».
Le bruit avait couru qu’une nouvelle fosse allait être différente des autres par son absence de chevalements visibles : le 19 de Loos en Gohelle. Elle aurait un terril à côté. Déjà les entreprises de bâtiments avaient trouvé une décharge sauvage pour leurs déchets.
Mon grand-père avait vu les amoncellements de briques, tuiles, bois ou tôles rouillées.
Il avait donc décidé de construire de nouveaux pigeonniers avec ces rejets bon marché.
Il remit en état un vieux char à banc réduit à sa plus simple expression : deux roues, deux brancards et une plate forme. Il pourrait ainsi faire plusieurs brouettes de briques en un seul voyage… Nous voilà donc partis, le passage à niveau du 16 de Lens, puis la rue de La Liberté.
Chaque fois que j’empruntais cette rue, je ne pouvais me demander , avec inquiétude, ce que la maison de « l’original » allait nous faire découvrir ! Située face à la rue Saint Pierre, elle se remarquait avec ses murs doublés de vitres pour faire un chauffage gratuit .( Un écolo avant l’heure.) J'y voyais des gerbes d’étincelles dans la lumière aveuglante de l’arc électrique. Notre inventeur inventait. N’avait-il pas fait une machine à laver en tôles galvanisées pour ma grand-mère ? Ancêtre de nos machines actuelles , elle était carrée avec une roue à ailettes sur un plan inclinée dans le fond de la cuve. Rien à voir avec les machines en bois de l’époque. Passé cette maison, nous continuâmes vers le « retour-d’air » du haut de la rue, puis derrière, nous découvrîmes la décharge. J'escaladais les monts à la recherche de belles briques. Mon grand-père d’un coup sec de sa massette décollait les briques. Puis d’un autre coup précis de sa truelle, il faisait sauter le mortier pour faire apparaître une brique « décrottée ». Après un travail acharné, le char à banc était chargé.
Voilà mon grand-père qui, semblable à un cheval tirait de toutes ses forces …Et nous nous retrouvâmes en haut de la rue de La Liberté. Commença alors la descente. Mais mon aïeul avait oublié son poids ( 50 kg ) pour freiner le chargement. L’attelage prenant de la vitesse, il essaya désespérément de ralentir un mettant la roue dans le caniveau…Arc-bouté sur ses talons, il tenta de freiner. Mais, il accéléra, trottina, courut, ne courut plus…porté par les brancards du char à banc…Et catastrophe ! Toutes les briques volèrent dans tous les coins, le chariot sur le dos et mon grand père les fesses en l’air .Oh, miracle, aucun de nous deux ne fût blessé. Penauds, nous rentrâmes avec deux rangs de briques, et il refit les autres voyages avec sa bonne vieille brouette.
1977 La soirée extraordinaire.
Nous avions coutume, avec mon épouse, de passer dire un petit bonsoir à la tante Elisabeth L. Elle avait tenu un café aux « Marionnettes » rue de Cracovie : « Le Rendez-Vous des Chasseurs » ( et quels chasseurs !) Mais elle tenait maintenant la guinguette de Vimy, rue Sadi Carnot. En cet fin d’après midi , nous constations qu’elle avait un problème. Depuis plusieurs années elle avait comme pensionnaire Martin K.. Il avait appris le matin le décès de sa sœur. Tante Elisabeth, occupée par des ouvriers qui faisaient de menus travaux, ne pouvait pas conduire Martin revoir sa sœur avant la mise en bière. Elle me demanda donc si je ne pouvais pas la remplacer. Et nous voilà parti, Martin et moi, pour la cité du Tonkin à Meurchin. Ce service ne me plaisait pas beaucoup, n’ayant jamais vu de mort à ce jour…Mais… Une femme blonde en pull blanc et jeans, aussi moulant l’un que l’autre, nous ouvrit et accueillit. C’était une nièce de Martin, une fille de la morte. Après l’accolade sur le pas de la porte, nous entrâmes. La morte était allongée sur le divan, en chemise de nuit , pantoufles aux pieds, un mouchoir sur le visage, un chapelet entre les mains jointes… Martin se mit à genou, enleva le mouchoir et embrassa sa sœur avec tout l’enthousiasme de ceux qui ont vécu durement dans la cité des Garennes à Liévin et que la mort ne semble pas pouvoir séparer. Plusieurs minutes d’émotion et de larmes. Puis chacun s’assit autour de la table de la salle à manger et la nièce nous versa un verre qui viendrait compléter la vaisselle qui occupait la table. 3 ou 4 litres de vin vides, et une dizaine de canettes tenaient compagnie à quelques petites assiettes qui avaient dû contenir des biscuits. Martin demanda les nouvelles de circonstances : comment, quand, a-t-elle souffert ? Puis vinrent les questions plus inattendues : depuis quand es-tu sortie de prison ? (Elle avait tué son mari d’un coup de couteau, un soir où il la battait comme à son habitude….) Mère de huit enfants, elle avait « tout » pour ne pas le faire savoir : taille, allure, silhouette. Puis des coups à la porte annoncèrent de nouvelles visites. La morte ayant de nombreux enfants, petits enfants et arrières petits enfants, nous nous retrouvâmes bientôt une bonne vingtaine, voire trente. La bière et le vin accueillaient à chaque fois les arrivants. Martin retrouvait ainsi, des frères, des sœurs, des neveux et des nièces perdus de vue. Il arrosait d’un verre de rouge chaque souvenir. Les petits avaient pris place à côté de « mamie » sur le canapé. Ils comptaient les perles du chapelet, lui faisaient des baisers, lui caressaient les mains. Elle n’était plus morte, elle dormait au milieu de sa famille. Puis la mémoire polonaise reprenant le dessus, Martin se risqua à fredonner faiblement une chanson de leur jeunesse. Ecouté avec émotion, il arracha des uns et des autres quelques mots de leur chanson. Puis, le murmure pris de l’assurance, et les chansons de leur folklore bercèrent « la Mamie endormie ».De la jeunesse on passa tout naturellement à l’adolescence, aux bals, aux chansons qui font l’âme polonaise. Martin, debout, retrouvant sa jeunesse, emmena sa nièce dans quelques pas de danse dans les accents des chants slaves. Seuls les petits enfants « s’occupaient » encore de leur Mamie. Les adultes, sautant d’une d’anecdote à l’autre, d’un souvenir à un problème du lendemain, enfumaient tant la pièce que l’ambiance devenait londonienne par jour de brouillard. Il fallait maintenant se quitter et rentrer à Vimy…Puis, ayant déposé Martin qui avait déjà commencé sa nuit durant le retour, avec mon épouse et les enfants, nous rentrâmes à Liévin en passant par le monument canadien. Dans les phares de la 2 CV galopaient des dizaines de lapins…mais nul « képis » ouf !!! Seul, le cinéaste espagnol Luis Bunel aurait pu imaginer et réaliser le film de cette soirée. Paix éternelle à Mamie…
1960 le coq de combat
Comme disait ma grand-mère « - Ton grand-père a tous les vices ! » Il était « coqueleux et coulonneux… » Avec sa vingtaine de coqs et ses 70 pigeons, il n’avait pas de quoi perdre une minute. 4 ou 5 coqs lui appartenaient et les autres étaient en pension. Dans le lot, il y avait une quinzaine de coquelets qui montraient toutes leurs couleurs et leur appétit vorace au bruit de la gamelle de grains. Mais, c’étaient les coqs adultes qui retenaient toute son attention. Après les vaccins, venait l’entraînement en vue d’un prochain combat. Il fallait les manier avec une grande méfiance. Malgré cela, un jour, un de ses pensionnaires lui avait ouvert la joue sur 6 ou 7 cm d’un coup de bec. Alors en premier, tenir son visage hors de portée de l’animal, en le tenant fermement sous le bras gauche, ses pattes dans la main. Alors mon grand-père en quelques coups de couteau lui taillait l’ergot , un coup de tisonnier chauffé au rouge arrondissait celui-ci. Puis, un gros morceau de coton , maintenu par un capuchon de cuir allait empêcher les coups mortels. Quand 2 coqs étaient ainsi équipés, il fallait faire les présentations : bec à bec ! La poussée d’adrénaline mettait alors nos deux animaux en transe, plumes hérissées, regards fixes, bec entr’ouvert, corps raidi. Il n’y avait plus qu à les déposer dans la cour pour un combat de 10 à 15 secondes. Enfin, il fallait récupérer nos deux bagarreurs sans les blesser ou se faire blesser. Ainsi préparés, leur avenir devenait incertain le dimanche suivant : vainqueur ou vaincu ? De toute manière, durant la période des combats, le menu de lundi chez ma grand-mère était souvent immuable : coq au vin…
1952 : Arrivée de la télévision à Liévin
Fin juin 1952, nous étions allés passer quelques jours chez Jean V. un cousin de ma mère à Tourcoing. Personnage inoubliable, haut en couleur. Venant de quitter la rue Papin pour la rue Du Colonel Renard, j’étais davantage habitué aux casquettes et aux bleus de travail qu’au costume cravate et chapeau qu’il portait pour son travail dans une banque. De sa jeunesse d’apprenti boxeur, il avait gardé une oreille en chou fleur. Et de son passage dans la résistance, il rayonnait une joie de vivre que rien ne semblait pouvoir altérer. Il possédait un berger allemand qui avait décidé, à la grande joie de son épouse Denise, de passer ses nuits sur la table de cuisine. Attention à la vaiselle oubliée…Sa voiture était une Ford des années 1930, pour moi : l’auto de CHARLOT.
Mais ce cousin, si original, avait aussi une télévision !
Je crois que mes yeux sont restés bloqués sur cet objet sans pouvoir les en détourner. Imaginez un écran de 36 cm dans une énorme caisse avec des images qui bougent et qui parlent…comme au cinéma ! Une séquence me revient à la mémoire comme un souvenir d’hier. Un homme saute à la perche 4m. Il s’agissait des championnat de France qui étaient retransmis de Paris. La prouesse technique n’était possible que depuis février 1952. ( J’ai vérifié la véracité des faits sur internet ). Rentré à la maison, j’ai raconté tout cela à mon père. Comme à son habitude, il n’avait rien dit, mais une idée avait germé dans son esprit. Il s’achèterait aussi une télé avec la prime à la naissance de mon frère…J’entends déjà vos commentaires. Non, nous ne manquions de rien. Mon père ne buvait pas, ne sortait pas, et ne fumait qu’un paquet de « Bleu » par semaine. Il voulait que son repos dominical, et la détente profitent à tous.
Et voilà donc toute la famille qui prend le bus pour Lens et les Etablissements Lefebvre
sur le Boulevard Basly , les seuls à vendre des télévisons. Quelques jours plus tard, des ouvriers installent le râteau sur le toit, et notre télé reçoit ses premières images (en 43 cm ).Nous sommes les deuxièmes de Liévin après le « café de l’Habitude » rue Montgolfier, les précurseurs. Nous étions sur la langue des gens, les ragots allaient bon train, même dans la famille. Mon père s’en moquait. Mais, il a dû mettre dehors pas mal d’anciens amis qui se rappelaient à notre bon souvenir…Impossible de regarder « Trente six chandelles », l’émission phare, jusque minuit et de se lever à 4 heures pour le poste du matin ! Mais, il y avait aussi de bons moments. Un jour, ma mère avait invité notre voisine à venir voir la télé. Elles tricotaient en attendant leur mari. La soirée se passa calmement jusqu’au match de catch. Le « méchant Delaporte » a eu raison du tricot de notre voisine qui tirait inconsciemment sur ses « points » et lorsque mon père rentra, il trouva celle-ci au milieu d’un amas de fils entre mêlés, cassés, tortillés, et 2 aiguilles inutiles… Vive la télé…
'Le Père Noël du 24 décembre 1974
.Bélisaire et Joséphine, l’oncle et la tante de mon épouse, nous avaient invité à faire réveillon chez eux rue Théophile Gautier.
Leur maison sentait des odeurs de fête. Dans l’arrière cuisine sur une petite table, refroidissait une tarte,
et sur la cuisinière les marmites lâchaient toutes les senteurs d’un repas qui s’annonçait excellent. Joséphine était bonne cuisinière et s’évertuait à toujours nous surprendre par des recettes dont elle était fière. Elle avait demandé à Bélisaire de nous préparer son apéritif préféré : un « alexandra », cocktail dont elle avait sa propre recette : cognac, crème de cacao et lait condensé…
Bélisaire s’était exécuté et avait préparé les verres sur la table de la salle à manger. Seule Joséphine avait remarqué qu’il y avait une verre en trop. Pierre et Marie , nos enfants, racontaient l’émerveillement des décorations de Noël à la tante qui les écoutait avec un petit sourire aux coins des lèvres.
Des coups à la porte arrêtent les conversations, et l’oncle ouvre la porte : LE PERE NOEL !
Des yeux se vont plus brillants, et notre invité surprise entre dans la salle manger.
« - Etes-vous sages ? travaillez-vous bien à l’école ?… » Et toutes les questions de circonstances se suivent. Les cadeaux, la poupée, la voiture, les bonbons…Puis le moment des adieux. « -Père Noël prenez-vous l’apéro avec nous ? – Non, je ne peux pas, vous savez si je commence, je ne pourrai pas terminer ma distribution… Mais, après tout, puisque les petits sont gentils…je vais faire une exception… » Et voilà notre verre supplémentaire utilisé !
Bélisaire avait dit à Edmond, son voisin, de venir faire le Père Noël quand il aurait vu notre 2CV devant la maison. Puis, notre invité surprise nous souhaita un bon réveillon et repartit chez les siens…
A 6h17, le vendredi 27 décembre 1974, Edmond KACZMAREK nous quittait avec 41 autres mineurs dans la catastrophe minière de Saint AME…
Adieu Père Noël.
1954 printemps :La « quinzaine »
La douceur, le ciel bleu semé de quelques nuages avaient laissé entrevoir l’arrivée du printemps.
J’avais donc pu jouer « dehors » , dans la rue, comme les autres enfants.
Les 2 voitures qui passaient par jour ne pouvaient pas nous mettre en danger.
Et le cheval tirant le chargement de bière n’était que l’occasion de nous faire une ballade gratuite jusqu’à l’entrée de la rue James Watt.
ça sentait déjà les prochaines grandes vacances.
Tout à coup, mon regard fut attiré par un bout de carton de couleur brique dans le caniveau…
-Le carton qui permettait aux mineurs de toucher leur « quinzaine ».
Je m’approche, le ramasse, l’ouvre : la fiche de paie, quelques billets de banque et la monnaie roulée dans un billet…
Je cours porter ce petit pactole à ma mère.
La fiche de paie portait l’inscription : Mohamed X…etc…
Que faire ?
Pour moi, la seule chose qui m’importait , était l’arrivée de Madame G. avec son chargement de livres.
Elle portait à domicile, chaque semaine, les abonnements de chacun.
Et moi, j’attendais Le Pèlerin…et surtout Pat’Apouf !
Et voilà justement sa mobylette, avec ses deux gros sacs et son cageot sur le porte bagage, qui débouche au coin de la rue Edison.
Elle s’arrête devant notre maison, sort le « Nous Deux » et mon magazine de l’un de ses sacs et entre dans la cour. Ma mère est toujours à regarder sur la table de cuisine le petit trésor que j’ai rapporté.
« -Regardez, Madame G. ce qu’Albert à trouvé ! »
Un rapide coup d’œil de Madame G qui annonce :
« - Je sais où il reste, car j’ai une cliente qui est sa voisine.
C’est rue Lully dans la cité Magnesse… »
Comment cet argent s’est –il retrouvé à 3 km de sa destination ?
Madame G. annonce que sa tournée est pratiquement finie et qu’elle peut m’y conduire.
Quelques minutes plus tard je la suis avec mon vélo. Le faux plat de la rue Montgolfier a vite raison de mon ardeur à vouloir suivre la mobylette. Elle ralentit et m’attend. Le pont Planard au dessus des voix de chemin fer , puis la cité et ses rues de terre, de cailloux, de flaques.
Rue Lully nous posons nos véhicules et frappons à la porte.
Une dame nous ouvre, les larmes dans les yeux et demande dans un français hésitant le sujet de notre venue.
Madame G dit : « - On peut rentrer, le petit à quelque chose pour vous ? »La dame s’efface et nous pénétrons dans la cuisine. Mohamed X est là, assis à côté de son poêle, le pied sur le bac à charbon, la tête appuyée sur sa main, le regard vague…
Je sors alors de la poche intérieure de mon blouson, la paie que j’avais tâtée tout au long de la route pour être sûr de ne pas la perdre.
Deux cris…
Deux regards fous…
Deux joies incontrôlables…
Deux têtes d’enfants qui passent par l’entrebâillement de la porte de salon…
Deux étreintes…qui m’empêchent de respirer…
Deux minutes de vrai bonheur…
Pour la première fois de ma vie j’ai goûté au thé à la menthe…et aux pâtisseries aux goûts d’ailleurs…
Je n’ai jamais revu cette famille.
10 ans plus tard, rue Henri Martin, dans un petit chalet au fond du jardin, Madame G. deviendra locataire de ma mère jusqu’à sa mort et celle de son époux.
== juin 1952
9 ans et « faire briquet avec s’in père » ==
!
16h30 un samedi de juin 1952… La cloche de l’école du 3 de Lens vient de sonner et toutes les classes sortent. Il n’y a pas d’étude le samedi. Des groupes se répartissent le terre-plein devant le portail et les parties de billes peuvent commencer. Les « paquets » explosés rapportent des poches de billes aux gagnants. 10 mn, 1 quart d’heure plus tard, résistent un ou deux groupes…Puis c’est le départ triomphal des derniers gagnants. La place se vide…et j’attendais ce moment. Je m’approche de la petite porte en fer à droite de l’entrée de la fosse Saint Amé. Je la pousse et pénètre dans la cour étrangement vide et silencieuse. A droite la grande salle où sont payées les « quinzaines », à gauche la grosse meule et le poste de garde. Sa porte et ouverte et seul un garde des mines relit des notes. D’un coup de tête, il me fait signe d’approcher. Je lui explique me mon père est lampiste et qu’il a oublié son repas que je lui apporte. D’un autre cou de tête, sans un mot, il me fait signe que je peux y aller. Je traverse alors la grande cour si animée à mes autres visites, et pour cause, les jours de paie. Entre le chevalet en fer et celui en béton, l’entrée de la fosse. Une lourde porte en fer que je peine à ouvrir. Des portes ouvertes des lavabos s’échappent encore des relents d’humidité. Le calme, l’ombre, des bruits profonds qui viennent d’on ne sait où. Mon père est là derrière son mur grillagé. Il m’ouvre la porte et me voilà au milieu de centaines de lampes de mineurs. Les lampes électriques à barrette, et beaucoup moins nombreuses, l’étagère des lampes à benzine. Mon père me montre comment ouvrir une de ces lampes en l’approchant d’un puissant électro-aimant dissimulé sous le guichet. Il devient alors possible d’en faire tourner la tête et de l’ouvrir. Il était occupé à cette tâche à mon arrivée afin faire le plein de liquide, ou de remettre une pierre à briquet pour l’allumage. Tout à coup, la lourde porte d’entrée émet un bruit et un pas se fait entendre. Mon père me pousse dans un placard et referme la porte. Je l’entends parler à son interlocuteur, mais le dialogue et étouffé et incompréhensible pour mes oreilles de gamins de 9 ans. Puis le silence revient, et mon père me libère : c’était le chef-porion qui avait besoin d’un renseignement. Nous nous installons alors tout les deux auprès d’un lourd établi et sur son conseil je commence à astiquer une lampe qui brillait déjà avant mon travail, mais va savoir ! Je faisais briller les cuivres de la lampe de l’ingénieur… Puis mon père a ouvert sa musette et a sorti son casse croûte : tartines au saindoux et « boutelot » de café allongé à l’eau… Ce n’était pas vraiment du pain d’alouette car il n’était pas descendu au fond, mais c’était un régal qu’il m’arrive encore de perpétuer les soirs de fringale. L’ingénieur n’a jamais su qu’un enfant de 9 ans avait fait briller sa lampe et fait briquet avec s’in père dans la fosse Saint d’Amé du 3 de lens. Que de souvenirs…
Il faudra attendre le 2 février 1986 pour que je puisse descendre à la fosse 9 d'Oignies...
Noël 1952
C’est mon Noël.
En 1950 j’avais eu un train électrique avec trois wagons qui déraillaient sans arrêt.
Je n’avais pas le droit d’y toucher, car il y avait de l’électricité.
En 1951, j’ai eu un vélo, un bâtard, pas à trois roues, ni un vélo d’adulte, entre les deux.
Un nombre de blessures à bloquer les urgences !
Mais depuis plusieurs années, je demandais à ma maman, un « petit » frère !
Sans réponse.
Et voilà qu’arrive 1952.
Mai, juin on me laisse entendre que, peut être, si « je suis sage », j’aurai un petit frère.
Pas question, je le veux pour Noël !
On m’explique que le Père Noël peut avoir du retard, ou de l’avance…
Les visites que nous avions faites à (Marie P…) la sage femme nous avaient laissés sur notre faim.
Bref, on me maintenait dans l’espoir d’avoir un petit frère ( ? )mais à une date…imprévisible.
Décembre, nuageux, neigeux, froid
Décembre arrive et la famille décide de me mettre en « vacances » chez ma grand- mère, rue Jules Guesde. 25 Décembre 1952 Ma grand-mère était partie tôt le matin avant mon réveil. 9 heures, mon grand-père et moi rejoignons les pieds dans la neige la rue du Colonel Renard. Effervescence devant notre numéro deux…. « Les mères chrétiennes occupaient la place. » On me demande de dire bonjour, puis, on me laisse monter dans la chambre côté ouest. Arrivé, à l’étage, je vois ma mère alitée un peu rouge avec M.P., la sage femme, et un petit lit… …Mille milliards, comment exprimer la réalisation d’un désir aussi fou ? Ce petit frère…le jour de Noël… ( prévu pour le 25 janvier !) Le loto d’aujourd’hui, même super, ne peut pas exprimer la bouffée de joie qui m’envahit ! Non, je rêve, on me trompe, on me met un train inutilisable, un vélo trop grand… Et si c’était une fille…une sœur ? Ma retenue, mon retrait, intrigue la sage femme et ma mère qui me demande ; « Qu’est-ce que tu as, tu l’as ton petit frère. » « - Je veux voir si c’est un frère !!!!!!! » Marie P. déshabillera le nouveau-né pour me convaincre… Je l’ai alors serré si fort dans mes bras qu’il a fallu me faire lâcher prise. Mon frère s’appelle Noël.