Modification de L'histoire par le trou de la serrure de 1960 à 1979

De Wikicitoyenlievin.

Attention : vous n’êtes pas identifié(e). Votre adresse IP sera enregistrée dans l’historique de cette page.
Cette modification va être défaite. Veuillez vérifier les modifications ci-dessous, puis publier si c’est bien ce que vous voulez faire.
Version actuelle Votre texte
Ligne 1 : Ligne 1 :
                                            
                                            
-
                           [[Fichier:Ma_tête.jpg]]  Vous pouvez me joindre au mail suivant :        lelievinois@gmail.com
+
                           [[Fichier:Ma_tête.jpg]]  Vous pouvez me joindre au mail suivant :        lelievinois@gmail.com  
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                   
 +
 
 +
                                                    '''1962-1993-2002'''
 +
 
 +
 
 +
                                        '''Les jours que l'on ne peut pas oublier'''
 +
 
 +
                                                        '''1962'''
 +
 
 +
Tous les quinze jours, mon parrain venait de Châtou dans la
 +
 
 +
                                              '''1966.12.25 Réveillon de Noël'''
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
Mon cousin André nous avait invité à faire réveillon.
 +
 
 +
               
 +
                                        [[Fichier:andré.jpg]]      André  et  Raymonde
 +
 
 +
 
 +
Dans La cité du 16 de Lens rue Saint Pierre, il avait aménagé au mieux son logement des mines.
 +
 
 +
Ce fut la seule et unique fois où j'ai pu vivre avec lui un moment de « famille ».
 +
 
 +
Simple, gentil, aimable, serviable, les mots manquent à le définir. Le tress était pour lui un mot banni. Tout pouvait s'arranger...
 +
 
 +
'''Un VRAI MINEUR !!!'''
 +
 
 +
Pour ce soir, il avait voulu mettre les petits plats dans les grands car il avait invité à dîner sa « tante »( ma mère) .
 +
 
 +
Raymonde, son épouse mit tout son savoir faire pour confectionner sa bûche de Noël.
 +
 
 +
Mais, ce jour là fut pour moi un évènement dans ma vie . André avait prévu des huîtres en entrée !!!
 +
 
 +
A vingt trois ans, l'huître, ce mot de vocabulaire, prenait vie sur une table.
 +
 
 +
Je le vois encore, au dessus de son évier, se battant avec « ces bêtes » qui résistaient.
 +
 
 +
Après , une ou deux entailles dans la main gauche, les « fines de claire» étaient ouvertes et nous attendaient...
 +
 
 +
J'avoue que la première mis un temps certain ou si vous préférez un certain temps à être avalée...Les écailles involontaires d'un néophyte en ouverture d'huîtres pouvaient excuser le croquant de la chose. Je mis beaucoup de bonne volonté pour faire croire à l'excellence des huîtres ( j'ai honte).
 +
 
 +
Puis, la soirée passant, nous ne pûmes que rire aux larmes avec les récits « homériques » et sans fin de Raymonde.
 +
 
 +
Encore quelques pas de danse pour terminer la soirée .
 +
 
 +
Mais, cette première approche, plutôt difficile, des fruits de mer n'a fait que développer mon goût pour ces « bêtes » qui arrivent maintenant sur
 +
ma table plusieurs fois par an.
 +
 
 +
Je vous conseille l'huître gratinée , fondue dans un beurre d'échalote au vin d' Alsace... ou au champagne...
 +
 
 +
Encore merci André.(''' 1933-1968...35 ans , ou la vie d'un mineur de fond...''' )
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
'''                                    1967  Une expérience surnaturelle'''
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
Juillet, nous partons en vacances dans la Loire.
 +
 
 +
Ce fut la seule fois où  nous dormirons tous les quatre sous la tente : ma mère, mon frère, moi et mon chat.
 +
 
 +
De par son handicap physique avec sa prothèse de jambe, la chef de famille avait droit à un lit pliable.
 +
 
 +
Les trois autres occupaient la deuxième chambre avec les bagages. Ainsi organisés et équipés, nous avions décidé de faire un maximum de châteaux.
 +
 
 +
La dedeuche avec sa galerie surchargée nous laissait le temps d'admirer les paysages.
 +
 
 +
Orléans, beaugency, Blois, Chambord,  Chenonceau, Montsoreau, Chinon, Saumur, Sully sur Loire, tous plus beaux les uns que les autres.
 +
 
 +
Cependant deux mérites une étoile supplémentaire : Talcy pour y avoir vu  séjourner Ronsard, Aggripa d'Aubigné ...qui ont pu s'inspirer du puits fleuri et le château de
 +
 
 +
Ménars … Une pure merveille, hélas maintenant fermée au public.
 +
 
 +
Nous avions passé quinze jours à Beaugency puis nous étions descendus à Montsoreau.
 +
 
 +
Nos petits transistors n'avaient qu'un seul thème de réflexion : « De Gaulle avait-il eu raison ou tort de crier : Vive le Québec libre ? »
 +
 
 +
La saison était belle, la pêche dans la Loire dépendait ...du pêcheur !
 +
 
 +
Nous avions monté notre tente entre quatre gros platanes qui délimitaient notre emplacement.
 +
 
 +
Aidés de leur fils un couple d'un certain âge  s'installa devant nous trois jours plus tard.
 +
 
 +
Nous fîmes leur connaissance dans les minutes qui suivirent. Ils venaient de l'Île Bouchard à une trentaine de kilomètres.
 +
 
 +
Leur fils maréchal ferrant à Turquant n'était qu'à cinq kilomètres.
 +
 
 +
C'était pour eux leur façon de prendre des vacances : pas trop loin ni trop près !
 +
 
 +
Un jour j'accompagnai Auguste, ce nouvel « ami » à rendre visite à son imposante  progéniture.
 +
 
 +
Ce forgeron, taillé comme un haltérophile poids lourd, faisait voler son marteau ou plutôt sa masse  comme sortie d'une panoplie d'enfant. Le fer se tordait et prenait forme
 +
 
 +
comme un spaghetti trop cuit.
 +
 
 +
Arriva l'heure de désaltérer ce géant de baraque foraine.
 +
 
 +
Il sortit trois verres et empoigna un litre de blanc de son voisin vigneron. Cela  nous fit chacun deux rations.
 +
 
 +
La bouteille était vide et c'était la tournée d'Auguste. Le fils refit la même démonstration et envoya dans un coin ce récipient déjà vide qui retrouva bon nombre de ses
 +
 
 +
congénères.
 +
 
 +
Une sonnette au coin de la forge annonça l'arrivée du facteur et de la troisième bouteille partagée cette fois en quatre.
 +
 
 +
Puis vint l'heure du retour. La dedeuche avait retenu le trajet. Je me souviens être sorti des toilettes du camping en fin d'après midi...
 +
 
 +
Mon foie ne me permit pas une deuxième sortie avec Auguste.
 +
 
 +
Marie, son épouse, poids lourd s'il en est, était une bavarde intarissable.
 +
 
 +
 
 +
https://www.youtube.com/watch?v=u0H2gVZzdqU
 +
 
 +
 
 +
Elle parlait de sa famille , de son village, de ses vacances précédentes.
 +
 
 +
Elle réussit à persuader ma maman de passer quelques jours dans le camping de l'Ile Bouchard.
 +
 
 +
Elle voulait apprendre à faire « la soupe au lard » comme dans le nord.
 +
 
 +
C'est sur sa terrasse sous une vigne aux belles grappes dorées que nous  dégusterons ce plat d'hiver...
 +
 
 +
Nous passions des journées tranquilles de repos entrecoupées de repas toujours pantagruéliques.
 +
 
 +
Les cochonnailles accompagnaient tous les légumes du jardin d'Auguste .
 +
 
 +
Parfois un visiteur sonnait et Marie s'isolait avec un quart d'heure.
 +
 
 +
Elle nous laissa entendre qu'elle était guérisseuse et aussi parfois diseuse de bonne aventure...
 +
 
 +
Un jour, elle me demanda de lui faire une course chez son fils qui avait reçu un courrier d'un notaire, et qu'elle devait donner son avis.
 +
 
 +
Je partis donc un beau matin ensoleillé avec ses bancs de brume qui encensaient la Vienne.
 +
 
 +
Puis arrivé sur la route de Chinon, mes mains se mirent à brûler et à vibrer sur mon volant.
 +
 
 +
Mon pied sur l'accélérateur devint incontrôlable, à sautiller sans raison.
 +
 
 +
Je me mis à transpirer et à avoir la gorge sèche .
 +
 
 +
Mes yeux s'embuaient et troublaient ma vision.
 +
 
 +
Je freinai comme je le pus et arrêtai ma 2cv sur le bas côté.
 +
 
 +
Je sortis pour prendre un peu d'air frais et calmer mes membres qui voulaient se dérober.
 +
 
 +
Quatre à cinq minutes plus tard, tout mon corps semblait être redevenu normal.
 +
 
 +
Je me posais un tas de questions .
 +
 
 +
Est-ce que je couvais une maladie ?
 +
 
 +
Aucun excès les jours précédents (…) ne pouvaient me mettre dans cet état.
 +
 
 +
La fin du voyage se fit normalement et sans nouvelles indispositions.
 +
 
 +
De retour Chez Marie J. , celle-ci me dit avec un sourire « entendu » en regardant ma mère :
 +
 
 +
« le voyage s'est bien passé ? Tu n'as pas eu de problème ? »
 +
 
 +
Puis s'adressant à ma mère, elle ajouta : « Il ne dira rien, il est bien trop fier, mais il a eu chaud... »
 +
 
 +
Marie J. côtoyait aussi la magie noire et ses interventions auprès des fermiers des environs étaient recherchées. La mare au diable n'est pas si loin !
 +
 
 +
Marie J. se tua en tombant des marches de l'église le jour  où son petit fils faisait sa communion...
 +
 
 +
 
 +
                                                 
 +
                                                      '''1970 récits de guerre'''
 +
 
 +
                                                    '''1914 La Guerre de ma grand-mère.'''
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
Chaque fois que mes tantes Marie et Julia se retrouvaient chez ma grand-mère, immanquablement les souvenirs de 1914 étaient remués.
 +
 
 +
Ce printemps là, elles habitaient rue Jules Guesde, près de la barrière du 16 à l'emplacement du local « PACTE...Pour Agir Contre Toute Exclusion », anciennement une petite
 +
 
 +
supérette.
 +
 
 +
 
 +
                                                          [[Fichier:MaisonGM.jpg]]
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
A l'époque ma grand-mère y tenait un café avec son mari Richard Castelain qui travaillait également à la mine.
 +
 
 +
A la déclaration de guerre son époux est mobilisé et elle se retrouve seule avec ses 2 filles de 9 et 7ans.
 +
 
 +
 
 +
-« Les Uhlans arrivent, réquisitionnent le café et nous envoient dans une maison de corons des mines rue d'Alsace près de « Félicienne »( une amie) mère de 2 enfants.
 +
 
 +
Dans cette bicoque il n'y a plus de buses au poêle à charbon.
 +
 
 +
Je retourne à mon café, et je vois un soldat allemand sortir avec les miennes sous le bras pour sa cuisine roulante.
 +
 
 +
Je lui reprends et l'on commence à se battre quand un officier intervient.
 +
 
 +
Le soldat explique à son supérieur que je l'ai agressé sans raison...
 +
 
 +
C'est à ce moment que je rectifie ses dires car je comprenais et parlais l'allemand... à la maison mon père parlait le flamand, sa langue natale.
 +
 
 +
Il partira le lendemain matin pour le front...
 +
 
 +
Puis un jour, nous serons pilonnés par les français.
 +
 
 +
''On restera 8 jours, « restaplées » sans secours dans notre cave car les maisons avaient été détruites.''
 +
 
 +
Les allemands décideront ne nous évacuer.
 +
 
 +
Nous d'un côté et Félicienne d'un autre.
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                                      [[Fichier:Croix_rouge.jpg]]
 +
 
 +
 
 +
 
 +
On partira en train à bestiaux  pour l'Allemagne, puis la « Croix Rouge Suisse », et on sera confié à la « Croix Rouge  Française » qui nous conduira dans les Pyrénées.
 +
 
 +
On passera par Pau, Tarbes et on finira dans un petit village.
 +
 
 +
Logées avec les bêtes dans l'étable, nous participerons aux travaux de la ferme.
 +
 
 +
J'aurai la fièvre typhoïde et on échappera à la grippe espagnole.
 +
 
 +
La mère de famille d'Alsace avec nous , et qui n'avait plus de lait le matin, nous racontait qu'une couleuvre la tétait la nuit pendant son sommeil...
 +
 
 +
Et puis en 17 j'ai reçu « la lettre ».
 +
 
 +
Le Maire du village me l'a apportée...J'étais veuve... « Richard était mort aux chemins des dames »...
 +
 
 +
Et puis on est rentré.
 +
 
 +
Il n'y avait plus rien. »
 +
 
 +
Pourquoi la maison de ma grand-mère a-t-elle été choisie ?
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                                          [[Fichier:Tunnel.jpg]]
 +
 
 +
 
 +
 
 +
Sans doute parce que la voix ferrée à 10 mètres offraient des possibilités.
 +
 
 +
Sa cave sera le point de départ d'un tunnel qui relira le Parc de Rollencourt en passant sous les maisons de la rue G Delbecque ( tunnel qui servait encore en 1970 à la
 +
 
 +
supérette à entreposer ses légumes)
 +
 
 +
Les récits de ma grand-mère n'ont d'authenticité que sa mémoire...
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
              '''1973 mars  "La pénétrante de Liévin'''
 +
 
 +
 
 +
 
 +
Nous rentrions cette nuit-là par la forêt de Vimy avec les lièvres qui sautillaient dans les halos des phares de la « dedeuche » qui perçaient  la brume.
 +
 
 +
La récente journée de repos scolaire du mercredi nous permettrait de récupérer sans problème.
 +
 
 +
La sonnerie du  réveil avait était mis sur « fermer ». (Maintenant, il faudrait la mettre sur « off »...)
 +
 
 +
Rien ne pourrait nous réveiller dans notre chalet au fond du jardin de la rue Henri Martin.
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                        [[Fichier:pénétrante1.jpg]]  avant les travaux... les WC au fond à gauche !
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
Huit heures moins le quart, les enfants dorment, je peux me retourner dans le lit et essayer de retrouver « Morphée ».
 +
 
 +
''Ma conscience « s'inconsciente »...''
 +
 
 +
Je me sens bercer, secouer et franchement ballotter.
 +
 
 +
Mon chalet tremble, bouge, craque dans un bruit qui gronde .
 +
 
 +
Toute la famille réveillée est debout dans son lit.
 +
 
 +
Vite tout le monde dehors dans ce tremblement de terre qui enfle.
 +
 
 +
J'ouvre la porte de la maison : il n'y a plus de marches pour sortir mais un trou béant de 40 cm de profond.
 +
 
 +
Sur la gauche un scrapper finit d'emporter mes WC et mon mur de clôture.
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                      [[Fichier:pénétrante2.jpg]] 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
Les travaux pour creuser la pénétrante de Liévin et l'implantation de « Rond Point » venaient de commencer.
 +
 
 +
J'enfile un pantalon et court à la rencontre du chef de chantier.
 +
 
 +
« - Vous m'avez démoli mes WC... comment « je fais » (...)  maintenant ? »
 +
 
 +
Réunion de chantier... décision... la municipalité va déposer un permis de construire pour des nouvelles « chiottes »
 +
 
 +
et... on commence les travaux cet après midi !!!
 +
 
 +
Quelques jours plus tard, j'aurai des nouveaux sanitaires...Mais pourquoi ce manque de concertation et de préparation ?
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
              [[Fichier:pénétrante3.jpg]]                                  [[Fichier:pénétrante4.jpg]]  après
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                            [[Fichier:pénétrante5.jpg]]  aujourd'hui
 +
 
 +
         
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                        '''  1973 La loco vagabonde
 +
'''
 +
 
 +
 
 +
Ce samedi, Nadine, la cousine de mon épouse, et son mari Frédo, nous avaient invités à souper.
 +
             
 +
Jeunes mariés, ils avaient tenu à nous montrer la maison que la SNCF réservée à ses employés.
 +
 
 +
 
 +
                                                [[Fichier:cité.jpg]]
 +
 
 +
 
 +
 
 +
Située au cœur de la cité des cheminots à Méricourt, elle offrait toutes les commodités pour débuter dans la vie de famille.
 +
 
 +
Frédo l'avait aménagée avec goût et simplicité.
 +
 
 +
Mais le cousin était surtout fier d'avoir réussi ses examens et d' être maintenant un conducteur de train.
 +
 
 +
Il transportait du fret dans toute la région nord.
 +
 
 +
Après le souper, avant le petit « dernier pour la route », il nous propose de nous faire visiter son service.
 +
 
 +
Son beau père Paul fera parti de l'expédition. Quelques courtes minutes plus tard, nous entrons dans l'immense gare de triage et de maintenance du matériel.
 +
 
 +
Malgré les 23h30, Frédo salut quelques cheminots qui s'affairent autour et au dessous de machines impressionnantes.
 +
 
 +
Un « oui » résonne dans ce vaste hangar pour lui confirmer qu'une locomotive électrique parquée le long d'un quai est en état et prête au service.
 +
 
 +
Nous grimpons dans ce monstre de ferraille pour découvrir qu'un moteur dans une cage grillagée occupe presque la totalité de l'espace
 +
 
 +
et que les « couloirs » de service sur ses côtés sont plutôt exigus.
 +
 
 +
 
 +
                                              [[Fichier:cabine.jpg]]
 +
 
 +
 
 +
 
 +
Il nous montre la cabine de pilotage avec son dispositif de « l'homme mort » qui arrête la locomotive dès qu'on lâche un volant double
 +
 
 +
et tout un tableau de bord énigmatique pour les profanes que nous sommes.
 +
 
 +
Puis, il propose de câbler notre engin au réseau électrique.
 +
 
 +
Nous regardons monter le pantographe qui se collera à la caténaire avec un claquement sec aussi inattendu que violent.
 +
 
 +
Puis il nous invite à monter dans une locomotive diesel.
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                                [[Fichier:locol.jpg]]
 +
 
 +
 
 +
 
 +
A notre grande stupéfaction, il met le moteur en marche, passe sa tête par la portière, donne un ordre, et un immense portail s'ouvre devant nous.
 +
 
 +
La loco bouge lentement et s'approche de l'extérieur d'un noir d'encre si ce n'est quelques lumières rouges qui jalonnent les voies.
 +
 
 +
Nous voilà maintenant à nous regarder tous les trois.
 +
 
 +
Frédo jubilait...Il nous emmenait...mais où ?
 +
 
 +
Quelques centaines de mètres plus loin, il ouvre sa portière, saute sur le remblai et court devant les feux de la loco où nous le voyons manœuvrer un aiguillage.
 +
 
 +
Il remonte dans la loco qui avançait au pas et qui reprend un peu de vitesse.
 +
 
 +
Plusieurs fois, il se livrera à ce genre d'exercice au cœur d'une nuit noire au milieu d'une forêt que l'on devinait impalpable.
 +
 
 +
Nous faisions un voyage imprévu dans une locomotive inconnue sur une voie ferrée perdue...
 +
 
 +
Quelque dizaines de minutes plus tard, le hangar apparaîtra dans notre champ de vision et nous y entrerons lentement, sagement,
 +
 
 +
pour nous arrêter pile à l'emplacement de notre départ.
 +
 
 +
De retour au pavillon de la cité, les femmes nous demanderons ce que nous avons fait durant « tout ce temps » ?
 +
 
 +
'''« - On est allé faire un tour un train !!! »'''
 +
 
 +
Aucune n' a cru à cette réponse en cœur...
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                          ''''''Le Père Noël du 24 décembre 1974''''''
 +
 
 +
 
 +
 
 +
Bélisaire et Joséphine, l’oncle et la tante de mon épouse, nous avaient invité à faire réveillon chez eux rue Théophile Gautier.
 +
 
 +
 
 +
Leur maison sentait des odeurs de fête. Dans l’arrière cuisine sur une petite table, refroidissait une tarte, et sur la cuisinière les marmites  lâchaient toutes les senteurs d’un repas qui
 +
 +
s’annonçait excellent.
 +
 
 +
Joséphine était bonne cuisinière et s’évertuait à toujours nous surprendre par des recettes dont elle était fière.
 +
 
 +
Elle  avait demandé à Bélisaire de nous préparer son apéritif préféré :
 +
 
 +
un « alexandra », cocktail dont elle avait sa propre recette : cognac, crème de cacao et lait condensé…
 +
 
 +
 
 +
Bélisaire s’était exécuté et avait préparé les verres sur la table de la salle à manger.
 +
 
 +
Seule Joséphine avait remarqué qu’il y avait un verre en trop.
 +
 
 +
Pierre et Marie , nos enfants, racontaient l’émerveillement des décorations de Noël à la tante qui les écoutait avec un petit  sourire aux coins des lèvres.
 +
 
 +
Des coups à la porte arrêtent les conversations, et l’oncle ouvre la porte :''' LE PERE NOEL !'''
 +
 
 +
Des yeux se font plus brillants, et notre invité surprise entre dans la salle à manger.
 +
 
 +
« - Etes-vous sages ? travaillez-vous bien à l’école ?… » Et toutes les questions de circonstances se suivent.
 +
 
 +
Les cadeaux, la poupée, la voiture, les bonbons…Puis le moment des adieux.
 +
 
 +
« -Père Noël prenez-vous l’apéro avec nous ? – Non, je ne peux pas, vous savez si je commence, je ne pourrai pas terminer ma distribution…
 +
 
 +
Mais, après tout, puisque les petits sont gentils…je vais faire une exception… »
 +
 
 +
Et voilà notre verre supplémentaire utilisé !
 +
 
 +
Bélisaire avait dit à Edmond, son voisin, de venir faire le Père Noël quand il aurait vu notre 2CV devant la maison.
 +
 
 +
Puis, notre invité surprise nous souhaita un bon réveillon et repartit chez les siens…
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                      [[Fichier:catastrophe.jpg]]
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
'''A 6h17, le vendredi 27 décembre 1974, Edmond KACZMAREK, notre Père Noël nous quittait avec 41 autres mineurs dans la catastrophe minière de Saint AME…
 +
 
 +
Adieu Père Noël'''.
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                            ''''''1976.04.10 Boubou''''''
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
Boubou pourrait faire la soirée. Lorsque j'en parle, ma femme dit : « ne l'écoutez pas, il ne va pas en finir ! »
 +
 
 +
C'est vrai que j'avais avec Boubou un sujet plein de rebondissements.
 +
 
 +
L'histoire commença un samedi à Carvin. Ma femme quittant son travail et traversant le marché pour reprendre sa voiture  tomba sur un étal où était vendu un petit bouc de
 +
 
 +
six semaines... Quelle idée lui passa par la tête ? Elle acheta le petit bouc …
 +
 
 +
Rentrant à la maison avec ma mère sur les talons, elles arboraient toutes les deux un sourire de connivence. Elles me souhaitèrent une « bonne fête de St Albert » ( en
 +
 
 +
retard de 8 jours) et m'offrirent un grand carton qui sans tarder lança un « Béééééé » supprimant ainsi toute surprise.
 +
 
 +
 
 +
                              [[Fichier:bouc.jpg]]
 +
 
 +
 
 +
Boubou venait de faire son entrée dans la famille.
 +
 
 +
Il fallut vite lui construire un enclos dans le fond du garage et profitera de l'implantation de « Carrefour » pour brouter les berges de la voix pénétrante de Liévin.
 +
 
 +
Les week end, il utilisera l'arrière de ma 2CV pour aller pâturer rue Dernoncourt (Fabre d’Églantine).
 +
 
 +
Dans cette nouvelle maison que je construisais durant mes temps libres, il occupa la salle de bain pour y passer la nuit.
 +
 
 +
Puis arriva l'automne et « l'appel de la nature ». 
 +
 
 +
Du haut de la rue Théophile Gautier à deux cents mètres, son odeur dénonçait sans erreur où il habitait. Cela lui vaudra d'avoir la visite de gentilles petites chèvres. L'une d'elles est à mettre de côté.
 +
 
 +
Imaginez la petite chèvre blanche de Monsieur SEGUIN.
 +
 
 +
Mignonne, frêle, elle était la possession d'un jeune couple de la rue WILLEMAIN. Je ne sais pourquoi ces jeunes mariés avaient décidé de la présenter à Boubou le lendemain de leur mariage.
 +
 
 +
'''Ce dimanche matin donc, le couple arriva avec le père de la mariée...Elle, en robe blanche de son mariage, l'époux en costume nœud papillon !!!'''
 +
 
 +
Ils sortirent la chevrette du coffre et la présentèrent à Boubou. Sa tête se leva, il huma l'air et commença un frémissement de sa babine supérieure.
 +
 
 +
Il avait senti la belle. Je le sortis de l'enclos, le laissa s'approcher et aussi vite sauta sur la pauvrette qui s’étala les quatre pattes en croix.
 +
 
 +
Un deuxième essai donna le même résultat : la pauvrette ne supportait pas le poids de mon Roméo.
 +
 
 +
Je suggérai que quelqu'un la maintint pendant que je « canalisais » le barbu. Le marié prit la chevrette entre ses deux jambes et la supporta sous le ventre.
 +
 
 +
''Mon Boubou toujours aussi amoureux ressauta sur la belle qui resta debout mais donna un coup de patte...
 +
 
 +
qui fit reculer '''le beau qui « ensemença » la jambe droite du superbe costume'''...STUPEUR du marié, mais rien n'était conclu.''
 +
 
 +
Il fallut recommencer l'approche et en moins de trois secondes l'affaire fut dans le sac. La belle avait enfin été honorée dans les règles de l'art.
 +
 
 +
Quatre assauts en deux minutes.
 +
 
 +
Cela vaudra cette réflexion qui raisonne encore dans mes oreilles de la part du beau père à son gendre :
 +
 
 +
''' « PRIN D'EL GRAINE MIN TCHO » (sous les joues rougissantes de la mariée).'''
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                            ''''''1977 La soirée extraordinaire.''''''
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
Nous avions coutume, avec mon épouse, de passer dire un petit bonsoir à la tante Elisabeth L.
 +
 +
Elle avait tenu un café aux « Marionnettes » rue de Cracovie : « Le Rendez-Vous des Chasseurs » ( et quels chasseurs !)
 +
 
 +
Mais elle tenait maintenant la guinguette de Vimy, rue Sadi Carnot.
 +
 
 +
En cet fin d’après midi ,  nous constations qu’elle avait un problème.
 +
 
 +
Depuis plusieurs années elle avait comme pensionnaire Martin K.. Il avait appris le matin le décès de sa sœur.
 +
 
 +
Tante Elisabeth, occupée par des ouvriers qui faisaient de menus travaux, ne pouvait pas conduire Martin revoir sa sœur avant la mise en bière.
 +
Elle me demanda donc si je ne pouvais pas la remplacer.
 +
 
 +
Et nous voilà parti, Martin et moi, pour la cité du Tonkin à Meurchin.
 +
 
 +
 
 +
                                                [[Fichier:Martin.jpg]]    Martin à gauche
 +
 
 +
 
 +
Ce service ne me plaisait pas beaucoup, n’ayant jamais vu de mort à ce jour…Mais…
 +
 
 +
Une femme blonde en pull blanc et jeans, aussi moulant l’un que l’autre, nous ouvrit et accueillit.
 +
 
 +
C’était une nièce de  Martin,  une fille de la morte. Après l’accolade sur le pas de la porte, nous entrâmes.
 +
 
 +
Dans la salle de séjour, la morte était allongée sur le divan, en chemise de nuit , pantoufles aux pieds, un mouchoir sur le visage,  un chapelet entre les mains jointes…
 +
 
 +
Martin se mit à genou, enleva le mouchoir et embrassa sa sœur avec tout l’enthousiasme de ceux qui ont vécu durement dans la cité des Garennes à Liévin et que la mort ne semble pas pouvoir séparer.
 +
 
 +
Plusieurs minutes d’émotion et de larmes.
 +
 
 +
Puis chacun s’assit autour de la table de la salle à manger et la nièce nous versa un verre qui viendrait compléter la vaisselle déjà sale.
 +
 
 +
3 ou 4 litres de vin vides, et une dizaine de canettes tenaient compagnie à quelques petites assiettes qui avaient dû contenir des biscuits.
 +
 
 +
Martin demanda les nouvelles de circonstances : comment, quand, a-t-elle souffert ?
 +
 
 +
Puis vinrent les questions plus inattendues : depuis quand es-tu sortie de prison ?
 +
 
 +
(Elle avait tué son mari d’un coup de couteau,  un soir où il la battait comme à son habitude….)
 +
 
 +
Mère de huit enfants, elle avait « tout » pour ne pas le faire savoir : taille, allure, silhouette.
 +
 
 +
Puis des coups à la porte annoncèrent de nouvelles visites. La morte ayant de nombreux enfants, petits enfants et arrières petits enfants, nous nous retrouvâmes bientôt une bonne vingtaine, voire trente.
 +
 
 +
La bière et le vin  accueillaient à chaque fois les arrivants.
 +
 
 +
Martin retrouvait ainsi, des frères, des sœurs, des neveux et des nièces perdus de vue.
 +
 
 +
Il  arrosait d’un verre de rouge chaque souvenir.
 +
 
 +
Les tout-petits  avaient pris place à côté de « mamie » sur le canapé. Ils  comptaient les perles du chapelet, lui faisaient des baisers, lui caressaient les mains.
 +
 
 +
'''Elle n’était plus morte, elle dormait au milieu de sa famille.'''
 +
 
 +
Puis la mémoire polonaise reprenant le dessus, Martin se risqua à fredonner faiblement une chanson de leur jeunesse.
 +
 
 +
Ecouté avec émotion, il arracha des uns et des autres quelques mots de leur chanson.
 +
 
 +
Puis, le murmure pris de l’assurance, et les chansons de leur folklore bercèrent « la Mamie endormie ».
 +
 
 +
De la jeunesse on passa tout naturellement à l’adolescence, aux bals, aux chansons qui font l’âme polonaise.
 +
 
 +
Martin, debout, retrouvant sa jeunesse, emmena sa nièce dans quelques pas de danse dans les accents des chants slaves.
 +
 
 +
'''Seuls les petits enfants « s’occupaient » encore de leur Mamie.'''
 +
 
 +
Les adultes, sautant d’une  d’anecdote à l’autre, d’un souvenir à un problème du lendemain, enfumaient tant la pièce que l’ambiance devenait londonienne par jour de brouillard.
 +
 
 +
Il fallait maintenant se quitter et rentrer à Vimy…Puis, ayant déposé Martin qui avait déjà commencé sa nuit durant le retour, avec mon épouse et les enfants, nous rentrâmes à Liévin en passant par le monument canadien.
 +
 
 +
Dans les phares de la 2 CV galopaient des dizaines de lapins…mais ''nul « képis » ouf !!!''
 +
 
 +
Seul, le cinéaste espagnol Luis Bunel aurait pu imaginer et réaliser le film de cette soirée.
 +
 
 +
Paix éternelle à Mamie…
 +
 
 +
 
 +
 
 +
 
 +
          '''''' Épisode n° 8      Le truc de Mamie'''
 +
'''
 +
 
 +
 
 +
 
 +
1977 Le Directeur Général des télécommunications, M. THERY, propose au gouvernement un grand plan de développement : « le téléphone pour tous. »
 +
 
 +
Auparavant il fallait s'armer de patience et attendre des mois voire des années pour obtenir le  précieux appareil.
 +
 
 +
Ce plan ramène les délais à moins de 6 mois. Je pose donc une demande et vois arriver les deux installateurs 4 mois plus tard.
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                  [[Fichier:Téléphone.jpg]]      Ne vous moquez pas !
 +
 
 +
 
 +
J'avais prévu une gaine enterrée du pylône sur la rue au domicile sur environ 45 mètres.
 +
 
 +
Pendant que le premier perce un mur du couloir pour mettre une prise, le second déroule une bobine de fil sur la rue et accroche une extrémité à mon « tire-fil ».
 +
 
 +
Mes deux techniciens entreprennent maintenant de tirer le câble.
 +
 
 +
Celui-ci avance de 4 ou 5 mètres puis résiste...
 +
 
 +
'''Mon costaud dans le couloir y met toutes ses forces et...casse mon tire-fil qu'il sort intégralement'''.
 +
 
 +
Je le regarde bouche ouverte.
 +
 
 +
Avec un naturel à vous ouvrir une boîte de thon, d'un sourire il me dit :
 +
 
 +
« - Vous repassez un tire-fil plus fort et vous nous rappelez !... »
 +
 
 +
''Sous terre, 45 mètres, 2 coudes à angle droit ,qui peut passer un fil ?''
 +
 
 +
Je m'assois, abasourdi par le travail que j'entrevois.
 +
 
 +
C'est à cette instant que ma mère, qui buvait une tasse de café dans la salle de séjour, me dit d'un air finaud : « c'est pas difficile !!! »
 +
 
 +
Je l'aurais avalée tout cru.
 +
 
 +
Elle insiste et dit à mon épouse :
 +
 
 +
« -Donnez moi une bobine de fil.
 +
 
 +
 
 +
 
 +
                                            [[Fichier:Bouchon.jpg]]
 +
 
 +
 
 +
Comment tu vas faire passer le fil dans la gaine... ( Les mots qui me viennent à la bouche ne peuvent pas être entendus par les enfants.)
 +
 
 +
Découpe un bout de bouchon et fixe le au fil...
 +
 
 +
Après tu le fais descendre dans la gaine et tu le pousses avec un jet d'eau...
 +
 
 +
l'eau va entraîner le bouchon qui tirera le fil et tu vas le récupérer à l'autre extrémité.
 +
 
 +
Après tu tires un autre fil plus costaud... jusqu'à un fil de fer !!!
 +
 
 +
'''CQFD'''''
 +
 
 +
15 minutes plus tard, un nouveau tire-fil était utilisable.
 +
 
 +
Je me demande si j'ai hérité de ce savoir faire...

Toutes les contributions à Wikicitoyenlievin sont considérées comme publiées sous les termes de la GNU Free Documentation License 1.2 (voir Wikicitoyenlievin:Copyrights pour plus de détails). Si vous ne désirez pas que vos écrits soient modifiés et distribués à volonté, merci de ne pas les soumettre ici.
Vous nous promettez aussi que vous avez écrit ceci vous-même, ou que vous l’avez copié d’une source provenant du domaine public, ou d’une ressource libre. N’UTILISEZ PAS DE TRAVAUX SOUS DROIT D’AUTEUR SANS AUTORISATION EXPRESSE !


Annuler | Aide (ouvre une nouvelle fenêtre)
À suivre