Modification de L'histoire par le trou de la serrure de 1960 à 1979
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+ | '''Les jours que l'on ne peut pas oublier''' | ||
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+ | '''1962''' | ||
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+ | Tous les quinze jours, mon parrain venait de Châtou dans la | ||
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+ | '''1966.12.25 Réveillon de Noël''' | ||
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+ | Mon cousin André nous avait invité à faire réveillon. | ||
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+ | [[Fichier:andré.jpg]] André et Raymonde | ||
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+ | Dans La cité du 16 de Lens rue Saint Pierre, il avait aménagé au mieux son logement des mines. | ||
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+ | Ce fut la seule et unique fois où j'ai pu vivre avec lui un moment de « famille ». | ||
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+ | Simple, gentil, aimable, serviable, les mots manquent à le définir. Le tress était pour lui un mot banni. Tout pouvait s'arranger... | ||
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+ | '''Un VRAI MINEUR !!!''' | ||
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+ | Pour ce soir, il avait voulu mettre les petits plats dans les grands car il avait invité à dîner sa « tante »( ma mère) . | ||
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+ | Raymonde, son épouse mit tout son savoir faire pour confectionner sa bûche de Noël. | ||
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+ | Mais, ce jour là fut pour moi un évènement dans ma vie . André avait prévu des huîtres en entrée !!! | ||
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+ | A vingt trois ans, l'huître, ce mot de vocabulaire, prenait vie sur une table. | ||
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+ | Je le vois encore, au dessus de son évier, se battant avec « ces bêtes » qui résistaient. | ||
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+ | Après , une ou deux entailles dans la main gauche, les « fines de claire» étaient ouvertes et nous attendaient... | ||
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+ | J'avoue que la première mis un temps certain ou si vous préférez un certain temps à être avalée...Les écailles involontaires d'un néophyte en ouverture d'huîtres pouvaient excuser le croquant de la chose. Je mis beaucoup de bonne volonté pour faire croire à l'excellence des huîtres ( j'ai honte). | ||
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+ | Puis, la soirée passant, nous ne pûmes que rire aux larmes avec les récits « homériques » et sans fin de Raymonde. | ||
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+ | Encore quelques pas de danse pour terminer la soirée . | ||
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+ | Mais, cette première approche, plutôt difficile, des fruits de mer n'a fait que développer mon goût pour ces « bêtes » qui arrivent maintenant sur | ||
+ | ma table plusieurs fois par an. | ||
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+ | Je vous conseille l'huître gratinée , fondue dans un beurre d'échalote au vin d' Alsace... ou au champagne... | ||
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+ | Encore merci André.(''' 1933-1968...35 ans , ou la vie d'un mineur de fond...''' ) | ||
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+ | ''' 1967 Une expérience surnaturelle''' | ||
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+ | Juillet, nous partons en vacances dans la Loire. | ||
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+ | Ce fut la seule fois où nous dormirons tous les quatre sous la tente : ma mère, mon frère, moi et mon chat. | ||
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+ | De par son handicap physique avec sa prothèse de jambe, la chef de famille avait droit à un lit pliable. | ||
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+ | Les trois autres occupaient la deuxième chambre avec les bagages. Ainsi organisés et équipés, nous avions décidé de faire un maximum de châteaux. | ||
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+ | La dedeuche avec sa galerie surchargée nous laissait le temps d'admirer les paysages. | ||
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+ | Orléans, beaugency, Blois, Chambord, Chenonceau, Montsoreau, Chinon, Saumur, Sully sur Loire, tous plus beaux les uns que les autres. | ||
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+ | Cependant deux mérites une étoile supplémentaire : Talcy pour y avoir vu séjourner Ronsard, Aggripa d'Aubigné ...qui ont pu s'inspirer du puits fleuri et le château de | ||
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+ | Ménars … Une pure merveille, hélas maintenant fermée au public. | ||
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+ | Nous avions passé quinze jours à Beaugency puis nous étions descendus à Montsoreau. | ||
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+ | Nos petits transistors n'avaient qu'un seul thème de réflexion : « De Gaulle avait-il eu raison ou tort de crier : Vive le Québec libre ? » | ||
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+ | La saison était belle, la pêche dans la Loire dépendait ...du pêcheur ! | ||
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+ | Nous avions monté notre tente entre quatre gros platanes qui délimitaient notre emplacement. | ||
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+ | Aidés de leur fils un couple d'un certain âge s'installa devant nous trois jours plus tard. | ||
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+ | Nous fîmes leur connaissance dans les minutes qui suivirent. Ils venaient de l'Île Bouchard à une trentaine de kilomètres. | ||
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+ | Leur fils maréchal ferrant à Turquant n'était qu'à cinq kilomètres. | ||
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+ | C'était pour eux leur façon de prendre des vacances : pas trop loin ni trop près ! | ||
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+ | Un jour j'accompagnai Auguste, ce nouvel « ami » à rendre visite à son imposante progéniture. | ||
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+ | Ce forgeron, taillé comme un haltérophile poids lourd, faisait voler son marteau ou plutôt sa masse comme sortie d'une panoplie d'enfant. Le fer se tordait et prenait forme | ||
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+ | comme un spaghetti trop cuit. | ||
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+ | Arriva l'heure de désaltérer ce géant de baraque foraine. | ||
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+ | Il sortit trois verres et empoigna un litre de blanc de son voisin vigneron. Cela nous fit chacun deux rations. | ||
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+ | La bouteille était vide et c'était la tournée d'Auguste. Le fils refit la même démonstration et envoya dans un coin ce récipient déjà vide qui retrouva bon nombre de ses | ||
+ | |||
+ | congénères. | ||
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+ | Une sonnette au coin de la forge annonça l'arrivée du facteur et de la troisième bouteille partagée cette fois en quatre. | ||
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+ | Puis vint l'heure du retour. La dedeuche avait retenu le trajet. Je me souviens être sorti des toilettes du camping en fin d'après midi... | ||
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+ | Mon foie ne me permit pas une deuxième sortie avec Auguste. | ||
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+ | Marie, son épouse, poids lourd s'il en est, était une bavarde intarissable. | ||
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+ | https://www.youtube.com/watch?v=u0H2gVZzdqU | ||
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+ | Elle parlait de sa famille , de son village, de ses vacances précédentes. | ||
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+ | Elle réussit à persuader ma maman de passer quelques jours dans le camping de l'Ile Bouchard. | ||
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+ | Elle voulait apprendre à faire « la soupe au lard » comme dans le nord. | ||
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+ | C'est sur sa terrasse sous une vigne aux belles grappes dorées que nous dégusterons ce plat d'hiver... | ||
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+ | Nous passions des journées tranquilles de repos entrecoupées de repas toujours pantagruéliques. | ||
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+ | Les cochonnailles accompagnaient tous les légumes du jardin d'Auguste . | ||
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+ | Parfois un visiteur sonnait et Marie s'isolait avec un quart d'heure. | ||
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+ | Elle nous laissa entendre qu'elle était guérisseuse et aussi parfois diseuse de bonne aventure... | ||
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+ | Un jour, elle me demanda de lui faire une course chez son fils qui avait reçu un courrier d'un notaire, et qu'elle devait donner son avis. | ||
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+ | Je partis donc un beau matin ensoleillé avec ses bancs de brume qui encensaient la Vienne. | ||
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+ | Puis arrivé sur la route de Chinon, mes mains se mirent à brûler et à vibrer sur mon volant. | ||
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+ | Mon pied sur l'accélérateur devint incontrôlable, à sautiller sans raison. | ||
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+ | Je me mis à transpirer et à avoir la gorge sèche . | ||
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+ | Mes yeux s'embuaient et troublaient ma vision. | ||
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+ | Je freinai comme je le pus et arrêtai ma 2cv sur le bas côté. | ||
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+ | Je sortis pour prendre un peu d'air frais et calmer mes membres qui voulaient se dérober. | ||
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+ | Quatre à cinq minutes plus tard, tout mon corps semblait être redevenu normal. | ||
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+ | Je me posais un tas de questions . | ||
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+ | Est-ce que je couvais une maladie ? | ||
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+ | Aucun excès les jours précédents (…) ne pouvaient me mettre dans cet état. | ||
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+ | La fin du voyage se fit normalement et sans nouvelles indispositions. | ||
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+ | De retour Chez Marie J. , celle-ci me dit avec un sourire « entendu » en regardant ma mère : | ||
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+ | « le voyage s'est bien passé ? Tu n'as pas eu de problème ? » | ||
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+ | Puis s'adressant à ma mère, elle ajouta : « Il ne dira rien, il est bien trop fier, mais il a eu chaud... » | ||
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+ | Marie J. côtoyait aussi la magie noire et ses interventions auprès des fermiers des environs étaient recherchées. La mare au diable n'est pas si loin ! | ||
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+ | Marie J. se tua en tombant des marches de l'église le jour où son petit fils faisait sa communion... | ||
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+ | '''1970 récits de guerre''' | ||
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+ | '''1914 La Guerre de ma grand-mère.''' | ||
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+ | Chaque fois que mes tantes Marie et Julia se retrouvaient chez ma grand-mère, immanquablement les souvenirs de 1914 étaient remués. | ||
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+ | Ce printemps là, elles habitaient rue Jules Guesde, près de la barrière du 16 à l'emplacement du local « PACTE...Pour Agir Contre Toute Exclusion », anciennement une petite | ||
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+ | supérette. | ||
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+ | [[Fichier:MaisonGM.jpg]] | ||
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+ | A l'époque ma grand-mère y tenait un café avec son mari Richard Castelain qui travaillait également à la mine. | ||
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+ | A la déclaration de guerre son époux est mobilisé et elle se retrouve seule avec ses 2 filles de 9 et 7ans. | ||
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+ | -« Les Uhlans arrivent, réquisitionnent le café et nous envoient dans une maison de corons des mines rue d'Alsace près de « Félicienne »( une amie) mère de 2 enfants. | ||
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+ | Dans cette bicoque il n'y a plus de buses au poêle à charbon. | ||
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+ | Je retourne à mon café, et je vois un soldat allemand sortir avec les miennes sous le bras pour sa cuisine roulante. | ||
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+ | Je lui reprends et l'on commence à se battre quand un officier intervient. | ||
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+ | Le soldat explique à son supérieur que je l'ai agressé sans raison... | ||
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+ | C'est à ce moment que je rectifie ses dires car je comprenais et parlais l'allemand... à la maison mon père parlait le flamand, sa langue natale. | ||
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+ | Il partira le lendemain matin pour le front... | ||
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+ | Puis un jour, nous serons pilonnés par les français. | ||
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+ | ''On restera 8 jours, « restaplées » sans secours dans notre cave car les maisons avaient été détruites.'' | ||
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+ | Les allemands décideront ne nous évacuer. | ||
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+ | Nous d'un côté et Félicienne d'un autre. | ||
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+ | [[Fichier:Croix_rouge.jpg]] | ||
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+ | On partira en train à bestiaux pour l'Allemagne, puis la « Croix Rouge Suisse », et on sera confié à la « Croix Rouge Française » qui nous conduira dans les Pyrénées. | ||
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+ | On passera par Pau, Tarbes et on finira dans un petit village. | ||
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+ | Logées avec les bêtes dans l'étable, nous participerons aux travaux de la ferme. | ||
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+ | J'aurai la fièvre typhoïde et on échappera à la grippe espagnole. | ||
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+ | La mère de famille d'Alsace avec nous , et qui n'avait plus de lait le matin, nous racontait qu'une couleuvre la tétait la nuit pendant son sommeil... | ||
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+ | Et puis en 17 j'ai reçu « la lettre ». | ||
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+ | Le Maire du village me l'a apportée...J'étais veuve... « Richard était mort aux chemins des dames »... | ||
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+ | Et puis on est rentré. | ||
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+ | Il n'y avait plus rien. » | ||
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+ | Pourquoi la maison de ma grand-mère a-t-elle été choisie ? | ||
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+ | [[Fichier:Tunnel.jpg]] | ||
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+ | Sans doute parce que la voix ferrée à 10 mètres offraient des possibilités. | ||
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+ | Sa cave sera le point de départ d'un tunnel qui relira le Parc de Rollencourt en passant sous les maisons de la rue G Delbecque ( tunnel qui servait encore en 1970 à la | ||
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+ | supérette à entreposer ses légumes) | ||
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+ | Les récits de ma grand-mère n'ont d'authenticité que sa mémoire... | ||
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+ | '''1973 mars "La pénétrante de Liévin''' | ||
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+ | Nous rentrions cette nuit-là par la forêt de Vimy avec les lièvres qui sautillaient dans les halos des phares de la « dedeuche » qui perçaient la brume. | ||
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+ | La récente journée de repos scolaire du mercredi nous permettrait de récupérer sans problème. | ||
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+ | La sonnerie du réveil avait était mis sur « fermer ». (Maintenant, il faudrait la mettre sur « off »...) | ||
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+ | Rien ne pourrait nous réveiller dans notre chalet au fond du jardin de la rue Henri Martin. | ||
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+ | [[Fichier:pénétrante1.jpg]] avant les travaux... les WC au fond à gauche ! | ||
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+ | Huit heures moins le quart, les enfants dorment, je peux me retourner dans le lit et essayer de retrouver « Morphée ». | ||
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+ | ''Ma conscience « s'inconsciente »...'' | ||
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+ | Je me sens bercer, secouer et franchement ballotter. | ||
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+ | Mon chalet tremble, bouge, craque dans un bruit qui gronde . | ||
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+ | Toute la famille réveillée est debout dans son lit. | ||
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+ | Vite tout le monde dehors dans ce tremblement de terre qui enfle. | ||
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+ | J'ouvre la porte de la maison : il n'y a plus de marches pour sortir mais un trou béant de 40 cm de profond. | ||
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+ | Sur la gauche un scrapper finit d'emporter mes WC et mon mur de clôture. | ||
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+ | [[Fichier:pénétrante2.jpg]] | ||
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+ | Les travaux pour creuser la pénétrante de Liévin et l'implantation de « Rond Point » venaient de commencer. | ||
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+ | J'enfile un pantalon et court à la rencontre du chef de chantier. | ||
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+ | « - Vous m'avez démoli mes WC... comment « je fais » (...) maintenant ? » | ||
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+ | Réunion de chantier... décision... la municipalité va déposer un permis de construire pour des nouvelles « chiottes » | ||
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+ | et... on commence les travaux cet après midi !!! | ||
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+ | Quelques jours plus tard, j'aurai des nouveaux sanitaires...Mais pourquoi ce manque de concertation et de préparation ? | ||
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+ | [[Fichier:pénétrante3.jpg]] [[Fichier:pénétrante4.jpg]] après | ||
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+ | [[Fichier:pénétrante5.jpg]] aujourd'hui | ||
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+ | ''' 1973 La loco vagabonde | ||
+ | ''' | ||
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+ | Ce samedi, Nadine, la cousine de mon épouse, et son mari Frédo, nous avaient invités à souper. | ||
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+ | Jeunes mariés, ils avaient tenu à nous montrer la maison que la SNCF réservée à ses employés. | ||
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+ | [[Fichier:cité.jpg]] | ||
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+ | Située au cœur de la cité des cheminots à Méricourt, elle offrait toutes les commodités pour débuter dans la vie de famille. | ||
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+ | Frédo l'avait aménagée avec goût et simplicité. | ||
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+ | Mais le cousin était surtout fier d'avoir réussi ses examens et d' être maintenant un conducteur de train. | ||
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+ | Il transportait du fret dans toute la région nord. | ||
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+ | Après le souper, avant le petit « dernier pour la route », il nous propose de nous faire visiter son service. | ||
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+ | Son beau père Paul fera parti de l'expédition. Quelques courtes minutes plus tard, nous entrons dans l'immense gare de triage et de maintenance du matériel. | ||
+ | |||
+ | Malgré les 23h30, Frédo salut quelques cheminots qui s'affairent autour et au dessous de machines impressionnantes. | ||
+ | |||
+ | Un « oui » résonne dans ce vaste hangar pour lui confirmer qu'une locomotive électrique parquée le long d'un quai est en état et prête au service. | ||
+ | |||
+ | Nous grimpons dans ce monstre de ferraille pour découvrir qu'un moteur dans une cage grillagée occupe presque la totalité de l'espace | ||
+ | |||
+ | et que les « couloirs » de service sur ses côtés sont plutôt exigus. | ||
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+ | [[Fichier:cabine.jpg]] | ||
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+ | Il nous montre la cabine de pilotage avec son dispositif de « l'homme mort » qui arrête la locomotive dès qu'on lâche un volant double | ||
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+ | et tout un tableau de bord énigmatique pour les profanes que nous sommes. | ||
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+ | Puis, il propose de câbler notre engin au réseau électrique. | ||
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+ | Nous regardons monter le pantographe qui se collera à la caténaire avec un claquement sec aussi inattendu que violent. | ||
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+ | Puis il nous invite à monter dans une locomotive diesel. | ||
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+ | [[Fichier:locol.jpg]] | ||
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+ | A notre grande stupéfaction, il met le moteur en marche, passe sa tête par la portière, donne un ordre, et un immense portail s'ouvre devant nous. | ||
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+ | La loco bouge lentement et s'approche de l'extérieur d'un noir d'encre si ce n'est quelques lumières rouges qui jalonnent les voies. | ||
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+ | Nous voilà maintenant à nous regarder tous les trois. | ||
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+ | Frédo jubilait...Il nous emmenait...mais où ? | ||
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+ | Quelques centaines de mètres plus loin, il ouvre sa portière, saute sur le remblai et court devant les feux de la loco où nous le voyons manœuvrer un aiguillage. | ||
+ | |||
+ | Il remonte dans la loco qui avançait au pas et qui reprend un peu de vitesse. | ||
+ | |||
+ | Plusieurs fois, il se livrera à ce genre d'exercice au cœur d'une nuit noire au milieu d'une forêt que l'on devinait impalpable. | ||
+ | |||
+ | Nous faisions un voyage imprévu dans une locomotive inconnue sur une voie ferrée perdue... | ||
+ | |||
+ | Quelque dizaines de minutes plus tard, le hangar apparaîtra dans notre champ de vision et nous y entrerons lentement, sagement, | ||
+ | |||
+ | pour nous arrêter pile à l'emplacement de notre départ. | ||
+ | |||
+ | De retour au pavillon de la cité, les femmes nous demanderons ce que nous avons fait durant « tout ce temps » ? | ||
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+ | '''« - On est allé faire un tour un train !!! »''' | ||
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+ | Aucune n' a cru à cette réponse en cœur... | ||
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+ | ''''''Le Père Noël du 24 décembre 1974'''''' | ||
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+ | Bélisaire et Joséphine, l’oncle et la tante de mon épouse, nous avaient invité à faire réveillon chez eux rue Théophile Gautier. | ||
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+ | Leur maison sentait des odeurs de fête. Dans l’arrière cuisine sur une petite table, refroidissait une tarte, et sur la cuisinière les marmites lâchaient toutes les senteurs d’un repas qui | ||
+ | |||
+ | s’annonçait excellent. | ||
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+ | Joséphine était bonne cuisinière et s’évertuait à toujours nous surprendre par des recettes dont elle était fière. | ||
+ | |||
+ | Elle avait demandé à Bélisaire de nous préparer son apéritif préféré : | ||
+ | |||
+ | un « alexandra », cocktail dont elle avait sa propre recette : cognac, crème de cacao et lait condensé… | ||
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+ | Bélisaire s’était exécuté et avait préparé les verres sur la table de la salle à manger. | ||
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+ | Seule Joséphine avait remarqué qu’il y avait un verre en trop. | ||
+ | |||
+ | Pierre et Marie , nos enfants, racontaient l’émerveillement des décorations de Noël à la tante qui les écoutait avec un petit sourire aux coins des lèvres. | ||
+ | |||
+ | Des coups à la porte arrêtent les conversations, et l’oncle ouvre la porte :''' LE PERE NOEL !''' | ||
+ | |||
+ | Des yeux se font plus brillants, et notre invité surprise entre dans la salle à manger. | ||
+ | |||
+ | « - Etes-vous sages ? travaillez-vous bien à l’école ?… » Et toutes les questions de circonstances se suivent. | ||
+ | |||
+ | Les cadeaux, la poupée, la voiture, les bonbons…Puis le moment des adieux. | ||
+ | |||
+ | « -Père Noël prenez-vous l’apéro avec nous ? – Non, je ne peux pas, vous savez si je commence, je ne pourrai pas terminer ma distribution… | ||
+ | |||
+ | Mais, après tout, puisque les petits sont gentils…je vais faire une exception… » | ||
+ | |||
+ | Et voilà notre verre supplémentaire utilisé ! | ||
+ | |||
+ | Bélisaire avait dit à Edmond, son voisin, de venir faire le Père Noël quand il aurait vu notre 2CV devant la maison. | ||
+ | |||
+ | Puis, notre invité surprise nous souhaita un bon réveillon et repartit chez les siens… | ||
+ | |||
+ | |||
+ | |||
+ | [[Fichier:catastrophe.jpg]] | ||
+ | |||
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+ | |||
+ | |||
+ | '''A 6h17, le vendredi 27 décembre 1974, Edmond KACZMAREK, notre Père Noël nous quittait avec 41 autres mineurs dans la catastrophe minière de Saint AME… | ||
+ | |||
+ | Adieu Père Noël'''. | ||
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+ | ''''''1976.04.10 Boubou'''''' | ||
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+ | Boubou pourrait faire la soirée. Lorsque j'en parle, ma femme dit : « ne l'écoutez pas, il ne va pas en finir ! » | ||
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+ | C'est vrai que j'avais avec Boubou un sujet plein de rebondissements. | ||
+ | |||
+ | L'histoire commença un samedi à Carvin. Ma femme quittant son travail et traversant le marché pour reprendre sa voiture tomba sur un étal où était vendu un petit bouc de | ||
+ | |||
+ | six semaines... Quelle idée lui passa par la tête ? Elle acheta le petit bouc … | ||
+ | |||
+ | Rentrant à la maison avec ma mère sur les talons, elles arboraient toutes les deux un sourire de connivence. Elles me souhaitèrent une « bonne fête de St Albert » ( en | ||
+ | |||
+ | retard de 8 jours) et m'offrirent un grand carton qui sans tarder lança un « Béééééé » supprimant ainsi toute surprise. | ||
+ | |||
+ | |||
+ | [[Fichier:bouc.jpg]] | ||
+ | |||
+ | |||
+ | Boubou venait de faire son entrée dans la famille. | ||
+ | |||
+ | Il fallut vite lui construire un enclos dans le fond du garage et profitera de l'implantation de « Carrefour » pour brouter les berges de la voix pénétrante de Liévin. | ||
+ | |||
+ | Les week end, il utilisera l'arrière de ma 2CV pour aller pâturer rue Dernoncourt (Fabre d’Églantine). | ||
+ | |||
+ | Dans cette nouvelle maison que je construisais durant mes temps libres, il occupa la salle de bain pour y passer la nuit. | ||
+ | |||
+ | Puis arriva l'automne et « l'appel de la nature ». | ||
+ | |||
+ | Du haut de la rue Théophile Gautier à deux cents mètres, son odeur dénonçait sans erreur où il habitait. Cela lui vaudra d'avoir la visite de gentilles petites chèvres. L'une d'elles est à mettre de côté. | ||
+ | |||
+ | Imaginez la petite chèvre blanche de Monsieur SEGUIN. | ||
+ | |||
+ | Mignonne, frêle, elle était la possession d'un jeune couple de la rue WILLEMAIN. Je ne sais pourquoi ces jeunes mariés avaient décidé de la présenter à Boubou le lendemain de leur mariage. | ||
+ | |||
+ | '''Ce dimanche matin donc, le couple arriva avec le père de la mariée...Elle, en robe blanche de son mariage, l'époux en costume nœud papillon !!!''' | ||
+ | |||
+ | Ils sortirent la chevrette du coffre et la présentèrent à Boubou. Sa tête se leva, il huma l'air et commença un frémissement de sa babine supérieure. | ||
+ | |||
+ | Il avait senti la belle. Je le sortis de l'enclos, le laissa s'approcher et aussi vite sauta sur la pauvrette qui s’étala les quatre pattes en croix. | ||
+ | |||
+ | Un deuxième essai donna le même résultat : la pauvrette ne supportait pas le poids de mon Roméo. | ||
+ | |||
+ | Je suggérai que quelqu'un la maintint pendant que je « canalisais » le barbu. Le marié prit la chevrette entre ses deux jambes et la supporta sous le ventre. | ||
+ | |||
+ | ''Mon Boubou toujours aussi amoureux ressauta sur la belle qui resta debout mais donna un coup de patte... | ||
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+ | qui fit reculer '''le beau qui « ensemença » la jambe droite du superbe costume'''...STUPEUR du marié, mais rien n'était conclu.'' | ||
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+ | Il fallut recommencer l'approche et en moins de trois secondes l'affaire fut dans le sac. La belle avait enfin été honorée dans les règles de l'art. | ||
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+ | Quatre assauts en deux minutes. | ||
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+ | Cela vaudra cette réflexion qui raisonne encore dans mes oreilles de la part du beau père à son gendre : | ||
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+ | ''' « PRIN D'EL GRAINE MIN TCHO » (sous les joues rougissantes de la mariée).''' | ||
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+ | ''''''1977 La soirée extraordinaire.'''''' | ||
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+ | Nous avions coutume, avec mon épouse, de passer dire un petit bonsoir à la tante Elisabeth L. | ||
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+ | Elle avait tenu un café aux « Marionnettes » rue de Cracovie : « Le Rendez-Vous des Chasseurs » ( et quels chasseurs !) | ||
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+ | Mais elle tenait maintenant la guinguette de Vimy, rue Sadi Carnot. | ||
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+ | En cet fin d’après midi , nous constations qu’elle avait un problème. | ||
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+ | Depuis plusieurs années elle avait comme pensionnaire Martin K.. Il avait appris le matin le décès de sa sœur. | ||
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+ | Tante Elisabeth, occupée par des ouvriers qui faisaient de menus travaux, ne pouvait pas conduire Martin revoir sa sœur avant la mise en bière. | ||
+ | Elle me demanda donc si je ne pouvais pas la remplacer. | ||
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+ | Et nous voilà parti, Martin et moi, pour la cité du Tonkin à Meurchin. | ||
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+ | [[Fichier:Martin.jpg]] Martin à gauche | ||
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+ | Ce service ne me plaisait pas beaucoup, n’ayant jamais vu de mort à ce jour…Mais… | ||
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+ | Une femme blonde en pull blanc et jeans, aussi moulant l’un que l’autre, nous ouvrit et accueillit. | ||
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+ | C’était une nièce de Martin, une fille de la morte. Après l’accolade sur le pas de la porte, nous entrâmes. | ||
+ | |||
+ | Dans la salle de séjour, la morte était allongée sur le divan, en chemise de nuit , pantoufles aux pieds, un mouchoir sur le visage, un chapelet entre les mains jointes… | ||
+ | |||
+ | Martin se mit à genou, enleva le mouchoir et embrassa sa sœur avec tout l’enthousiasme de ceux qui ont vécu durement dans la cité des Garennes à Liévin et que la mort ne semble pas pouvoir séparer. | ||
+ | |||
+ | Plusieurs minutes d’émotion et de larmes. | ||
+ | |||
+ | Puis chacun s’assit autour de la table de la salle à manger et la nièce nous versa un verre qui viendrait compléter la vaisselle déjà sale. | ||
+ | |||
+ | 3 ou 4 litres de vin vides, et une dizaine de canettes tenaient compagnie à quelques petites assiettes qui avaient dû contenir des biscuits. | ||
+ | |||
+ | Martin demanda les nouvelles de circonstances : comment, quand, a-t-elle souffert ? | ||
+ | |||
+ | Puis vinrent les questions plus inattendues : depuis quand es-tu sortie de prison ? | ||
+ | |||
+ | (Elle avait tué son mari d’un coup de couteau, un soir où il la battait comme à son habitude….) | ||
+ | |||
+ | Mère de huit enfants, elle avait « tout » pour ne pas le faire savoir : taille, allure, silhouette. | ||
+ | |||
+ | Puis des coups à la porte annoncèrent de nouvelles visites. La morte ayant de nombreux enfants, petits enfants et arrières petits enfants, nous nous retrouvâmes bientôt une bonne vingtaine, voire trente. | ||
+ | |||
+ | La bière et le vin accueillaient à chaque fois les arrivants. | ||
+ | |||
+ | Martin retrouvait ainsi, des frères, des sœurs, des neveux et des nièces perdus de vue. | ||
+ | |||
+ | Il arrosait d’un verre de rouge chaque souvenir. | ||
+ | |||
+ | Les tout-petits avaient pris place à côté de « mamie » sur le canapé. Ils comptaient les perles du chapelet, lui faisaient des baisers, lui caressaient les mains. | ||
+ | |||
+ | '''Elle n’était plus morte, elle dormait au milieu de sa famille.''' | ||
+ | |||
+ | Puis la mémoire polonaise reprenant le dessus, Martin se risqua à fredonner faiblement une chanson de leur jeunesse. | ||
+ | |||
+ | Ecouté avec émotion, il arracha des uns et des autres quelques mots de leur chanson. | ||
+ | |||
+ | Puis, le murmure pris de l’assurance, et les chansons de leur folklore bercèrent « la Mamie endormie ». | ||
+ | |||
+ | De la jeunesse on passa tout naturellement à l’adolescence, aux bals, aux chansons qui font l’âme polonaise. | ||
+ | |||
+ | Martin, debout, retrouvant sa jeunesse, emmena sa nièce dans quelques pas de danse dans les accents des chants slaves. | ||
+ | |||
+ | '''Seuls les petits enfants « s’occupaient » encore de leur Mamie.''' | ||
+ | |||
+ | Les adultes, sautant d’une d’anecdote à l’autre, d’un souvenir à un problème du lendemain, enfumaient tant la pièce que l’ambiance devenait londonienne par jour de brouillard. | ||
+ | |||
+ | Il fallait maintenant se quitter et rentrer à Vimy…Puis, ayant déposé Martin qui avait déjà commencé sa nuit durant le retour, avec mon épouse et les enfants, nous rentrâmes à Liévin en passant par le monument canadien. | ||
+ | |||
+ | Dans les phares de la 2 CV galopaient des dizaines de lapins…mais ''nul « képis » ouf !!!'' | ||
+ | |||
+ | Seul, le cinéaste espagnol Luis Bunel aurait pu imaginer et réaliser le film de cette soirée. | ||
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+ | Paix éternelle à Mamie… | ||
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+ | '''''' Épisode n° 8 Le truc de Mamie''' | ||
+ | ''' | ||
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+ | 1977 Le Directeur Général des télécommunications, M. THERY, propose au gouvernement un grand plan de développement : « le téléphone pour tous. » | ||
+ | |||
+ | Auparavant il fallait s'armer de patience et attendre des mois voire des années pour obtenir le précieux appareil. | ||
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+ | Ce plan ramène les délais à moins de 6 mois. Je pose donc une demande et vois arriver les deux installateurs 4 mois plus tard. | ||
+ | |||
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+ | |||
+ | [[Fichier:Téléphone.jpg]] Ne vous moquez pas ! | ||
+ | |||
+ | |||
+ | J'avais prévu une gaine enterrée du pylône sur la rue au domicile sur environ 45 mètres. | ||
+ | |||
+ | Pendant que le premier perce un mur du couloir pour mettre une prise, le second déroule une bobine de fil sur la rue et accroche une extrémité à mon « tire-fil ». | ||
+ | |||
+ | Mes deux techniciens entreprennent maintenant de tirer le câble. | ||
+ | |||
+ | Celui-ci avance de 4 ou 5 mètres puis résiste... | ||
+ | |||
+ | '''Mon costaud dans le couloir y met toutes ses forces et...casse mon tire-fil qu'il sort intégralement'''. | ||
+ | |||
+ | Je le regarde bouche ouverte. | ||
+ | |||
+ | Avec un naturel à vous ouvrir une boîte de thon, d'un sourire il me dit : | ||
+ | |||
+ | « - Vous repassez un tire-fil plus fort et vous nous rappelez !... » | ||
+ | |||
+ | ''Sous terre, 45 mètres, 2 coudes à angle droit ,qui peut passer un fil ?'' | ||
+ | |||
+ | Je m'assois, abasourdi par le travail que j'entrevois. | ||
+ | |||
+ | C'est à cette instant que ma mère, qui buvait une tasse de café dans la salle de séjour, me dit d'un air finaud : « c'est pas difficile !!! » | ||
+ | |||
+ | Je l'aurais avalée tout cru. | ||
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+ | Elle insiste et dit à mon épouse : | ||
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+ | « -Donnez moi une bobine de fil. | ||
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+ | [[Fichier:Bouchon.jpg]] | ||
+ | |||
+ | |||
+ | Comment tu vas faire passer le fil dans la gaine... ( Les mots qui me viennent à la bouche ne peuvent pas être entendus par les enfants.) | ||
+ | |||
+ | Découpe un bout de bouchon et fixe le au fil... | ||
+ | |||
+ | Après tu le fais descendre dans la gaine et tu le pousses avec un jet d'eau... | ||
+ | |||
+ | l'eau va entraîner le bouchon qui tirera le fil et tu vas le récupérer à l'autre extrémité. | ||
+ | |||
+ | Après tu tires un autre fil plus costaud... jusqu'à un fil de fer !!! | ||
+ | |||
+ | '''CQFD''''' | ||
+ | |||
+ | 15 minutes plus tard, un nouveau tire-fil était utilisable. | ||
+ | |||
+ | Je me demande si j'ai hérité de ce savoir faire... |